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Citations sur Monastère (10)

La solennité, entre inconnus, a tout de la farce.
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Il y a des pensées qui sautent, sombres et visqueuses, comme des grenouilles.
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Il est parfois facile de confondre beauté et jeunesse.
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Ma sœur, si jeune et si belle, ne portait plus que des tuniques amples et longues, d'un seul tenant, qui ne laissaient rien voir de ses épaules, de son cou ou de ses bras, encore moins de ses jambes. Comme si elle avait été prisonnière d'un uniforme. Comme si on pouvait mettre la tentation à l'abri sous une robe ample et une perruque.
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ça m'a traversé l'esprit, en voyant mon frère dressé devant tous les bâtiments gris du Kiryat Mattersdorf, que ce discours sur le judaïsme que l'on porte dans le sang, que ce discours sur le judaïsme non comme religion mais comme génétique, avait des relents hitlériens.
Il y a des pensées qui sautent, sombres et visqueuses, comme des grenouilles.
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Il y a des mots qui soudain ne veulent plus rien dire.
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J'ai baissé la vitre de la Citroën et, jetant mon mégot dehors, j'ai songé que les pirouettes des gens étaient toujours incompréhensibles. Puis de façon étrange, je me suis dit que je ne devais pas oublier cette scène, que je devais m'efforcer de me rappeler la scène de la fillette marchant sur sa tête sur un trottoir de Jérusalem, les jambes à l'air à Jérusalem, les jambes en l'air au milieu d'une foule d'israéliens ; que je devais chercher le détail le plus beau et en faire une photo mentale, une photo d'aveugle ; et qu'un jour je comprendrais pourquoi. J'ai fermé les yeux, comme imitant le vieux photographe, comme si cela suffisait, comme si mes paupières étaient l'obturateur et que je n'avais qu'à les cligner pour que l'image se fixe.
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J'ai marché encore. Déambulé dans des rues étroites et poussiéreuses, de grandes avenues marchandes, côtoyant des vendeurs de figues et de dattes, des vendeurs de shawarma, des vendeurs de fallafels, longeant trop de boutiques avec des cochonneries pour trop de touristes. Au bout d'un moment je suis arrivé à des escaliers qui descendaient vers une place immense, animée, pleine de gens massés dans un coin. J'ai reconnu le Mur des Lamentations. Le Kotel, en hébreu. J'ai senti un léger vertige et me suis assis sur une marche pour observer d'en haut cet essaim qu'était la place.
J'ai allumé une cigarette. Tout en fumant, j'ai essayé de me rappeler l'histoire de ce pan de mur si solennel et si biblique, cet ultime vestige du temple des Juifs, de mes ancêtres. Il ne me revenait que la chanson de The Cure.
En me levant, fredonnant encore le thème de la flûte de Robert Smith, j'ai écrasé ma cigarette sur la marche d'argile, et je suis descendu.
J'ai aussitôt été harcelé par des Juifs orthodoxes vêtus de longs manteaux noirs, de costumes noirs, de chapeaux noirs. Des rabbins peut-être. Ils me saisissaient par le bras en me tirant à eux, ils me proposaient je ne sais quoi en hébreu ou en anglais. L'un après l'autre. Me traquant. Me cernant, comme les vautours de la chanson. Je suis passé à côté d'un type à genou qui demandait la charité. Un autre type semblait crier contre la ville entière, avec fureur et peut-être même des larmes, dans un anglais méthodiste, au fort accent sudiste. Veuve, lui criait-il. Esclave, lui criait-il. Asservie, lui criait-il. Tu gis seule parmi tant de gens, lui criait-il avec encore plus de fureur, mais en me regardant maintenant comme si j'avais été responsable ou coupable de son angoisse, alors j'ai pressé le pas entre rabbins, prédicateurs, touristes et soldats, et suis enfin arrivé au mur. J'ai vu des gens prier à voix haute, d'autres prier en silence, prier en se balançant, prier cachés sous un grand châle blanc (talith en hébreu), prier avec des petits boîtiers noirs sur le front et des lanières noires enroulées sur leur avant-bras (téfilines en hébreu). J'ai vu des gens prendre le mur en photo, des gens l'embrasser, des gens glisser des petits papiers pliés dans les crevasses et les rainures. J'ai vu les touffes d'herbe qui poussaient tout le long du mur : sèches, maigres, fanées. Il m'est venu à l'esprit, en voyant tout cela, que jamais le nom du mur n'avait été plus approprié.
Je me suis approché. J'ai tendu la main discrètement, prudemment, comme si je faisais une chose interdite, et je l'ai touché. Je voulais sentir quelque chose, peu importe quoi, un truc. Je n'ai senti que de la pierre.

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Ah, ma sœur, ais-je commencé à lui dire mais je me suis tu au milieu de la phrase, pour réfléchir, pour sentir, pour trouver le mot juste. Ma sœur est la plus intrépide, aurais-je pu lui dire. Ma sœur est plus éthérée, aurais-je pu lui dire, mais éthérée comme le mercure, éthérée comme une feuille sèche dans la brise, éthérée dans ces petits gestes, faire craquer ses articulations et passer sa langue sur sa lèvre supérieure, qui ne signifient rien et en même temps disent tout.
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Et ainsi va la vie, n'est-ce pas ? ai-je dit à Tamara, qui me regardait d'un œil sévère, presque triste. Chacun décide du moyen de sauver sa peau, lui ai-je dit. Peu importe que ce soit une doctrine fondamentaliste, une série de fables et d'allégories, un livre de règles, de normes et d'interdictions, un déguisement de bûcheron polonais, de soldat allemand, de fillette catholique ou de Juif orthodoxe, ou un mensonge lâche et rêvé dans un avions. Chacun choisit ce qui a le plus de sens, ce qui fait le moins mal. Tamara me regardait plus triste que jamais. Même si tout ça, ce ne sont que des mensonges, lui ai-je dit. Et que chacun croit à son mensonge, lui ai-je dit. Chacun se raccroche à ce qui l'arrange, lui ai-je dit. Chacun endosse le rôle du déguisement qui lui sied le mieux, lui ai-je dit. Mais ça ne sert à rien. En fin de compte, personne n'en sort indemne.
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