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Jean Hatzfeld avec « La stratégie de l'antilope » continue d'explorer la barbarie humaine à travers le génocide Rwandais. Les tueurs sont de retour, dans les villages de leurs méfaits reprendre leur place laissée en 1994. Pour les survivants de leurs exactions, comment accepter de vivre à côté de leur bourreau ?
Hatzfeld avec la même rigueur, la même justesse donne la parole aux victimes et aux assassins, ces témoignages sont d'une force, d'une émotion palpable inimaginable. Au nom de la réconciliation est-il concevable une seule seconde de pardonner ou faire acte de contrition ?
Hatzfeld s'interroge aussi sur le sens de son travail, comment rendre au plus près les confidences des deux ethnies ? Comment ne pas les trahir en restituant leurs témoignages ?
Un livre douloureux, qui nous mets, nous occidentaux, devant notre responsabilité, notre trahison, notre lâcheté, comment nos gouvernants ont- pu fermer les yeux sur cette barbarie sans nom ?
Une tragédie intolérable, un livre indispensable.

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J'ai passé près de quinze jours sur ce récit, parce qu'il m'était impossible de lire plus de deux chapitres de suite.

Il s'agit de témoignages de Rwandais des deux ethnies, recueillis plus de dix ans après le génocide qui a fait plus de 800 000 morts dans le pays. C'est le dernier opus d'une trilogie qui a commencé par "Dans le nu de la vie" (témoignages de rescapés du génocide) suivi de "Une saison de machettes" (témoignages de tueurs). Dans ce troisième volet, on retrouve les protagonistes des deux premiers.

La genèse de ce livre est une décision du gouvernement rwandais de libérer 40 000 détenus Hutus, condamnés en grande majorité pour leur participation au génocide de 1994. Jean Hatzfeld a éprouvé le besoin de retourner voir comment était vécue cette décision.

On peut imaginer l'émoi qu'a pu susciter la libération des tueurs au sein de la population Tutsie ! Une politique de réconciliation a été mise en place par le gouvernement mais à quel prix cette cohabitation est-elle possible ? Ces témoignages montrent à quel point il est compliqué et douloureux pour les rescapés de croiser dans la rue ou d'avoir pour voisins leurs anciens persécuteurs. Les blessures ne sont pas refermées mais il faut bien vivre ensemble ou du moins côte à côte.

Le livre évoque cette cohabitation mais revient aussi sur les massacres. le point de vue des deux ethnies est exposé. On ne peut qu'être sidéré et écoeuré par ce qui s'est passé. Les survivants parlent des victimes en employant constamment le mot "coupé". C'est effrayant de lire dans un témoignage : "ma voisine et son bébé ont été coupés" ou "ils ont coupé ma soeur".

C'est une lecture certes éprouvante mais utile pour comprendre ce qu'a pu être le dernier grand génocide du XX e siècle. Il est également intéressant d'entendre les témoignages de l'après : la reconstruction et la réconciliation à la fois obligatoires et impossibles.

Ce n'est pas une lecture très gaie en cette période de Noël. En cours de lecture, je me suis demandée pourquoi je m'imposais cela. Je crois que si je suis allée jusqu'au bout, c'est parce je ne me sentais pas le droit d'abandonner ces rescapés. Je pouvais bien faire cet effort, comme celui d'écouter le témoignage des tueurs, pour essayer de comprendre comment une telle abomination avait été possible.

Un recueil de témoignages sur le génocide au Rwanda, éprouvant mais instructif.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Le récit de Jean Hatzfeld se situe au bord des marais de Nyamata au Rwanda. Dix ans après le génocide. Les populations vivent sous le poids de la mémoire. Mais elles vivent aussi auprès des assassins d'hier revenus après les gaçaça, les tribunaux populaires.

Entre les propos de rescapé-e-s et de tueurs, la vie possible et impossible du présent contraint d'un passé indicible et douloureux. Comment vivre entre les mort-e-s, les découpé-e-s, comment se regarder rescapé-e-s, regarder les autres, ceux qui ont tenu les machettes.

Comment vivre après avoir survécu ?

Un récit ouvert aux réflexions sans cesse inabouties des victimes et des assassins. Un terrible livre sur l'humanité.
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La stratégie des antilopes poursuit le travail engagé avec une saison de machettes puis dans le nu de la vie. le temps du récit est si l'on veut passé, il s'agit maintenant pour Jean Hatzfeld de tisser des mots entre les êtres, entre bourreaux et survivants, qui doivent à nouveau cohabiter. Ce livre n'est donc plus tourné vers les événements, mais résolument porté à mettre des mots sur l'imprescriptible. Il s'agit de crimes contre l'humanité, mais aussi de regards de voisins revenus, rescapés ou libérés de prison. le nombre invraisemblbale de bras abrutis par la besogne du génocide rend le chemin de la réconciliation multiple, complexe, et pourtant quotidien. le pays ne peut se passer ni des uns ni des autres. Outre les instigateurs recherchés par la justice internationale, nombreux sont ceux qui sont condamnés à retrouver une vie normale, faite des regards de leurs voisins.
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Récompensé par le Prix Médicis 2007, sans doute l'un des livres le plus bouleversant consacré au génocide rwandais !

Jean Hatzfeld, ancien grand reporter à Libération, s'était déjà penché sur cette affreuse tragédie dans « le nu de la vie » d'abord, qui racontait le massacre des Tutsis par les miliciens Hutus et recueillait la parole des survivants de cet horrible drame ; puis dans « Une saison de machettes », qui donnait cette fois la parole aux tueurs, ces derniers racontant froidement toutes les atrocités qu'ils avaient commises.

« La stratégie des antilopes », troisième opus sur ce génocide, décrit cette fois d'étranges retrouvailles.
Moins de 15 ans après les terribles évènements du printemps 1994 qui ont vu 70% de la population Tutsis massacré à coup de machette, l'Etat rwandais entame une politique de réconciliation, libérant ainsi des pénitenciers les grands tueurs condamnés pour génocide.
Voilà donc les victimes obligées de vivre aux côtés de leurs bourreaux !
Bon gré mal gré, les uns et les autres sont contraints de se retrouver, de cohabiter, dans l'amertume, la tristesse, la peur.

Jean Hatzfeld donne de nouveau la parole aux principaux protagonistes, survivants ou tueurs de ses atrocités.
Et si les anciens bourreaux montrent plus de gêne que de remords, les victimes, elles, expriment avec beaucoup d'émotion, dans une langue empreinte de belgicisme et étonnement poétique dans son oralité, les difficultés de ces retrouvailles forcées.
Les survivants parlent ici des difficultés de croiser au jour le jour ceux qui, il n'y a pas si longtemps, décimaient leurs enfants, leur famille.
Victimes et survivants, qui ont mené l'existence du gibier et connu la peur de l'animal traqué, contemplent maintenant la réussite de leurs assassins au quotidien.

Jean Hatzfeld nous livre avec « La stratégie des antilopes » un témoignage certes un peu répétitif mais non moins bouleversant, un livre qui porte en lui un terrible enseignement : le prix bien peu élevé d'un génocide !
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Ce livre est le troisième de Jean Hatzfeld sur le génocide au Rwanda. le premier " Dans le nu de la vie " donnait la parole aux rescapés ( les Tutsies) de ce massacre de 1994. le second "Une saison de machettes" nous livrait le témoignage des meurtriers (les Hutus) alors qu'ils sont en prison. La genèse du troisième part de la libération du pénitencier de Rilma en 2003 quand Ils reviennent s'installer sur leurs parcelles de terre a coté de leurs anciennes victimes. le livre entremêle les témoignages des victimes et des tueurs douze ans après le génocide. le Rwanda est lancé dans une politique de réconciliation car sans la force de travail des Hutus que deviendrait le Rwanda? Mais si cette réconciliation est souhaitable économiquement pour le pays , elle est impossible car qui pourrait imaginer que les rescapés peuvent voisiner avec ceux qu'ils ont vus dans les marais ou les forêts tuer leurs parents, leurs femmes, leurs maris, leurs enfants ? La politique les obligent a vivre en bonne entente mais on sent sous cette contrainte poindre des deux cotés l'envie et la jalousie. La question que l'on se pose a la fin de la lecture c'est :"Et si tout recommençait ?" car on sent que l'équilibre est précaire. On sent que la rancune et la colère sont toujours là et que les Tutsies et les Hutus ont beau cohabités , il suffit d'une étincelle pour que tout cela s'embrase de nouveau.
Quand on pose ce livre , on se dit que le problème du Rwanda ne sera pas réglé rapidement, il faudra attendre qu'une nouvelle génération arrive et qu'elle arrive a faire table rase de ce passé sanglant mais cela sera difficile.
Trés beau livre a la fois touchant , bouleversant et très dure
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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Un livre exemplaire à mes yeux, qui laisse la place aux témoignage et à l'humanité. Les témoignages de l'horreur vécue pendant les massacres du Rwanda en 1993 sont très durs. L'auteur aborde le thème du pardon, mais pas d'un point de vue théorique. Que se passe-t-il dans la tête des uns et des autres, lorsque les victimes et les bourreaux doivent à nouveau cohabiter?
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Sujet difficile.

Comme toujours plongeant dans le livre sans en rien savoir, je me retrouve cette fois complètement ébahie.

Rwanda, mai 2003. Les tueurs hutus qui ont avoué leurs forfaits sont libérés, presque 10 ans après le génocide. Sous l'oeil hagard et incrédule des Tutsis qui ont survécu au massacre, ils reviennent chez eux. C'est la seule solution pour sauver le Rwanda du désastre économique, ces deux communautés, hutue et tutsie étant complémentaires dans la gestion de la terre et du bétail. Tueurs et rescapés sont condamnés à vivre ensemble en bonne intelligence...

C'est le troisième livre que Jean Hatzfeld consacre à ce sujet, Dans le nu de la vie et Une saison de machettes en évoquaient déjà deux facettes, livres qui comme celui-ci avaient été primés.

La stratégie des antilopes parle de la situation aujourd'hui. Récit entrecoupé de témoignages de tueurs et de rescapés, avec le vocabulaire craquant propre aux Africains. Je vous le conseille vivement.

Incrédulité, horreur, honte et culpabilité ont été mes sentiments lors de cette lecture. Où étais-je en 1994? Sur une autre planète? Pourquoi ça ne m'a pas interpelée, ou de si loin? Même sur l'île de Gorée, au Sénégal, dans la maison des esclaves, lieu duquel s'embarquaient les esclaves envoyés en Europe ou en Amérique, où j'avais été anéantie par ces mêmes sentiments, pas une pensée pour le Rwanda ne m'avait effleurée...

J'ai encore tellement à apprendre. Et à faire.

is@2008

http://bulleglob.lalibreblogs.be/archive/2008/01/27/la-strategie-des-antilopes.html

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Dernière partie d'un ensemble consacré au génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda, La stratégie des antilopes traite avant tout de la douloureuse cohabitation entre tueurs et victimes suite à la libération des bourreaux par l'Etat rwandais et à sa politique de réconciliation.
Comme dans les précédents livres, Jean Hatzfeld expose avec une grande rigueur et un grand respect les témoignages des protagonistes. Par contre, il n'hésite pas à se montrer dans son travail d'écriture, ce qu'il ne faisait pas auparavant, peut-être pour justifier sa démarche auprès des personnes interrogées, mais aussi pour exposer la difficulté de la retranscription pour qu'elle soit, du mieux possible, fidèle aux paroles des témoins. La confrontation des différents points de vue met en lumière le besoin des uns et des autres, pour des raisons différentes, d'oublier le passé, même si cet oubli reste fragile. Malgré les bonnes paroles de réconciliation récitées comme une leçon, une tension persiste jusqu'au dernier mot, confirmant les peurs engendrées par l'exposition première des actes atroces commis par les Hutus. La peur, cette fois, de voir un tel drame se reproduire.
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