Pourvu que la nuit s'achève

Les hommes ont l'intelligence de n'aimer qu'un instant, la femme la folie d'aimer éternellement.

- Une femme a postulé à la Cour suprême la semaine dernière. Cela prouve qu'un changement est possible.
- Vous ne connaissez pas la suite de l'histoire ? répliqua sèchement Latifa. Sa candidature a été rejetée parce qu'elle a le toupet de saigner tous les mois.

Le fait qu’ils aient si peu de points communs semblait les rapprocher. La langue, la religion, le domaine professionnel… ils s’étudiaient mutuellement avec un intérêt presque universitaire.

Les orages ne surviennent jamais lorsqu’on a besoin d’eux.

Je crois que la plupart des femmes imaginent la mort de leur époux, soit parce qu’elles la redoutent ou l’attendent. C’est inévitable. On se demande quand et comment cela arrivera.
J’avais imaginé mille morts différentes pour mon mari : en vieil homme entouré de ses enfants, ou bien abattu d’une balle par des insurgés, s’écroulant les deux mains sur le cœur, ou encore frappé par la foudre en se rendant là où il n’aurait pas dû. Cette dernière version était ma préférée. Allah, pardonne mon imagination débridée.

Seule, affranchie de colère et de chagrin/ J’ai assez saigné pour aujourd’hui et pour demain/ À présent il est temps que fleurisse mon âme/ Je suis un moineau, j’ai la solitude pour campagne/ les secrets, mon esprit en est plein/ Je chante à tue-tête - je suis seule, enfin! 
(Chanson)

(Il) hocha le menton. C'était une bonne épouse, même si elle le ramenait à sa condition d'homme ordinaire dès l'instant où il franchissait la porte. Elle avait la décence de le faire lorsqu'ils étaient seuls et lui rappelait souvent qu'elle considérait cela comme son devoir : "Le reste du monde baisse la tête devant toi, mon cher juge. C'est mon rôle de te rappeler que tu n'es qu'un homme". (p. 491)

Les gens ne disent des choses gentilles que sur les morts, pour qu'on ne puisse jamais distinguer le vrai du faux. Vous pouvez être une brute dans la vie, mais dès l'instant que vous n'êtes plus de ce monde, tout est pardonné.

• La honte était un sentiment dévastateur. Elle vous contraignait plus solidement que des fers aux chevilles. Du roman pourvu que la nuit s'achève" de Nadia Hashimi {p.345}

• Le temps traverse différemment le corps d’une femme. Nous sommes hantées par les jours passés et tourmentées par nos lendemains. C’est ainsi que nous vivons, déchirées entre ce qui s’est déjà produit et ce qui reste à venir. "Du roman pourvu que la nuit s'achève" de Nadia Hashimi {p.138}