Voilà le rêve des jeunes générations, être une brute capable de tuer à coups de poing, le même rêve depuis la nuit des temps. Et à cet instant j'ai la certitude que l'espèce humaine est presque totalement constituée d'abrutis.
Douze secondes ce serait déjà l'éternité si je devais baiser avec toi, marmonne la tsarine en tirant sur sa clope, personne ne l'écoute.
Mike Tyson affronte un jeune boxeur jamaïcain, c'est une montagne de muscles mais qui a encore un visage de petit garçon.
C'est lui qui dirige les opérations, le plus violent du collège, rien à en tirer, petite brute rougeaude du fond de la classe, enfant peu adapté à cette molle époque de paix, qui en temps de guerre aurait sans doute excellé comme commandant d'un bataillon, exprimant son ingéniosité cruelle, son absence d'empathie, ce qu'on nomme leadership dans les écoles de commerce.
Qui donc peut encore s'intéresser à la poésie à notre époque, n'est-elle pas morte en silence en même temps que les balades en calèche et la chasse aux papillons ?
Je ressens toujours les effets de la pilule d'hier, des bouffées d'angoisse qui remontent, un goût de métal, de foin brûlé, une inquiétante impression d'étirement du temps, d'incohérence, la sensation que quelque chose de grave se prépare.
Dans ma chambre, je me déshabille en imaginant les différentes manières dont je pourrais mettre fin à mes jours, le rasoir, la corde, le silence des lignes à haute vitesse, quelque part entre deux passages à niveau. Il y a une volupté à imaginer sa mort, on se représente la peine des autres, cela réconforte à bon compte.
Parfois je me dis que la vie consiste à faire semblant d'aimer ce qu'on subit, c'est sûrement ça la vie pour beaucoup de gens, essayer d'aimer ce qui nous est arrivé.
Tu ne crois pas que la beauté est la plus grande inégalité qui soit ?
C'est un week-end bien ennuyeux à regarder le soleil déplacer sa ligne d'ombre lentement sur la pelouse de l'internat.