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Première incursion dans l'oeuvre de Thomas Hardy, célèbre écrivain britannique de la fin du XIXème siècle.
Jude l'obscur est un drame d'une profonde noirceur qui se déroule dans une province rurale du Sud-Ouest de l'Angleterre, le Wessex, région fictive créée par l'auteur. Il en décrit les paysages mais se concentre essentiellement, en tant qu'ancien architecte, sur les villes et les villages, leurs bâtiments et monuments principaux, ainsi que sur les chemins de fer qui les relient en cette période de révolution industrielle.
Le décor est planté. Y évoluent quatre acteurs principaux, deux hommes et deux femmes : Jude, orphelin que l'on suit dès l'enfance, Phillotson son ancien instituteur, Arabella, qu'il épouse très jeune et dont il divorce rapidement, et Sue, sa cousine qu'il aime mais qui se marie sans l'aimer avec Phillotson.
Autour d'un fil conducteur consacré à l'amour passionnel et empêché entre Jude et Sue, Thomas Hardy nous offre deux magnifiques et subtils portraits. Celui de Jude, jeune homme pauvre, travailleur, idéaliste, naïf, nourrissant l'ambition de suivre des études dans une ville qui ressemble à Oxford, de devenir enseignant puis pasteur, et qui devra se contenter d'être tailleur de pierre et de restaurer des églises. Jude est droit, valeureux, loyal mais ses différentes tentatives sont vouées à l'échec.
Et celui de Sue, le plus fouillé et le plus intéressant. Jeune femme libre, intelligente et indépendante, mais également pétrie de contradictions et d'ambivalence, Sue est tiraillée entre deux hommes, Phillotson l'instituteur de vingt ans plus âgé qu'elle, et son cousin qui l'attire, sans connaître exactement la nature de son sentiment.
Sue incarne la modernité, dans une société victorienne corsetée qui subit le poids des conventions sociales, de la morale et de la religion.
Les deux amoureux se retrouveront enfin mais leurs psychologies complexes faites de droiture, de doutes, de culpabilité, de sens du sacrifice, et les malheurs qu'ils traverseront, condamneront leur union.
En faisant dire à l'un de ses protagonistes qu'ils ont cinquante d'avance, Thomas Hardy, se doute que son livre aux accents féministes et anticléricaux, déclenchera un scandale et des réactions de haine et de rejet.
Après avoir livré cette véritable tragédie antique, aux personnages marqués par le destin et l'échec, l'écrivain se retirera et se consacrera exclusivement à la poésie.

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Je comprends qu'on ait pu critiquer Thomas Hardy, en son temps, pour sa noirceur! Thomas l'Obscur est un roman clairement désespéré, oscillant entre élans idéalistes et confrontations à la réalité.
Jude et sa cousine, Sue, sont tous deux des êtres rêvant d'absolu et refusant de se plier aux contraintes sociétales, en particulier celles du mariage. Cependant, Sue souffre de devoir se battre contre les regards et se comporte de manière sans cesse contradictoire que Jude s'efforce de respecter. Jude en particulier est un personnage magnifique, porteur de belles valeurs qui malheureusement l'entraîneront inexorablement vers la misère totale. On aurait envie de lui tendre la main, de lui dire de ne pas abandonner tout ce qui fait sa beauté mais Thomas Hardy ne cède pas pour pouvoir aller au bout de ses propos.
Il est clair que jusqu'à ces dernières décennies, le mariage était encore une institution incontournable en Europe, et n'est toujours pas loin de l'être dans d'autres contrées. Plus généralement, c'est le choix ardu de suivre ses idéaux quitte à aller à l'encontre de la société qui est évoqué ici et qui peut demander d'énormes sacrifices.
Le monde de Hardy est loin de l'aristocratie anglaise du 19ème siècle si souvent prise comme décor et ici, les personnages se déplacent en train ou à pied, fréquentent les bas-fonds et luttent pour survivre. J'ai aimé cet univers inhabituel pour moi, parallèle à celui de Zola temporellement.
Un beau roman désespéré.
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J'ai découvert le talent de Thomas Hardy grâce à la lecture de « Loin de la foule déchainée ». Suite à cette lecture, je me suis juré de continuer à découvrir son oeuvre. Depuis, j'ai certes plusieurs titres de cet auteur dans ma PAL, mais hélas, je suis une lectrice très dispersée. Et les journées sont bien trop courtes, il faut le dire. Bon, c'est vous dire qu'il était plus que temps que je me lance dans la découverte de Jude l'Obscur.

J'ai lu ce livre très rapidement, car j'avoue avoir profité du mauvais temps pour cocooner et me consacrer à cette lecture fort prenante. J'ai eu beaucoup de peine à lâcher mon livre tant cette lecture était addictive.
J'en ressors assez marquée, car l'histoire m'a touchée par son côté sombre et tourmenté. Il m'a fallu toute la soirée de hier pour m'en remettre. Je savais que ce livre ne serait pas aussi pétillant que « Loin de la foule déchainée », mais je ne pensais pas être autant happée par le récit. Je crois bien que ce livre n'est pas à lire les jours de grande déprime…

J'ai retrouvé avec plaisir la plume plus que talentueuse de Thomas Hardy. Ses descriptions de l'Angleterre de la fin du 19eme siècle nous font plonger dans le passé. Que ce soit dans le monde rural, (avec son cher Wessex , une région imaginaire ), ou dans celui plus citadin comme la ville de Christminter (Oxford en réalité)
On retrouve dans ce roman une critique sociale très fine, qui a d'ailleurs valu à l'auteur un manque de reconnaissance de ses contemporains. Sa vision du mariage, et de la condition féminine est résolument moderne, bien trop pour l'époque où il vivait.

Ses personnages tourmentés, si attachants, mais qui semblent ne pas pouvoir échapper à leur destin m'ont vraiment émue. Que ce soit Jude ou sa cousine Sue, je pense que leur histoire va me poursuivre encore un bon moment.

En tout cas, une chose est sure. le prochain livre de Thomas Hardy que je lirais ne sera pas Tess car j'ai besoin d'alterner. Je sais que ce livre est au moins aussi sombre que Jude … Je vais d'abord me laisser tenter par le maire de Casterbridge par exemple.



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Un livre émouvant! Jude l'obscur, quel titre! je me suis dit en entamant ce livre! Eh oui le Jude nous prédispose à vivre une tragédie macabre, et pis la cruauté de la société de l'époque dont l'intolérance, étant une pratique collective, s'exerce sans une volonté d'humaniser un seul regard, bien plus la radicalité qui a envoyé beaucoup d'âme au bout du rouleau. Jude l'obscur est une histoire d'amour mise à l'oeuvre face à un fatalité lugubre, et nos personnages en sont affectés au point qu'ils sont troublés, tourmentés par une espèce d'envoûtement dont le voile ne peut être assujetti...même la lutte de Jude pour vouloir sortir de son mileiu d'origine s'avère une lutte acharnée perdue d'avance. Mais la finesse de l'écriture, de la psychologie des personnages et des situations envoûte le lecteur qu'on ne peut lâcher ce livre un seul instant malgré sa noirceur!
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Jude Fawley, le héros du chef-d'oeuvre de Thomas Hardy « Jude l'obscur », ne connaît qu'une vie d'erreurs, de renoncements et de malheurs. Enfant, il devient rapidement orphelin et doit déménager à Marygreen où une tante acariâtre se voit dans l'obligation de l'héberger. le jeune Jude se doit de travailler pour aider sa tante, mais le garçon a déjà de plus hautes idées en tête. Un maître d'école lui a donné le goût des livres et du savoir. Jude souhaite intégrer un collège à Christminster, élever son esprit afin de changer sa vie. Il se donne beaucoup de mal, étudie sans relâche le latin et le grec, tout en apprenant le métier de tailleur de pierres. Sa volonté qui semblait sans faille se heurte vite à la réalité, à la nature profonde de l'homme. Jude est incapable de résister aux attraits de la belle Arabella et le mariage scelle son destin. le rêve de savoir s'efface devant les besoins matériels. le mariage ne dure pas, mais marque définitivement la vie de Jude. le bonheur lui échappe sans cesse, même lorsqu'il croit l'avoir trouvé avec sa cousine Sue ; le sort ne fait que s'acharner contre lui.

Thomas Hardy traite de sujets modernes et ses deux personnages principaux, Jude et Sue, ont des aspirations trop en avance pour leur époque. Jude ne pense qu'à étudier, il a soif de savoir et espère ainsi sortir de sa condition. Son envie de s'élever, de sortir de la pauvreté par l'école est une évidence pour nous aujourd'hui. Ce n'est bien entendu pas le cas à l'époque victorienne. Les ouvriers regardent Jude comme un illuminé et se moquent de ses aspirations. Vouloir sortir de leur monde est pris comme une lubie et ils méprisent Jude qui se pense plus intelligent. Les collèges de Christminster le rejettent également à sa demande d'admission ; il reçoit cette réponse : « Monsieur. J'ai lu votre lettre avec intérêt, et jugeant d'après votre propre description que vous êtes un ouvrier, je me permets de penser que vous aurez bien plus grande chance de réussir dans la vie en demeurant dans votre sphère et en restant fidèle à votre métier plutôt qu'en adoptant une nouvelle voie. C'est donc ce que je vous conseille. » Chacun doit rester à sa place dans cette société très hiérarchisée ; vouloir changer de milieu est impensable.

Sue est également en avance sur son temps, ses idées sur le couple sont à contre-courant. Elle refuse d'épouser Jude alors qu'ils vivent ensemble et ont des enfants. Elle revendique la liberté dans le couple et considère le mariage comme une prison. Sue ne veut appartenir à personne ; le mariage pour elle n'a rien à voir avec les sentiments. La tante de Sue et Jude l'explique bien : « Les Fawley ne sont pas faits pour le mariage : cela ne tourne jamais bien pour nous. Il y a quelque chose dans notre sang qui n'accepte pas d'être contraints à faire ce que nous subirions volontiers librement. » Mais, Sue aussi doit revenir sur ses idéaux.

Car Thomas Hardy était un grand pessimiste ; la fatalité frappe toujours ses personnages. Jude renonce à ses idéaux car il est impossible de s'extraire de sa classe, mais également à cause des femmes. Jude est un être très charnel, très sensuel qui ne peut résister à leur attrait. Avant d'arriver à Christminster, son rêve de collège est réduit à néant par son mariage avec Arabella. Il se voit ensuite devenir prêtre, mais l'amour de Sue est plus fort : « Il aurait beau jeûner et prier dans l'intervalle, l'humain était plus puissant en lui que le divin. » Jude devra d'ailleurs payer bien cher pour ses faiblesses trop humaines. La société victorienne ne peut supporter les aspirations du jeune couple. le fait qu'ils ne soient pas mariés est rapidement connu et l'opprobre s'abat sur eux. Ils sont alors dans l'obligation de changer souvent de villes jusqu'au terrible et implacable drame.

Je le redis, « Jude l'obscur » est un chef-d'oeuvre de la littérature anglaise. J'étais totalement en empathie avec Jude et Sue, si modernes, si humains. le drame de Jude Fawley fait penser aux tragédies antiques. Son destin semble tout tracé ; la fatalité ne l'épargne pas. le lecteur souffre avec lui de ce déterminisme terrible de l'ère victorienne. Ce livre montrant les déchirements de l'âme humaine est tout simplement magistral.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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Terrible histoire de chute: chute de l'homme pour qui il semble impossible de sortir de la voie tracée. L'auteur explore encore une fois la douleur de la condition humaine. L'écriture est remarquable mais reste un roman assez déprimant.
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Personne ne veut du jeune Jude, c'est un enfant encombrant. Lui-même sait qu'il ne devrait pas vivre. Alors, il va tenter de se rendre utile et, s'apercevant que son destin est entre ses seules mains, il décide de se consacrer à son éducation, en vue d'intégrer un jour l'un de ces établissements prestigieux à Christminster qui forment l'élite de demain. le temps passe, l'enfant devient un jeune homme plein d'ambitions intellectuelles qui se voient pourtant brisées à cause de sa modeste naissance. Et puis vient Sue, sa cousine. Il en tombe éperdument amoureux dès qu'il aperçoit son portrait. Tous deux vont alors vivre une histoire insolite et assurément trop moderne qui heurte les dogmes religieux et la bienséance sociale de l'époque...

Par où commencer quand on s'attaque à Jude l'obscur ?
Ce roman souffle le vent de la modernité, jugée trop débridée et inconvenante dans le siècle du christianisme tout puissant.
Ce roman encense la culture et l'érudition, amène à sortir de l'obscurantisme religieux et invite l'Homme à dépasser des acquis au profit du progrès.
Ce roman montre le déchirement d'un couple qui n'appartient pas à un monde emmuré dans les convenances.
C'est le roman sur l'amour, le mariage, le sacrifice, la perte inconditionnelle de soi et la rédemption. Sur la différence, le rejet, les castes sociales, les divergences. Sur la mort, la folie, la destruction. Sur la religion castratrice ; sur la philosophie de vie ; sur la société traditionaliste.
Qui est l'obscur, dans ce roman ? La société pour Jude, Jude pour la société ? Seul contre tous les autres, c'est lui qui est un incompris, alors qu'il fait lui-même face à l'obscurantisme religieux de l'époque qui souhaite de tout coeur retarder au maximum l'évolution des pensées vers une modernité considérée comme libertine. Lui qui commence seul le début de sa vie et la termine tout aussi seul, physiquement et dans ses idées, face à une brebis qui l'aura un temps accompagné avant de se croire totalement égarée. Hardy présente un cercle de vie complexe, des personnages qui vont et viennent dans leur destin, sans jamais trouver une issue ensoleillée dans cette vie jalonnée d'obscurité.
Les thèmes de ce livre sont vraiment puissants. Mais ils sont tellement nombreux et noyés dans beaucoup de verbiage qu'il est difficile de tout analyser.
Ce que je regrette dans ce roman, c'est sa longueur, le temps phénoménal que passent Jude et Sue à se tourner autour. Et surtout, le personnage de Sue, inconstant, toujours à réclamer la sympathie, elle qui ne sait jamais ce qu'elle veut et qui manipule pour un oui ou pour un non, elle qui croira expier ses fautes dans la religion mais en faisant tout de travers. Je regrette également la passivité de Jude et Phillotson qui accordent à Sue absolument tous ses caprices, la fatalité du premier face à la mort de ses enfants, la magnanimité de l'autre.
Le texte est beau (sa traduction légèrement datée sur les dialogues), avant-gardiste sur le fond. Un bel essai, malgré les longueurs.
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Après mon coup de coeur pour Tess d'Urberville et avant d'aller visiter le sud de l'Angleterre d'ici quelques jours, j'ai voulu lire le dernier roman de l'auteur, considéré comme l'ultime chef d'oeuvre de Thomas Hardy : Jude l'obscur, roman à ne pas mettre en des mains tristounettes sans prendre le risque de les rendre encore plus désespérées.

Je ne vous raconterai pas toute l'histoire de Jude, tout d'abord le roman perdrait de son intérêt et je ne suis pas certaine de lui rendre justice. (Mieux vaut ne pas lire la quatrième de couverture du Livre de poche.)

Nous pouvons juste esquisser les premières fondations du roman qui sont si importantes pour la suite. Jude, un jeune orphelin, vit chez sa tante et travaille pour ne pas être considéré comme une bouche inutile à nourrir par sa parente. Lorsque son maître d'école quitte le village au début du roman, il lui fait promettre de ne jamais abandonner ses études et de toujours chercher à se cultiver. Jude fait cette promesse qui va orienter son destin. Dès lors, Jude n'a qu'une obsession: aller à Christminster, ville universitaire et pieuse, pour devenir quelqu'un : un homme cultivé, intelligent, affranchi de la terre et de la misère. Il n'aura de cesse de tendre vers cet objectif mais de nombreuses barrières se dresseront devant lui.

Ces obstacles seront extérieurs: la société telle qu'elle est au XIXe siècle ne permet pas à un petit jeune homme obscur de devenir un grand homme, ne donne ni temps ni forces à un travailleur manuel usé par ses journées de labeur pour s'instruire. de plus, cette société est est composée d'hommes et de femmes rongés par les préjugés, le fanatisme religieux, l'hypocrisie, nourris de scandales, de ragots et qui aiment plus que tout juger leur prochain. Les difficultés rencontrées par Jude seront également liées à sa propre personnalité: sa faiblesse pour l'alcool, sa sensualité qui le pousse dans les bras d'Arabella, sa passion pour Sue, ses propres préjugés et croyances religieuses joueront également contre lui et contre son idéal. Enfin, la pensée de Jude se trouvera confrontée à celle de Sue, sa cousine. Les idées de Jude en seront chamboulées: Jude est croyant, considère les cérémonies et lois religieuses comme sacrées. Sue, plus libre et indépendante que son cousin, est cultivée et possède un esprit critique aiguisé. Sans jamais le dire, ses faits et gestes montrent qu'elle ne croit pas en Dieu et elle rejette les institutions religieuses.

Jude l'obscur est une tragédie moderne : comme chez les Grecs, le "fatum", le destin se joue des personnages. Ils sont quatre: Jude, Sue sa cousine, Arabella une jeune paysanne et Richard un instituteur. Il seront désespérément liés, séparés et amenés à se rencontrer sans cesse au fil du roman. Ils subiront chacun leur tour les choix des autres personnages, le regard et les jugements de leurs contemporains et les nombreux pièges que la société du XIXe siècle tend à l'homme tout au long de sa vie pour le contraindre, le soumettre et anéantir sa liberté: le mariage et la religion. Sue et Jude, couple maudit, ont "cinquante ans d'avance sur leur monde". Influencé par Sue, Jude rejettera les lois sociales et religieuses auxquelles il se soumettait. Ils n'auront de cesse de chercher leur propre bonheur. Petits voiliers pris dans une tempête, ils se battront contre vents et marées pour vivre selon leur bon vouloir et selon leurs propres lois édictées contre celles imposées par la société.

Jude l'obscur a causé tant d'ennuis à Thomas Hardy qu'il n'a plus écrit un seul roman jusqu'à la fin de sa vie. Les thèmes et les propos tenus par les personnages sont résolument modernes. le roman est une vive critique des lois et de l'institution du mariage. le mariage n'est qu'une question d'hypocrisie: deux personnes ne peuvent pas ressentir exactement les mêmes sentiments tout au long de leur vie et lorsque ces sentiments sont contraints ils se délitent fatalement. Dieu et les hommes ne devraient pas forcer un couple à se marier.

Pour conclure, parce que si je ne m'arrête pas maintenant, cet avis sera beaucoup trop long, Jude l'obscur est un roman complexe et dense qui s'empare de nombreux sujets qui sont toujours d'actualité. Me mariant moi-même cette année, je n'ai pu rester insensible à toutes les réflexions des personnages concernant cette institution. Cette tragédie est souvent bouleversante même si elle connaît quelques longueurs. Jude l'obscur m'a moins touché que Tess d'Urberville, je dois bien l'admettre. L'écriture de Thomas Hardy est toujours aussi belle et la construction de ses intrigues et leurs rebondissements restent incroyables. Je reste sans voix devant l'audace et la modernité des idées et des critiques de Thomas Hardy qui a toujours des années d'avance pour certains esprits obscurs de 2016.
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J'ai longtemps décrété que je ne lirais jamais Jude l'Obscur malgré mon amour pour Thomas Hardy car la tristesse et la noirceur de l'adaptation m'avaient déprimée ! Et j'ai finalement bien fait de changer d'avis car j'ai adoré (malgré le fait qu'il est vraiment déprimant par moments)

Je me suis assez rapidement prise d'affection pour le personnage de Jude, sa volonté de respecter son rêve d'enfant, de ne jamais se laisser abattre est touchante. Et ça ne rend les épreuves qu'il subit que plus affreuses : je trouve ça vraiment terrible de me dire que ce roman c'est finalement une démonstration de la fatalité, que malgré tous les efforts et la volonté du héros, la vie trouvera toujours le moyen de lui rappeler (de la façon la plus cruelle qui soit) qu'au final il est né pauvre et le restera.
C'est par ailleurs le premier roman de Thomas Hardy que je lis où le héros est un homme et les femmes ont le mauvais rôle : Arabella est plutôt agaçante pour son côté capricieux et sa constance à vouloir manipuler Jude et le faire revenir à elle juste par qu'elle est jalouse de son "bonheur". Mais c'est véritablement Sue que j'ai trouvé horripilante : sous ses airs innocents, c'est une affreuse manipulatrice du coeur des hommes (et leur donne toujours le mauvais rôle), elle se plaint constamment et se pose à la fin en victime. Elle m'a vraiment exaspérée du début à la fin !

Comme on est chez Thomas Hardy, on retrouve dans Jude l'Obscur sa plume superbe et ses thèmes de prédilection : le mode de vie rural et ses traditions, l'opposition ville/village... Mais la nouveauté réside dans des discours très novateurs et critiques sur les institutions sacrées du XIXe siècle que sont le mariage et la religion : on comprend sans peine en lisant Jude l'Obscur pourquoi il a choqué à sa sortie et provoqué le scandale, au point de faire renoncer Thomas Hardy à écrire d'autres romans.

Pour terminer, je dirais que Jude l'Obscur fait partie de ces romans qui marquent longtemps le lecteur.
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Jude l'obscur est le dernier roman qu'écrivit Thomas Hardy. Il met en scène quatre personnages dont les destins vont s'entrecroiser de manière tragique. Jude, orphelin, est un petit garçon aux joues pâles et aux idées sérieuses élevé par une tante peu amène dans le village de Marygreen. Très sensible à la nature qui l'entoure, profondément bon, enfant appliqué aux leçons de son maître d'école, Mr Phillotson, il découvre un jour les brumes de la ville universitaire de Christminster. Ébloui et émerveillé, il décide de s'instruire seul jusqu'à sa majorité pour pouvoir rejoindre les étudiants des collèges. Avec acharnement, le voilà qui tente d'apprendre le grec et le latin, lit les Pères de l'Eglise et les textes des Anciens. Mais Jude est faible dans sa chair et lorsqu'il découvre les délices d'un sentiment naissant avec la belle et vive Arabella, il laisse de côté ses études… Il ne connaît alors pas encore sa jeune cousine Sue Bridehead.

Je ne vous raconterai pas toute l'histoire de ce roman, mieux vaut ne rien en savoir avant de le commencer (merci la 4e de couverture du Livre de Poche…!). Mais je vais essayer de vous donner envie de le lire, car c'est un roman complexe et bouleversant. Avec Jude et Sue, couple maudit, Thomas Hardy nous dépeint deux personnages au caractère tourmenté qui tentent de trouver leur bonheur au milieu (ou malgré) les lois de la société.

La vie de Jude est portée par son désir profond d'accomplir un but. Au départ, il s'agit de réussir à entrer au collège de Christminster. Toute son énergie est alors tendue vers cet objectif qui donne un sens à sa vie. Mais les faiblesses de sa chair, son goût pour les femmes et l'alcool, comme il le dit lui-même, le détournent de ce but. Il tente par tous les moyens de se conformer aux lois du monde et c'est alors son honneur qui lui dicte sa conduite.

De son côté, Sue est une enfant rebelle et fière, non dénuée de coquetterie. Autodidacte elle aussi, elle a cependant une culture bien différente de celle de Jude, pétrie de philosophie et de poésie. Contrairement à Jude, c'est au moment où Sue a un choix à faire qu'elle se dérobe. Son esprit vif lui fait craindre les engagements et jamais elle ne semble reposer son intelligence fertile et sa sensibilité presque nerveuse.Ces lois du monde que Jude respecte tant, elle les dénigre avec force, comme contraires à l'accomplissement de son propre bonheur. Sans aller jusqu'à renier l'existence de Dieu, Sue n'a ainsi que peu de respect pour les sacrements religieux et les liens qu'ils créent.

L'institution du mariage et sa valeur religieuse cristallisent ces antagonismes entre les deux personnages principaux. Parce que Jude et Sue décident de vivre en-dehors de cette institution, tous les malheurs leur sont promis. L'ensemble du roman est une vive critique contre ces lois qui poussent deux êtres à s'unir devant Dieu et devant les hommes, sans que leur bonheur soit protégé. L'adultère y est permis, voire encouragé, comme unique solution lorsque le bonheur de deux êtres est en jeu. Ces positions valurent à Thomas Hardy une condamnation très vigoureuse de la part du clergé et des élites lors de la parution du roman. Jude dit lui-même que ses idées ont « cinquante ans d'avance »… En remettant ce roman dans son contexte de l'époque, on mesure à quel point cette notion de « poursuite du bonheur », qui n'est jamais exprimée telle quelle, est effectivement moderne et audacieuse. Cet aspect est encore accentué par la sensualité du roman : les relations entre les personnages ne relèvent pas seulement des sentiments, elles sont aussi charnelles, voire sexuelles (bien que toujours implicites), et cela joue un rôle très important dans leur histoire.

Les nombreux retournements de situation entre Jude, Arabella, Sue et Mr Phillotson créent une tension permanente dans la lecture qui met nos nerfs à rude épreuve. Nous-mêmes, nous sentons notre coeur balancer avec Jude et Sue entre ce que la morale réprouve et ce que les élans de l'âme interdisent. Nous subissons les revers qu'ils subissent, nous tressaillons avec eux, nous pleurons avec eux. La force du style, la simplicité – qui n'est qu'apparente des caractères –, la maîtrise du tragique qui ne tombe jamais dans la sensiblerie, font de Jude l'obscur un roman incroyablement beau et passionné.

A lire absolument mais à éviter dans les moments de désespoir !
Lien : http://lecturesandco.com/ind..
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