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4,08

sur 65 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La narratrice de kivousavé grandit dans un univers délétère, entre sa grand-mère acariâtre et humiliante, et son père dominé par cette grand-mère. Sans sa mère – « qui vous savez », chuchotent sa grand-mère et ses amies.⠀

C'est une victime qui n'est jamais déclarée victime par personne. C'est en elle-même qu'elle trouve les ressources pour faire face à l'absence de kivousavé et au mystère qui entoure sa disparition, et pour prendre sa vie en main. Ce roman a été publié une première fois il y a 25 ans, et je me demande s'il serait passé aujourd'hui, compte tenu de la réaction des adultes aux maltraitances que cette petite fille subit (lorsqu'elle réussit à les confier).⠀
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Pourtant, c'est peut-être justement pour ça qu'il est important qu'il soit republié aujourd'hui. Il n'enlève rien au fait qu'il faut dénoncer les maltraitances faites aux enfants et punir leurs bourreaux autrement qu'en comptant sur les tourments de leur conscience : le simple fait qu'il existe est une dénonciation. Mais il parle d'autre chose : la possibilité, quand l'autre n'est pas là, quand l'autre manque, quand cette absence est intolérable, de le recréer dans un dialogue sur le papier et de s'appuyer quand même sur lui. La possibilité, réussie, de s'appuyer sur l'écriture, sur des mécanismes qui sont ceux de la fiction (puisque la narratrice invente la mère dont on l'a privée) pour combler une faille de la réalité. Ce n'est pas la fiction qui puise dans la réalité : c'est la réalité qui change grâce à la fiction.⠀
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Ainsi, je suis frappée par la mise en scène du double sens du terme "roman" : kivousavé est un roman ; mais c'est aussi le roman familial (au sens de Freud : les parents qu'on s'imagine pour pallier la déception des parents qu'on a) que se donne une fillette pour inventer son destin, casser une chaîne de transmission de traumatismes, être actrice de sa vie plutôt que victime. C'est donc un roman sur la puissance extraordinaire de l'écriture : sans l'écriture, les traumatismes et leur transmission intergénérationnelle écrivent littéralement une histoire toxique dans le corps d'un adulte en devenir ; avec l'écriture, ils sont déviés sur le papier.⠀
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Mais c'est aussi une fantastique histoire qui se dévore en quelques heures d'insomnie (la fatigue m'a obligée à le lâcher, mais mon esprit m'a réveillée pour le terminer avant la fin de la nuit). Un roman qui me fait mieux comprendre la genèse de Ce que je sais d'elle, aussi, avec lequel il partage cette manière de donner le premier rôle à un personnage que nous ne verrons jamais... mais sur lequel nous saurons tout. Allez, je vous le dis : tout - mais à la dernière page !
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"Elle a cru me faire de la peine. Elle a plissé les yeux, glissé sa langue entre ses dents avant de me le dire, ma pauvre fille, ne prends pas tes airs d'orpheline, avec moi ça ne marche pas; ta mère, elle n'est pas morte comme tu le crois. Elle est partie quand tu avais deux ans. Tu te demandes pourquoi? C'est son cul qui la démangeait. Une pute, ta mère. C'était une pute. Voilà la vérité. "

L'incipit, à défaut d'énoncer une vérité intangible, donne la couleur de l'atmosphère toxique dans laquelle grandit la narratrice, une lumineuse gamine de 11 ans, élevée par une grand-mère mal-aimante, castratrice, égocentrique, menteuse qu'elle déteste et un père faible et lâche qu'elle aime mais dont elle va se méfier lorsque son corps va se transformer.
La révélation de la Vieille ainsi qu'elle l'appelle, aurait pu l'anéantir, elle va au contraire être un moteur de résilience. Car elle n'a plus qu'une idée en tête, sa mère est vivante, elle va la retrouver et comprendre pourquoi elle est partie en l'abandonnant. Elle va alors, tout en enquêtant patiemment, commencer à lui écrire une longue lettre, sorte de journal intime qui permet au lecteur de vivre avec elle ses espoirs, ses questions, toute son adolescence jusqu'à ses 18 ans et qu'elle trouve enfin des réponses.

Elle est intelligente, opiniâtre, terriblement attachante et pour être digne d'une mère qu'elle idéalise, elle va repousser ses limites. Sur son chemin, il y aura des gens qui, chacun à leur façon, seront des tuteurs de résilience et lui permettront de grandir malgré l'absence de la mère, de se construire sur cette absence. On n'a qu'une envie malgré ses provocations et son intransigeance ( et Dieu sait que je ne suis pas toujours à l'aise avec les personnages adolescents), c'est de la prendre dans les bras et de lui dire, tu vas y arriver, tu es incroyablement forte et ta mère serait fière de toi.

Le roman est remarquablement articulé autour d'un secret de famille que la narratrice n'aura de cesse de découvrir. L'écriture fluide et limpide évolue au fil du temps, traduisant de façon crédible et juste les questionnements un peu brouillons de la fillette, ceux révoltés de l'adolescente, puis ceux plus complexes de la toute jeune femme.

C'est vif, drôle, caustique, tendre, poignant. L'autrice livre avec ce premier roman maitrisé de bout en bout un roman fort, absolument réussi et passionnant, difficile à lâcher. Un bijou finaliste du Grand prix des lectrices de Elle en 1995, qui a reçu de nombreux prix et vient d'être réédité par les Éditions d'Avallon, à (re-)découvrir absolument ! Si vous avez aimé ses autres romans, Cannibale blues, Green.com ou encore Ce que je sais d'elle, vous retrouverez dans un univers encore différent, toutes les qualités de l'écriture de Béatrice, tout est là déjà dans ce premier roman. ❤
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attention talent
kivousave c est l histoire de l enfance cabossée , c est une ado qui traine son mal être et ne réussit pas à devenir adulte. entre une grand mère acariâtre et un père faible elle essaie de panser ses blessures.
l incipit du roman est un modèle du genre et des la première page , on sait qu on ne le lâchera plus!!
on se laisse porter par cette ado, malmenée par la vie, on se retrouve parfois en elle,
une écriture éblouissante qui ne laisse pas le temps de souffler.
un roman comme on en voudrait plus souvent
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D'emblée, on est scotché à l'histoire de cette adolescente en quête de sa mère et de son identité... Dans son cahier, écrit à la 1ère personne, elle s'adresse à sa mère, lui livrant pêle-mêle son quotidien : les tortures morales de la Vieille, la lâcheté de son père qui finit toujours par se ranger à l'avis de sa mère ; mais aussi l'avancée de sa quête de "kivousavé", sa volonté de comprendre ce qui a fait qu'elle l'a abandonnée - malgré les silences obstinés des uns et des autres ; et surtout, sa persévérance à sortir de ce milieu familial qui l'étouffe. Un très beau roman, très intense, dur mais jamais désespéré - le roman d'une adolescente que l'on voit devenir femme au fil des pages.
Lien : http://www.takalirsa.fr/kivo..
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J'ai adoré cette histoire qui pour moi a été un énorme coup de coeur. On suit la vie de la narratrice (dont on ne connaît jamais le nom) entre ses 12 et ses 17 ans, sa révolte contre la faiblesse de son père, la dureté de sa grand-mère, et son idéalisation de sa mère dont elle a appris qu'elle était encore vivante. Tout est juste et terriblement émouvant.
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kivousavé
@beatricehammer
@editionsdavallon

Une lecture très lourde, forte en émotions, à travers la narratrice qui n'est qu'une petite fille, préadolescente. On ne connait pas son prénom.
Elle nous partage tout, son intimité, ses secrets, ses ressentis. Elle vit avec une grand mère horrible, mauvaise, acariâtre qui ne lui montre aucun amour, toujours à la dénigrer, lui interdire tous ce qu'elle apprécie...et son père sous les ordres de cette grand mère qui contrôle toute leur vie. Un papa qui est tout pour elle, car on lui a dit que sa maman était morte, sa mère n'est rien d'autre qu'une pute aux yeux de sa grand mère, elle ne se gêne pas pour lui rappeler quotidiennement...


Un roman qui fait penser à un journal intime avec des mots d'enfants, un manque maternel, une interdiction de demander quoi que ce soit sur sa maman. Sa grand mère lui fait comprendre vers ses 12 ans qu'en fait sa maman n'est pas morte, mais qu'elle l'a tout simplement abandonné...
Depuis elle rêve de retrouver sa maman, savoir, chercher, mais à chaque fois on refuse de lui en dire plus. Elle grandit dans l'espoir de peut être apprendre quelque chose.
Et son père qui était un vrai héro pour elle, devient un minable, un homme pathétique, toujours sous les ordres de cette grand mère autoritaire.

Notre jeune narratrice va peu à peu s'émanciper avec son écriture, ses rêves et son caractère. Elle va elle même trouver une certaine liberté, loin du rabaissement, des coups bas de cette vieille femme.
Elle arrive grâce à ses quelques amis et son professeur de maths à avancer.

Des moments bien difficiles pour notre jeune fille, des gestes très déplacer de son père ,meme incestueux, mais une force incroyable de sa part pour sa liberté, un combat pour son avenir, un dégoût prononcé pour ses 2 parents avec qui elle vit.
Un roman noir pour moi, très bien écrit, je découvre l'autrice sa plume qui vous prend aux tripes. Très dense, impossible à lâcher, une force féminine qui évolue au fil des pages.
Je vous le conseille fortement.

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Quelle claque. Je viens seulement de découvrir cette pépite, publiée pour la première fois dans les années 90. Cela faisait longtemps qu'on roman ne m'avait pas autant remuée. Une fois commencé, impossible de le lâcher. Bien que le roman ait près de 30 ans, il n'a pas pris une ride, tant le message contenu est universel, et les thèmes traités plus que jamais d'actualité. Béatrice Hammer aborde avec énormément de finesse et de sensibilité des thèmes délicats tels que la découverte de la sexualité par une très jeune fille, l'IVG, l'agression sexuelle ou encore le poids de l'héritage familial. Une réussite, de la première à la dernière page.
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La jeune narratrice de kivousavé ne connaît pas ce qu'on pourrait appeler une enfance heureuse, entre un père fuyant qui s'accroche aux jupons de sa mère, une grand-mère malveillante où chacun des mots qui franchit ses dents n'est que reproches ou provocations. Une enfance sans mère. Sa mère c'est "qui-vous-savez" dans la bouche de sa grand-mère à l'heure du thé qu'elle partage avec ses amies. Alors l'enfant décide d'écrire à kivousavé, dans un carnet mi-lettre mi-journal et surtout de chercher à la connaître.
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Je ne vous explique pas comment psychologiquement ce fut dur à chaque phrase qui faisait allusion à la mère disparue au début de ma lecture. Mon cerveau trop habitué à lire du Rowling avait furieusement envie de prononcer Vous-savez-qui et l'image blafarde du sans nez s'imposait systématiquement. Un défi psychologique je vous jure, tant d'années d'endoctrinement ne peuvent s'oublier en quelques pages 😏. Heureusement, le livre est long et j'ai fini par m'habituer à kivousavé sans me parasiter toute ma lecture.
Et quelle lecture ! J'ai adoré découvrir la plume de Béatrice Hammer avec "Ce que je sais d'elle" dans un style décalé, eh bien on n'est de nouveau pas déçu avec kivousavé. On sort encore des sentiers battus de la narration classique avec un format intimiste et particulier. Béatrice Hammer nous offre là une longue lettre de la taille d'un gros carnet d'écriture qui renferme plusieurs années d'une vie guidée par le mépris. L'autrice a l'art de créer des personnages d'une grande complexité, très loin de la mièvrerie, toujours plein d'ambivalence. C'est un régal de plonger dans un univers si nuancé, si plein d'une vraie vie qu'on voit plus rarement dans les publications aujourd'hui. J'ai savouré cette lecture puissante du début à la fin, merci les Éditions d'Avallon pour ce service presse incroyablement fort, comme toujours !
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C'est un très beau récit que celui de cette enfant qui écrit chaque jour à celle qui lui manque tant, kivousavé.
Celle qui l'a laissé dans les griffes d'un père trop lâche et faible et d'une grand-mère acariâtre et calculatrice. Dans cette ambiance cette jeune fille va grandir, découvrir les secrets de famille, les non-dits.

Quel roman !
Ici l'auteure m'a directement embarqué dans cette histoire,un comte moderne, où l'on découvre une enfant pleine de vie, de questionnements, d'espoir et de doutes. Qui au fil des pages souhaite découvrir la vérité, comprendre, pardonner et se sauver de cette lourde ambiance.

J'ai été très contente d'avoir la chance de lire ce roman et de retrouver la plume de Béatrice Hammer.

C'est direct, tranchant parfois, émouvant, on s'attache à cette fillette et l'on tourne les pages, absorbé par ce récit.

Je remercie les éditions d'Avallon, pour l'envoi de ce service de presse.
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J'ai énormément aimé ce roman qui nous fait partager l'adolescence d'une jeune fille, entre le moment où elle apprend que sa mère n'est pas morte, mais l'a abandonnée, et le moment où elle a compris ce qui s'était passé. C'est une lecture à la fois très prenante et très émouvante, un livre d'où on ressort plein d'énergie et d'espoir, malgré la dureté de certains passages.
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