Citations sur Pourvu que la nuit s'achève (60)
La folie était une rivière. Elle emportait certains êtres dans son courant, les noyait, alors même qu'ils s'agrippaient à un rocher. Dès que Zeba songeait trop longuement à ma fin qu'avait connue Kamal et aux actes de ce dernier, à ses enfants et à ce qu'il était advenu d'eux, elle sentait le flot impitoyable s'infiltrer entre ses orteils, clapoter contre ses mollets, froid et menaçant.
Autrefois, mère et fille étaient aussi liées qu’une fleur et sa tige. Zeba avait été une enfant resplendissante, la parfaite illustration du nom que son père lui avait donné. Elle quittait les genoux de ce dernier pour s’asseoir à côté de sa mère, gloussait lorsque, à tour de rôle, ils lui chatouillaient le ventre, lui embrassaient le sommet du crâne ou la faisaient sauter en l’air.
Il s’était imaginer élaborer des arguments, construire des défenses, élever le Code pénal afghan à la hauteur de son potentiel et de ses bonnes intentions. Traquer les injustices et la corruption, permettre à la justice de triompher.
Le marchand ouvrit un sac en papier et y versa ses délices. Jour après jour, l'impitoyable soleil avait tanné son visage et ses mains. Il était sans âge. Il avait l'air d'avoir la quarantaine, mais Yusuf, s'était rendu compte que tout le monde en Afghanistan faisait dix ou vingt de plus que son âge, et peu avaient la chance de vivre au - delà de soixante - cinq ans. C'étai comme si le temps s'écoulait en accéléré, même si, pour autant, personne ne semblait développer un sentiment d'urgence face à la perspective d'une vie tronquée.
Si l'art de la corruption se pratiquait dans le monde extérieur, c'était en prison qu'il s'épanouissait.
La famille vivait modestement, mais jouissait du confort moderne. D'un poste de télévision, ils passèrent à deux. Leurs armoires se remplirent de vêtements neufs. Ils remplacèrent ce qu'ils avaient laissé derrière eux par de nouveaux objets. (.......) Ils regardaient la télévision tous ensemble, l'un d'eux gardant le doigt sur la télécommande en cas de scène d'amour. Ils suivaient les nouvelles de leur pays par la presse et le journal télévisé. Après le 11 septembre, ils durent s'armer de courage, choqués de voir des inconnus dans la rue leur hurler leur colère au visage.
Le temps traverse différemment le corps d’une femme. Nous sommes hantées par les jours passés et tourmentes par nos lendemains. C’est ainsi que nous vivons, déchirées entre ce qui s’est déjà produit et ce qui reste à venir.
L’adolescence l’avait doté d’une malheureuse lucidité : il voyait ses parents tels qu’ils étaient.
Et pour cela , il n'avait d'autre choix que de s'éloigner d'Elena .
Il lui vint de la terre d'argile et de montagnes , comme un signal d'alarme retentissant dans ses rêves , le suppliant de la sauver d'elle-même . Il entendit son nom à la radio , voyait son visage sur les couvertures des magazines . Internet hurlait ses douleurs , racontait les bains de sang qui s'y déroulaient , les emprisonnements , les persécutions .
Chaque injustice résonnait en lui comme s'il était son seul espoir .
L'Afghanistan .
Je crois que la plupart des femmes imaginent la mort de leur époux, soit parce qu’elles la redoutent ou l’attendent. C’est inévitable. On se demande quand et comment cela arrivera.
J’avais imaginé mille morts différentes pour mon mari : en vieil homme entouré de ses enfants, ou bien abattu d’une balle par des insurgés, s’écroulant les deux mains sur le cœur, ou encore frappé par la foudre en se rendant là où il n’aurait pas dû. Cette dernière version était ma préférée"