Les bois peuvent être un peu étranges. Il faut longtemps pour avoir l’impression d’être un homme des bois, mais ensuite, jamais plus on ne peut redevenir un homme des villes.
Comme disaient les Sioux: »courage, seule la Terre est éternelle »
En effet, j'ai maintes fois remarque que les gens qui regardent beaucoup la télévision ne semblent plus jamais capables de s'adapter au rythme réel de l'existence.
L'alcool, c'est parfois la Bosnie ou le Congo embrasé et ravagé par des millions de machettes, alors que la marijuana interdite ressemble davantage à la première période inoffensive de la célèbre Mary Poppins.
Quand on part, on laisse souvent beaucoup de choses derrière soi. C'est aussi simple que ça. Et quand on revient, toutes les saletés ont disparu en ton absence, parce que c'était toi qui les maintenais en vie. Tu as médité et ruminé jusqu'à ce que ton excès de poids mental risque de te faire traverser le plancher ou le terreau superficiel lorsque tu quittes la ferme pour rejoindre ton bureau aménagé dans le grenier à grains. La ritournelle de tes émotions est devenue le très martial "Les Bateliers de la Volga" au lieu d'une allègre mélodie de Mozart. Tu regardes ta voiture garée dans l'allée et couverte de neige ou de poussière, et puis tu penses un peu tard que le moment est sans doute venu de te mettre au volant pour aller récolter quelques souvenirs flambant neufs. Car tu es le prédateur de tes propres souvenirs et tu as déjà dévoré tous ceux que tu as réussi à convoquer devant ta conscience avide.
L'insécurité inhérente au simple fait de partir sur la route procure aussitôt l'avantage inestimable d'une attention accrue. La preuve, c'est qu'un nombre disproportionné d'accidents se produisent aux environs du domicile du conducteur qui somnole dans l'illusion de rouler dans un paysage familier. En Afrique orientale, je faisais toujours attention à l'endroit où je m'asseyais à cause de ma profonde aversion pour les mambas verts et autres bestioles mortelles. Chez moi, je me suis un jour assis là où se trouvait d'habitude une chaise et j'ai fait une chute ridicule sur le derrière. Se voir contraint à l'attention procure donc une délicieuse impression de liberté.
C'est à cet instant inaugural de l'écriture que je redoute le plus cet état de "fugue" que j'ai plusieurs fois connu, un état où tout le matériau que j'ai inventé ainsi que la totalité de ma propre histoire personnelle se fondent l'un dans l'autre en étant imprégnés d'une énergie mentale incontrôlable, si bien qu'il me suffit de fermer les yeux pour voir défiler devant moi le tourbillon de centaines d'images. Au début de l'écriture de Dalva, j'ai rempli deux grandes boîtes de fiches jaunes où je notais ces images, après quoi je n'ai plus ressenti le moindre besoin de les consulter, car ces images faisaient déjà partie de ma conscience.
Un ordinateur portable est fondamentalement un bâton utilisé par un chimpanzé pour faire sortir les délicieuses fourmis hors d'un trou dans une bûche.
Peut être honteusement, je suis capable de me dissimuler dans mon travail, alors que Linda affronte les problèmes au présent. Un autre décès plane en arrière-fond comme une montagne, au regard de modestes collines- le mari de ma cousine a trouvé la mort au World Trade Center, laissant trois enfants sans père.
Bon nombre d’entre nous ont pris plaisir à savourer notre domination sur toutes ces espèces.En fait,nous avons crée certains aspects de la religion pour nous rassurer et nous convaincre que nous avons raison de souiller toutes ces autres espèces à notre guise.