Je vis depuis trop longtemps dans cette satanée ville, pensa Resnick, et plus ça va, plus il y a de fantômes qui viennent frapper à ma porte.
Le personnage de Charles Resnick est toujours aussi émouvant : amoureux du jazz et de Lynn, il profite pleinement des instants miraculeux que lui offre la vie, toujours prêt à foncer tête baissée pour défendre sa belle. Les autres personnages sont tout aussi bien campés et chacun croit fermement à la cause qu’il défend.
- Les intrigues sont subtilement menées et mêlées.
- Enfin, John Harvey nous offre une image bigarrée de Nottingham, cette ville qu’il veut représentative du Royaume-Uni, avec sa violence toujours sous-jacente.
Costume sombre, cravate foncée, Resnick, mal à l’aise, était assis sur les minces coussins du canapé, Catherine Njoroge à côté de lui, en simple tailleur-pantalon noir, veste à manches trois-quart et larges revers, les cheveux retenus en arrière par un ruban violet, les mains croisées sur les genoux.
Face à eux, si près dans la petite pièce qu’ils auraient presque pu la toucher en tendant le bras, était assisse Tina, la mère de Kelly, le visage pincé, le dos raidi, les lèvres barbouillées de rouge sombre, tripotant alternativement le petit crucifix en argent qui pendait à son cou ou arrachant les envies autour de ses ongles, où la peau était déjà à vif. Le père, Howard, était renversé en arrière dans un fauteuil en cuir, les jambes croisées, les manches de son sweat-shirt gris retroussées au-dessus du coude, les pieds chaussés de Converse All Stars bleu glacier, non attachées.
Personne ne parlait.
Un portrait encadré de Kelly, souriante, trônait à la place d’honneur sur le manteau de la cheminée, avec, de chaque côté, des photos de famille plus petites.
Parfois, le fait de visiter les lieux, de rester seul dans le silence, de marcher lentement d’une pièce à l’autre, pouvait donner une idée de ce qui s’était passé. Encore une chose qu’elle avait apprise de Resnick et reprise à son compte, à l’époque où elle était jeune inspectrice adjointe. Mais cette fois, il n’y avait rien de plus que l’évident, le déjà connu, pas d’ombres qui se détachaient des murs. Il lui faudrait donc réinterroger les deux hommes, même si elle était de plus en plus convaincue qu’il y avait quelqu’un d’autre dans le coup. Un inconnu, un autre amant, un ami.