Comme tout autre pays totalitaire, la Russie souffre depuis des siècles de complexe d'infériorité.
Le monde dansait une ronde. C'étaient les squelettes, sous la terre, qui donnaient le rythme. Il ne poussait plus que des roses noires. Tous les chemins semblaient des ponts suspendus, branlants, prêts à s'effondrer à tout moment. Même la neige prenait une teinte bleuâtre. Le ciel était criblé de trous.
Il n'y aura pas de révolution en Allemagne, à cause du panneau "Interdit de marcher sur la pelouse ".
Lénine.
Andro se consolait dans les livres, qui semblaient être un pont avec sa mère. Elle lui avait toujours fait la lecture, lui parlant de la littérature comme d'une " ancre dans la mer noire de la vie". Il voulait se sentir proche d'elle, il voulait qu'elle sache qu'il ne la décevrait pas et se mit à lire de façon obsessionnelle.
La Géorgie déclara son indépendance et rétablit l’Acte de restauration de l’indépendance de 1918. Le drapeau géorgien flottait au-dessus du palais du gouvernement (rebaptisé « maison du Parlement ») et un nouvel hymne national fut créé. Nous étions dorénavant libres, personne n’ayant cependant l’air de savoir précisément ce que signifiait « être libre ». Les multiples manifestations, les émeutes, les débordements politiques et les débats parlementaires fougueux mirent un terme à ce calme et, au bout de sept mois seulement, la garde nationale et la Mkhedrioni fomentèrent le putsch contre Gamsakhourdia.
Les parents ne comprenaient plus leurs enfants. Ils ne comprenaient pas que ces jeunes qui n'avaient jamais manqué de rien s'engagent tout à coup pour les syndicats et les ouvriers. Qu'ils ne prennent pas au sérieux leur identité nationale et traînent leurs valeurs dans la boue, qu'ils descendent dans la rue pour défendre le droit des femmes et lutter contre l'armée. Ils ne croyaient quand même pas sérieusement qu'ils allaient ramener la paix dans le monde avec quelques fleurs tressées dans leurs cheveux, leurs joints et leurs ridicules foulards en batik !
Je dois ces lignes à une infinité de larmes versées, je me dois ces lignes à moi, qui ai quitté le pays natal pour me trouver et finalement me perdre encore plus ; mais surtout, c'est à toi, Brilka, que je dois ces lignes.
Je te les dois parce que tu mérites la huitième vie. Parce qu'on dit que le chiffre huit est égal à l’infini , au fleuve de l'éternel retour. Je t'offre mon huit.
Nous sommes liées par un siècle. Un siècle rouge. A tout jamais, plus huit. C'est ton tour, Brilka. J'ai adopté ton coeur et catapulté le mien au loin. Accepte mon huit.
Oui, jadis, je me suis cramponné à l'illusion que les mots pouvaient changer les choses. Que tout dire, tout exprimer pouvait faciliter les choses.
Elene et son père étaient installés devant leur téléviseur Record, dans la partie orientale du monde, tandis qu'Amy et Kitty étaient assises devant leur téléviseur Rafena dans la partie occidentale, et tous étaient captivés par l'image d'un homme aimable dans son imposante combinaison de cosmonaute, qui montait dans une fusée à Tiouratam et agitait la main en criant : "C'est parti ! Au revoir, à bientôt les amis !". Le vaisseau spatial s'appelait Vostok 1 et l'homme aimable et tranquille, Gagarine. Lorsque peu après neuf heures ce matin d'avril, les propulseurs furent lancés, les Américains soupirèrent et les Russes jubilèrent. Au début de cette toute première révolution autour de la Terre, tous retinrent néanmoins leur souffle en entendant Gagarine s'écrier :"Je vois la Terre ! Quelle beauté !".
Et si tu ne sais pas qui tu es, choisis la plus impossible parmi toutes les possibilités de ton toi et deviens là.