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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un livre sur le dépassement de soi, pas seulement sur la notion de force physique, mais également et surtout, comme un voyage initiatique, un road trip nécessaire, le moyen de voir où se situent ses limites dans un condensé d'épreuves. Et bien sûr, ce voyage sera surtout celui de prendre le pouls d'une nation américaine sur la question de la couleur de peau, sur l'existence de l'altérité ; sans oublier que les sempiternelles réminiscences ethniques de ce passé existent toujours, je pense d'ailleurs que l'actualité nous le prouve régulièrement. Mais l'auteur tente et a priori trouve la raison de faire un voyage au péril de sa vie afin de répondre aux multiples questions que chacun se pose : sur ces racines, son devenir, en effet l'auteur, se demande comment trouver une raison de vivre dans un tel monde où règne l'obscur délitement de nos sociétés.

L'épreuve pour Eddy L. Harris qui éprouve, ainsi à l'approche de la trentaine un besoin irrépressible de côtoyer, de sentir, de retrouver son attachement à ce fleuve mythique qu'est le Mississippi et en parallèle de voir de quel tempérament il était fait.

Un périple de quatre mille kilomètres, en canoë sur le Mississippi, du lac Itasca dans le Minnesota jusqu'à La Nouvelle-Orléans. Avec peu de moyens, il devra gérer les embûches : les tempêtes imprévisibles, les courants créer par le passage d'énormes barges de transports, le manque d'emplacements pour ses haltes et garder la force morale pour les surmonter. Des moments de pieuses lumières de quiétudes émailleront son parcours, grâce aux rencontres humaines, les contacts humains et sans lendemain, ses rencontres avec les bateleurs, de même que les pêcheurs. Et si la peur fait partie intégrante de son voyage – dangereux chasseurs éméchés, la présence de chiens sauvages ou de loups – elle ne fera que renforcer sa volonté de finir ce périple, a priori insensé.

Un fleuve qui à la fois traverse plusieurs états, mais a supporté la guerre de Sécession, et surtout les larmes et la sueur des esclaves. Mais Harris " Entend l'âme du fleuve s'élever des brumes matinales, lui murmurer qu'il n'a rien à craindre " et ce, malgré son manque total d'expérience en matière de navigation. Lors de ses pérégrinations, et dans le calme au milieu du fleuve, il reconnait que la question métaphysique de la mort, l'encourage à ce lancer dans cette folle aventure, prendre des risques ! Un des moteurs de la vie, d'autant plus qu'il n'y a pas d'enjeu hormis la volonté de se dépasser voire de se surpasser.

Une expérience digne de tout aventurier, pour se mesurer aux éléments naturels, et trouver à la fois la paix physique et la paix de l'âme. Une aventure qui s'inscrit dans celle de grands personnages à l'assaut de terra incognita. Une lecture digne du Mississippi, langoureuse et douce dans certaines portions et tumultueuses dans d'autres. Une petite précision : on peut le lire sans bouée de sauvetage !

Lien : https://bookslaurent.home.bl..
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Eddy L. Harris, né en 1956, est un essayiste et documentariste américain. Mississipi Solo, son premier ouvrage paru il y a trente ans aux Etats-Unis n'a été traduit qu'en 2020 chez nous complété d'une postface pour cette occasion.
Cet ouvrage, un récit, relate son voyage en canoë sur le Mississipi, un périple de près de 3700 kilomètres du lac Itasca au Nord du Minnesota à la Nouvelle Orleans en Louisiane. Ainsi résumé, ça ressemble à du déjà vu, pourtant il se dégage de ce texte un petit « plus » quelque chose de difficile à préciser, mais qui en fait un ouvrage qui vaut largement qu'on s'y intéresse.
Concernant l'expédition en elle-même, on peut dire qu'Harris est gonflé, le type n'a quasiment aucune expérience du canoë, quelques coups de pagaies sans plus, ni même de pratique du camping ! Et là, il s'attelle à une vraie expédition, contre l'avis de tous ses proches et amis. Et qui plus est, il s'y embarque en octobre, à l'orée de l'hiver ! Pas très argenté, il se fait prêter le matériel, canoë compris, donc il a intérêt à le ramener en bon état. Autre danger potentiel, Eddy Harris est noir, descendre ce fleuve l'amène droit dans les Etats du Sud où sa couleur de peau n'est pas obligatoirement bien vue…
L'équipée je vous la laisse découvrir, il y a le convenu (moustiques, bestioles qui rôdent autour de la tente la nuit etc.), les écueils du fleuve (les écluses qu'il faut savoir passer, les barges monstrueuses qui créent des remous puissants etc.), les rencontres sympathiques (pêcheurs, marins, spectateurs sur le bord du fleuve, qui l'encouragent, le saluent ou l'aide carrément). Mais il y a des moments plus dangereux (des chiens sauvages qui entourent sa tente, trois connards survivalistes armés et une fusillade…).
Le récit est particulièrement agréable à lire, tout d'abord parce qu'il est bien écrit avec un cachet très particulier et que l'auteur a un ton et une approche de la vie pragmatique et optimiste, pleine de bon sens, il prend ses responsabilités et les assume. Plusieurs fois il pense abandonner, à chaque fois il continue. Oui, il a dû affronter quelques dangers, oui il a souffert durant cette épreuve autant physique que morale, mais il ne s'étend pas, au point que parfois le lecteur se dit que ce n'est pas si terrible que ça.
Eddy Harris est fasciné par le Mississipi, un fleuve devenu un mythe par son passé chargé, historique avec les premiers colons et les trappeurs, littéraire avec Mark Twain bien sûr, etc. ; les références sont multiples, glissées dans le texte sans lourdeur, juste ce qu'il faut pour renvoyer le lecteur à ses bouquins déjà lus ou son cinéma intérieur personnel (pour moi ça l'a fait grave, le Mississipi c'est aussi le berceau du Blues qui lui a fait le voyage inverse, parti du Sud pour remonter vers le Nord et Chicago) le récit est très équilibré, dosant parfaitement tous les éléments cités précédemment.
Un texte plein d'empathie pour les gens qu'il croise et une sorte d'adoration pour ce Fleuve auquel il prête une âme lui conférant le rôle d'un Dieu sévère mais charitable pour qui sait le respecter. Un voyage initiatique destiné à « comprendre le fleuve et, grâce au miroir de l'amitié, à me comprendre moi-même, et grâce à cette unité particulière qu'il offre, à mieux voir les choses. »
Une très bonne lecture.
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Intéressant mais...
J'ai entendu, il y a quelques semaines, cet écrivain noir parler entre autres de jazz sur France-Musique.
https://www.francemusique.fr/emissions/la-quatre-saisons-n-est-pas-qu-une-pizza/eddy-l-harris-je-voyage-souvent-pour-aller-a-l-opera-c-est-une-bonne-maniere-de-decouvrir-une-ville-98601?xtmc=eddy%20harris&xtnp=1&xtcr=6
D'une part je ne le connaissais pas, d'autre part j'ai un peu navigué sans moteur sur estuaire et en mer. Deux raisons de me lancer dans la lecture de ce récit d'aventures en canoë.
Mes réserves : partir sur environ 4000 km avec un canoë d'emprunt pour parcourir, sans aucune expérience de navigation, le Mississipi depuis sa source jusqu'à la Nouvelle-Orléans, paraît assez incroyable. Réussir à ne pas chavirer dans les courants, les rapides, les énormes vagues des immenses navires rencontrés paraît presque douteux ! Car le canoë n'est pas ponté ! Et tout ce poids à tirer lors des haltes ??? Cela est assez surhumain. La vase, la boue, les marais ??? No problem ??? Cela me fait penser aux réserves que certains ont émis sur l'évasion de Rawicz dans "A marche forcée"....
Le style (traduction) n'est pas trop à mon goût. Et plusieurs fois le canoë est "brossé" sur la rive. "Drossé" me parlerait plus !!!!
Les points positifs : l'auteur a 30 ans et se cherche. Il se lance un défi et part à la rencontre de lui-même, du fleuve, de l'Amérique et de ses habitants. Pauvreté, racisme historique sont bien sûr évoqués et finalement on ne s'ennuie pas à suivre les coups de pagaie de cet homme héroïque et fragile.
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