Citations sur Avalanche (92)
Je tâche de ne pas trop montrer ma supériorité, de faire jeu égal, est-ce qu'un match incertain ou équilibré ne serait pas à mon avantage ? S'il se trouvait qu'il jouait son meilleur tennis contre moi ? Ne serait-ce pas une bonne stratégie ? Faire en sorte qu'il se sente briller à mes côtés, peut-être pourrais-je alors devenir pour lui un partenaire régulier, puis un ami, il prendrait conscience de mes points de vue originaux sur le monde, me proposerait de rentrer comme junior manager d'une de ses nombreuses sociétés.
J'ai beau lutter tous les jours, lorsque dans la rue, ou une file d'attente, il y a avant moi un Noir ou un Arabe, l'espace d'un instant, d'un millième de seconde, les réflexions horribles de bonne-maman viennent me déformer l'esprit, "il pourrait laisser passer celui-là, il a déjà chance d'être chez nous", comme si nous étions quelque part chez nous, j'ai beau haïr ces pensées, elles sont installées au fond de moi, vissées dans mes entrailles, elles ont sali, endommagé mon âme à jamais.
Elle serre son sac à main contre son manteau en fourrure, replie ses doigts couverts de bagues, comme si elle faisait l'inventaire de ses possessions terrestres à emmener dans le monde qui vient.
Oh et merde avec ton âme, je ne crois pas qu'une chose comme l'âme existe, en tout cas moi je n'en ai pas ! Non, c'est une invention pour faire patienter les pauvres, les convaincre de rester à leur place, leur dire ce qu'ils doivent penser, avec qui ils doivent baiser, les opprimer dans ce monde et celui à venir.
Il paraît qu'avec tous les conservateurs qu'ils mettent dans les plats surgelés, les corps ne parviennent plus à se décomposer, maman a mangé tant de moussaka congelée qu'elle doit être encore en assez bon état.
" Ne t'en fais pas, me disait-elle, tu prends les choses trop à cœur, ne laisse pas la nostalgie t'emporter, c'est un poison que je connais trop bien ! ". L'espace d'un instant il me semble que je vais pouvoir lui parler, puis je me souviens, nous ne devons plus nous revoir sur cette terre !
J'ai un instant envie de la prendre dans mes bras, la petite fiancée du shabbat, de lui dire que je l'aime, que je suis désolé pour toute cette froideur, cette colère qui grandit en moi, que ça n'a rien à voir avec elle, que je n'ai plus le mode d'emploi avec mes semblables, que la seule personne que je déteste vraiment c'est moi-même.
Est-ce qu'il existe, dans ses manuels de classification des cinglés, des diagnostics pour des types comme moi ?
J'ai toujours aimé les tunnels, la protection de l'obscurité, la fraîcheur, surtout la promesse de la lumière au bout de la nuit et du ciel immense qui nous attend à la sortie.
J'ai l'esprit de contradiction, cela a toujours été ainsi, j'aime être en désaccord, je n'ai pas beaucoup de positions affirmées, je peux croire en n'importe lesquelles pourvu qu'elles s'affûtent contre celles des autres.