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4,06

sur 431 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il fait beau, je suis sur ma terrasse, à l'ombre d'un parasol, et je savoure la douceur de vivre…
Je la savoure d'autant plus que je viens d'achever le roman bouleversant de Jacqueline Harpman : ‘Moi qui n'ai pas connu les hommes'. L'héroïne, elle, ne sait pas la joie des saisons, la grâce du vol d'un papillon, les rapports simples de la communauté humaine.
L'héroïne ne se souvient pas de son passé. Ses seuls souvenirs sont une cave, une cage, des gardes, et des femmes. Des femmes par ailleurs désespérées, nostalgiques d'un temps d'avant, d'avant…quoi ? D'avant l'Apocalypse ? L'héroïne n'a pas de nom, on l'appelle « La petite ».
Mais contrairement à toutes ces femmes, elle veut vivre. Elle questionne, elle regarde ; une seule femme, Théa, consent à l'aider, à lui donner quelques instants bien à elle pour l'instruire. C'est l'époque de son adolescence, sa volonté de faire face, de s'opposer se déploie….
Et puis soudain, survient « quelque chose » : une sirène d'alarme retentit, les gardes, affolés, quittent la cave, laissant la grille ouverte. Les femmes en profitent pour sortir…et là, elles ne trouvent que la solitude. Où sont-elles ? Devant elles, une étendue d'herbe pauvre, un soleil, de la pluie, et c'est tout. Leur errance va commencer. Errance qui va durer des années…
Je n'en dis pas plus pour ne pas divulguer le mystère de cette histoire, mystère qui d'ailleurs, ne sera jamais levé. Mais jamais, jamais, je n'oublierai le lent désespoir, la lente désagrégration de ces femmes qui avaient un mari, des enfants, peut-être, et qui se retrouvent inutiles, sans but. Je me suis complètement, totalement immergée dans leur esprit et dans leur coeur, mieux encore que dans celui de « La Petite », puisqu'elle, elle a toujours connu ce monde étrange.
Comment vivre en communauté, rien qu'avec des femmes ; comment vivre avec la douleur déchirante d'un passé heureux et aboli…Comment mourir, aussi, tenaillé par la désespérance ?
Une chape de plomb m'est tombée sur les épaules, m'a ensevelie, et m'a arraché des larmes d'horreur, oui, je l'avoue. C'est « La petite » qui m'a relevée, grâce à sa force de vie, à sa curiosité insatiable, à sa volonté inébranlable.
Mais les circonstances vont-elles lui être favorables ?

Je pense que c'est un des romans qui va rester à tout jamais gravé dans mon esprit et dans mon âme. Il m'a fait prendre conscience que la vie est là, simple et tranquille, et que malgré ses vicissitudes, il faut l'en remercier, car nous sommes entourés d'une communauté, nous avons un but, quel qu'il soit, nous avons un destin à accomplir.

Après « Orlanda », Jacqueline Harpman m'a transpercée avec « Moi qui n'ai pas connu les hommes »



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5 etoiles et même plus !
Je n'oublierai pas ce livre , il figurera en bonne place en tant que livre à relire dans ma bibliothèque malgré sa noirceur.

Petite fille qui va grandir parmi 39 femmes, séquestrées dans une cave avec le minimum pour vivre "La petite" ainsi nommée nous fait vivre avec elle l'impensable jusqu'au terme de sa vie.
" Noir, c'est noir - Ne reste que l'espoir !"

Dérangeant ! Sordide ! Glauque !

Insensé ! Inexplicable !

Terriblement Déprimant !

Qui sont-ils ? Pourquoi ?

Où sont elles ?

Sont-elles encore sur Terre ?


Tant de questions auxquelles elles n'auront pas de réponse .

Et Nous, lecteurs aurons nous au terme de ces 191 pages
une explication à tout ceci ?

Rien dans le ciel, pas de lumières (villes ou villages) , que les étoiles et cette plaine longue, immense, infinie , vide ....

Les coeurs battent, mais une désespérance incommensurable va peu à peu toutes les conduire au terme de leur vie, malgré cette toute petite lumière que chacune garde toujours au fond du coeur.

Passionnant ce bouquin qui m'a été recommandé par un babelio ami.

L'homme, cet "animal" capable de survivre au pire, de garder l'espoir malgré les évidences, et de trouver malgré sa désespérance des ressources insoupçonnées pour avancer jour après jour.

Mais les questionnements restent encore et toujours.

L'espoir un bien joli mot qui aide tellement à continuer à vivre.
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Un livre surprenant, accaparant, et totalement anxiogène ( à ne pas lire la nuit pour les émotifs). C'est l'histoire de quarante femmes enfermées depuis de longues années dans une cage. Personne ne sait pourquoi ni comment elles sont arrivées là. Leurs gardiens ne leur parlent jamais. Parmi elles, la petite, trop jeune pour avoir conservé des souvenirs de la vie d'avant. Jusqu'au jour où une sirène retentit. Les gardiens disparaissent, où plutôt s'évanouissent. Les voilà redevenues libres. Commence alors une longue errance à travers une plaine infinie, herbeuse et caillouteuse. La petite, inculte, pauvre de tout, apprend avec avidité tout ce que les autres sont en mesure de lui enseigner. Elle essaie de comprendre à quoi ressemblait la vie d'avant racontée par les autres femmes. Une vie qui ne sera jamais la sienne pourtant, car elle est la seule à être de ce pays étrange.
La fin du roman est bouleversante. Je ne suis pas prêt d'oublier le moment où la petite découvre pour la première fois son visage en se regardant dans un miroir. Je ne sais pas s'il y a un sens caché dans ce livre si particulier (J. Harpman était une psychanalyste). Moi, je l'ai pris au sens littéral, et j'ai une profonde admiration pour la petite qui a réussi à donner un sens à sa vie.
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Waouh, j'ai adoré ce livre. Percutant, intrigant, angoissant... et qui vous fait vous poser des questions.
40 femmes enfermées dans une grande cage, surveillées en permanence. Parmi elles la narratrice, une jeune fille, trop jeune, qui n'aurait pas dû être là. Mais pourquoi sont-elles là ? Que leur est-il arrivé ? Pourquoi la jeune fille n'aurait pas dû être là ? 13 ans qu'elles sont enfermées sans savoir pourquoi.... Elles ne savent rien, s'interrogent mais finalement préfèrent oublier. Cette dystopie interroge sur de nombreuses thématiques : la liberté (qu'est-ce qui fait qu'on est libre ? Sont-elles libres quand elles sortent de cette cage ?), l'humanité (qu'est-ce qui fait le sel de notre humanité ? Est-on humain quand on n'a jamais aimé / été aimé ou quand on n'a jamais eu de contact physique avec un autre ?).
J'ai vraiment trouvé ce roman passionnant dans son récit, mais aussi dans les questions que je me suis posées.
J'adore le challenge solidaire qui me fait découvrir des auteurs et des livres que je n'aurais sans doute jamais lus sinon. Et là pour le coup j'aurais raté un coup de coeur, un livre que je regrette de n'avoir pas connu avant....
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Jamais je n'ai lu d'histoire semblable...et j'ai été scotchée du début à la fin!
Difficile de ne pas espérer autant que ces femmes, de ne pas perdre espoir parfois, de ne pas attendre impatiemment, à la découverte d'une autre "guérite", s'il y a d'autres "vivants". Mais est-ce être vivants que de se retrouver seule dans un monde inhabité, sans végétation, sans faune? Avec juste ces caves remplies de vivres et qui, bizarrement, restent alimentées par l'électricité pendant plus de quarante ans.
Une question m'est souvent revenue : Peut-on, d'instinct, ressentir des sentiments quand on n'en a pas bénéficié?
Comment s'imaginer l'Amour quand on a grandi sans le moindre contact physique? A méditer...
Un livre prenant, inclassable, superbe.
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Dans une cave, quarante femmes sont emprisonnées et leur quotidien est rythmé par le passage des gardes et par les repas. « Nous étions toutes mêmement enfermées sans savoir pourquoi, gardées par des geôliers qui, soit par mépris, soit par ordre, n'adressaient la parole à aucune d'entre nous. » (p. 21) Parmi ces femmes, la plus jeune se rebelle. « Ma mémoire commence avec ma colère. » (p. 12) Elle n'a pas connu le monde d'avant et elle écoute les récits des autres femmes avec curiosité et étonnement. Elle refuse d'attendre sans rien faire, contrairement aux autres femmes qui sont plus résignées. « Les révoltes sont inutiles. Il faut attendre de mourir. » (p. 35) La première des rébellions de la petite, c'est de compter le temps : elle dénombre les heures à l'aide des battements de son coeur, devenant une horloge vivante.

Un jour, une sirène se déclenche et les gardes disparaissent en laissant la clé sur la serrure. Livrées à elles-mêmes, les femmes quittent la cave, sortent à la surface et découvrent une immense plaine qui s'étend à perte de vue. le paysage ne ressemble pas à la Terre, ni à aucun pays des prisonnières. À l'air libre, les quarante femmes s'organisent et décident d'explorer ce territoire inconnu. Parmi elles, la petite est avide de savoir, de découvrir et d'apprendre, même si ses compagnes n'en voient pas l'intérêt. « Comme si elle n'arrivait pas à se rendre compte que pour moi, rien n'était banal, puisque rien ne m'était arrivé. » (p. 119)

Cette dystopie est particulièrement angoissante. le monde ne ressemble à rien de connu, ce n'est qu'une plaine sans fin et tous les lieux se ressemblent. Les femmes qui se souviennent de la vie d'avant ne peuvent parler que d'insensé. Ce monde n'est pas le leur, mais l'espoir du retour est vain. Et les questions ne cessent de s'accumuler : où sont-elles ? Pourquoi sont-elles là ? « À quoi servions-nous, ici ? » (p. 31) À mesure des années, la petite comprend qu'elle ne saura jamais. Elle fait siens l'incertitude et l'improbable. « Voilà encore une question qui restera sans réponse : il me semble que je ne suis que de cela. » (p. 122) La petite devient peu à peu la seule dépositaire d'un univers où l'humain a disparu, où la vie même se résume à des caves où la lumière ne s'éteint jamais. Mais la petite, devenue adulte, ne regrette pas le monde d'avant. « Je n'ai pas connu ce que vous regrettez tant. » (p. 130) Pour elle, cette plaine immuable est un monde suffisant, le seul qu'elle habitera jamais.

Chez la petite, la volonté farouche d'imaginer et de connaître m'a vraiment rappelé le mythe de la caverne selon Platon. Elle ne dispose que des récits de ses compagnes pour tenter de concevoir ce qu'elle n'expérimentera jamais. Ce qu'elle projette sur le pauvre monde qu'elle parcourt n'est que l'ombre d'une civilisation qu'elle n'a jamais habitée, ce ne sont que les pensées reliques d'autres personnes qui n'ont pas su se couler dans un nouvel univers. Les questions se bousculent à l'issue de la lecture, mais il ne faut pas chercher à les résoudre. Jacqueline Harpman offre un monde clos sur lui-même, sans équivalent et sans comparaison. Il est vain d'y projeter un sens venu d'un autre monde. le lecteur, comme les personnages, ne peut que se cogner aux parois d'un univers inepte.
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Ce roman est extrêmement déstabilisant; Il nous interroge sur la manière de réagir face à une situation invraisemblable, inintelligible, où tous les repères sont perdus.

Comment accepter de vivre une situation que l'on ne comprend pas, sans historique, sans que personne ne sache pourquoi. Choisir entre espoir et désespoir. Se donner un but dans la vie.

La lecture est très prenante, on avance pour en savoir plus: qu'est-il arrivé, pourquoi est-ce arrivé, que va-t-il arriver à présent? On se met forcément à la place de la narratrice.

Un roman très fort, une expérience de lecture en immersion, une histoire qui laisse des traces et qu'on ne peut pas oublier.
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Une dystopie inclassable, court roman laissé en guise de mémoire par la dernière femme, dernière survivante d'on ne sait quel événement ou catastrophe. Elle ne sait pas quel nom ses parents lui avaient donné, elle n'est même pas sûre d'être sur la terre, il n'y a pas vraiment de saisons et aucun animal. Avec 39 autres femmes, plus âgées qu'elle, elle a passé des années dans une cage et quand la chance et le hasard leur permet de sortir, c'est pour parcourir une planète quasi stérile où elles sont apparemment les seuls êtres vivants. Au fil des années les femmes plus âgées meurent et la petite, la plus jeune, reste seule. Une histoire insensée, angoissante, sans espoir et pourtant terriblement prenante, et qui montre que même dans une telle situation l'homme a soif de comprendre, d'apprendre et garde une étincelle d'une forme ténue d'espérance. Il ne se passe rien d'extraordinaire et c'est bien cela qui rend le propos terrible. Et je ne me suis ennuyée à aucun moment, l'auteur a bien su rendre que dans une telle vie le moindre petit événement est susceptible d'influer la suite un tant soit peu. L'atmosphère est bien rendue, surtout celle entre ces femmes dans la cage. Triste et au premier abord anxiogène, cet ouvrage est assez salutaire, dans le sens où par sa curiosité insatiable et sa rage de vivre la dernière femme donne un sens sinon à sa mort, du moins à sa vie. Une sorte de conte philosophique percutant et très déstabilisant !
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Chacun aimerait bien savoir ce qu'il y a de l' « autre côté » … le parcours est tantôt long, tantôt bref,
tantôt simple, tantôt étrange, à chacun le sien mais personne n'en est jamais revenu pour nous le décrire mais cette fois peut-être ….
Le chemin que vous allez découvrir ici est outre le temps plus qu'étrange, l'imagination et la façon dont vous est conté l'itinéraire du personnage central de ce roman est hors normes et prenant, sidérant, anxiogène au point de vous rendre quelque fois vraiment mal à l'aise sans pour autant vous lâcher !
Inclassable, mais à lire absolument, sachant que vous n'en sortirez pas indemne !

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Elles sont quarante. Quarante femmes, enfermée dans entre quatre grilles, dans un cave. Elles sont surveillées par 3 gardiens qui pourvoient à leurs besoins les plus primaires (manger, boire, se laver et s'habiller). Elles ne savent ni comment ni pourquoi elle sont arrivées là.
La narratrice de ce roman fait partie des 40 femmes enfermées. D'aussi loin que remonte sa mémoire, elle a toujours vécu dans cette cave et ne connaît rien d'autre. Elle n'a même pas de nom et les autres femmes l'appellent "la petite" car c'est la plus jeune d'entre elles.
Après près d'un quinzaine d'années enfermées, elles se retrouvent enfin libre, sans aucune explications. Leurs geôliers se sont volatilisés après qu'une étrange alarme ait retentit.
Commence alors une nouvelle vie, faite d'explorations, de questions et de déconvenues.

La quatrième de couverture de ce livre le qualifie de thriller logique. de mon côté, il s'agit plus d'un thriller psychologique.
Ce livre est un véritable coup de coeur pour moi et la fin de ma lecture m'a laissée désemparée et remplie de questions, comme celles que se posaient la narratrice tout au long du livre.
L'organisation de la vie en société lorsque l'on est privé de tout ce qu'on connaît et l'apprentissage ou le réapprentissage des choses les plus élémentaires m'ont particulièrement fasciné. Cela remet en perspective notre vie d'aujourd'hui, remplie de technologie et d'éléments de confort.
Ce roman possède une particularité que je n'ai vu dans aucun autre livre : celle de n'avoir aucun chapitre. Ce qui lui donne un rythme soutenu, même lorsqu'il n'y a aucune action.
Pour finir, je dirai que ce livre ne peut pas laisser indifférent. Pour ma part, il m'a "trituré le cerveau" et même après l'avoir fini depuis quelques heures, je ressasse encore des passages et je me pose plein de questions.
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