- Tu ne peux rien pour elle, Jacques ! Nous ne pouvons rien ni pour elle, ni pour les autres. Le monde est devenu fou. L'humanité tout entière est devenue folle. Mais qu'y pouvons-nous ? Que sommes-nous?
Papa s'assit sur le canapé et se prit la visage dans les mains. Accablé de son impuissance.
Une photo, soudain, à la toute dernière page, a attiré mon attention.
On y voyait Grand-Père, qui avait à peine plus de 17 ans, en compagnie d'une jeune fille brune. Elle était assise devant lui et Grand-Père debout, avait les deux mains posées sur ses épaules.
Grâce à cette photo Simon va remonter le cours de l'histoire.
Et le rire d'Anna, c'était le soleil en prime.
J'étais très jeune quand j'ai connu Anna. Jeune, timide et terriblement romantique. Je crois que le plus dur pour moi fut de la perdre dans ces circonstances-là : je me sentais terriblement coupable envers elle. Coupable de l'avoir laissée partir, coupable de n'avoir rien pu faire.
Seuls le sourire d'Anna, le regard d'Anna, le rire d'Anna font partie de mes souvenirs de guerre; le reste, l'occupation, les tickets de rationnement, le marché noir, les restrictions, les combats n'ont guère laissé de traces en ma mémoire, ou si peu !