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La parole est donnée aux bourreaux et aux victimes pour savoir comment se passe, quelques décennies plus tard, l'après génocide et la mise en oeuvre de la réconciliation. Les témoignages, bien que très variés suivant les personnes, sont souvent plein de sagesse.

Cependant, ce livre reste ce qu'il est, une photographie figée de l'âme et du coeur de chacun à un moment donné. Aucun recul, aucune explication qui puisse éclairer ce qui a pu se passer dans la tête de ces voisins qui, pour certains, se connaissaient depuis les bancs de l'école, ni sur l'organisation implacable de ces tueries (juste quelques allusions au détour d'une phrase).

Mais bien sûr, ce travail fait par l'auteur est indispensable.
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Presque personne au Rwanda, Hutu ou Tutsi, n'a échappé à la sauvagerie quand, en avril 1994, les milices hutu ont commencé à massacrer les Tutsi et les Hutus modérés.
Hatzfeld trouve les survivants psychologiquement brisés et vides, se sentant comme s'ils avaient été 'trahis par la vie - [et] qui peut supporter cela?'
Son récit s'ouvre en 2003, avec le spectre d'une colonne mince, poussiéreuse et interminable de 40 000 hommes, libérés des camps et des pénitenciers après avoir purgé leur peine pour leur rôle dans le génocide. Quelques-uns des internés, dit l'un, jubilaient.
D'autres, niant tout acte répréhensible, étaient furieux d'avoir été emprisonnés.
Tous étaient confrontés au problème de reconstruire leur vie, au milieu des proches et des familles de ceux qu'ils avaient tués. Certains répondent par la boisson, certains par le silence, certains par l'isolement et certains par la colère.
De peur qu'il n'y ait une explosion de femmes battues et de violence après l'amnistie, les fonstionnaires du gouvernement ont conseillé : 'Restez calme avec votre conjoint coupable, soyez pacifique avec votre voisin, patient avec ceux qui sont traumatisés, obéissant avec les autorités. Et ne tardez pas à vous mettre au travail pour nettoyer vos champs envahis par la végétation.'
Les conseils, semble-t-il, ont été suivis,
et si peu de Rwandais semblent heureux et que les soupçons perdurent, la plupart des gens semblent reprendre lentement la vie comme d'habitude, même si, comme le dit un homme, 'j'ai peur des rêves'. Grâce au travail des Rwandais qui insistent pour obtenir justice - un projet ardu, compte tenu de l'absence d'un système judiciaire pleinement fonctionnel et de la difficulté de trouver une simple équité dans les allers-retours entre accusation et défense - une certaine normalité est en place. enfin réalisable dans ce malheureux pays.

Un rapport révélateur de plus et un ajout substantiel à la littérature sur la violence ethnique.
Ce livre, comme tous ceux de Jean Hatzfeld sur les massacres du Ruanda, est indispensable.

Pendant les massacres, l'occident regardait, mais avait envoyé les casques bleus...
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L'auteur, journaliste, retourne manifestement régulièrement au Rwanda depuis 1994, l'année du sinistre génocide au cours duquel 800 000 Tutsis ont été massacrés, coupés à la machette par leurs compatriotes, voisins, amis d'enfance hutus.
A la lecture de ce texte j'ai compris qu'il avait déjà écrit « Dans le nu de la vie » qui racontait par la voix des rescapés les 12 semaines épouvantables de tueries et dans « Une saison de machettes » la version des génocidaires rencontrés dans leur prison.
Quand en 2003, les portes de celles-ci s'ouvrent, c'est une ère nouvelle qu'entame le pays des mille collines, les milles collines quelle belle image pour désigner ce petit pays qui a vu une partie de son peuple se transformer en chasseur quand l'autre partie devenait le gibier…
Ce volume interroge sur la possible réconciliation des Tutsis et des Hutus car l'injonction vient du gouvernement. Il faut pardonner ! Mais comment y arriver ? Comment accorder à nouveau sa confiance ? Comment ne pas trembler quand au hasard d'un chemin, d'une piste on croise « l'avoisinant qui a coupé » toute votre famille, vous a poursuivi dans la montagne, pourchassé dans les marais ?
Jean Hatzfeld donne tout à tour la parole aux uns aux autres, parfois, leurs voix se mêlent donnant à comprendre toute la difficulté de ce défi. Car le Rwanda, si petit qu'il soit a besoin des bras robustes des Hutus, a besoin que les machettes défrichent les parcelles à l'abandon, que les forces hutues cultivent cette terre. Non pas que les Tutsis soient des feignasses, ce sont des pasteurs. Eux produisent lait et viande.
Il y a quelque chose de terrible que de lire les ressentis des victimes face à face à nouveau avec leurs bourreaux.
Il y a quelque chose de révoltant dans les excuses (Pas De pardon, non. Personne ne demande pardon !) que l'on devine peu sincères formulées par les génocidaires qu'ils avancent par calcul, pour sortir de prison, reprendre leur vie comme si quasiment rien ne s'était passé.
Il y a quelque chose comme de l'injustice à deviner le désarroi des rescapés qui voient les monstres d'hier redevenir prospères alors qu'eux tentent tant bien que mal de recommencer leur vie.
Il y a quelque d'effroyable de saisir le contraste entre la douceur du Rwanda et la folle brutalité du printemps 94.
Bouleversant !
Merci au Challenge Solidaire qui a suggéré la lecture de cet auteur que je ne connaissais pas. Je lirai probablement les 1ers récits qu'il a consacré au Rwanda
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SI l'auteur est encore en vie, je lui propose de faire des recherches et faire des recherches objectivement, et nous écrire le quatrième tome.
Voilà ce que je lui propose pour qu'il en tienne compte:
- avoir des témoignages des Tutsis et Hutus qui vivaient au Rwanda avant le génocide
- Avoir des témoignages des Hutus et Tutsis qui étaient au Rwanda pendant le génocide
- Avoir des témoignages de ceux qui ont été au Zaire dans les camps de réfugiés
- Avoir des témoignages des hutus et Tutsis qui vivent au Rwanda actuellement
- Avoir des témoignages des Tutsi qui ne vivent pas au Rwanda , qui sont en exil'et qui ont quitté le Rwanda après 2015.
- Avoir des témoignages des Hutus qui ne vivent pas au Rwanda , qui sont en exil'et qui ont quitté le Rwanda après 2015.

Je pense qu'après avoir recueilli ces témoignages, il pourra nous en faire un beau livre...
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Une oeuvre magistrale, qui porte en elle toutes les voix d'un pays divisé à jamais. Jean Hatzfeld réussit l'exploit de s'effacer complètement derrière ses personnages pour nous livrer un témoignage complet, délicat et toujours juste des conséquences du génocide rwandais. La remise en forme des interviews est lumineuse, guidée par un esprit nuancé qui sait obtenir des éléments sans être indiscret. Tous les sentiments, toutes les humiliations sont mises à plat et pourtant le pathétique n'a pas sa place dans cet ouvrage, alors que le sujet s'y prêterait volontiers. C'est là toute la force et le génie de l'auteur qui prouve non seulement sa qualité d'écrivain mais aussi d'être humain.
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Comment réconcilier les victimes d'un génocide avec leurs bourreaux ? C'est le défi que s'est lancé le Rwanda en 2003. le livre raconte les premiers pas de la réconciliation, où les rescapés voient revenir ceux qui ont voulu les massacrer dix ans auparavant. Il raconte les efforts des tueurs pour se faire accepter et la frustration des survivants de voir leurs tourmenteurs s'en sortir après quelques années de prison.
Jean Hatzfeld rassemble les témoignages de tous les protagonistes. Ils lui racontent leur histoire et, malgré le traumatisme qu'ils ont subi, analysent l'histoire avec la clairvoyance d'un observateur extérieur.
Ce livre est d'une force incroyable, et il aide à comprendre la tragédie qu'a vécu le Rwanda
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J'avais beaucoup aimé "Une saison de machettes" et "Dans le nu de la vie", lus il y a longtemps. Malheureusement j'ai trouvé que ce dernier titre n'ajoutait pas grand-chose aux deux premiers.
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Il est difficile de faire un résumé concis de ce 3ème livre de Jean Hatzfeld sur le génocide rwandais tant la violence des mots, la furie des actes sont hors-normes, tant on pensait qu'un tel massacre au XXème siècle ne pouvait plus être possible après la Shoah de la 2ème GM. Mais malheureusement, l'être humain, dans ce domaine, n'apprend jamais rien apparemment et sait se rendre inventif.
Le chapitre sur la vison noire des Africains est si éclairant, cette lucidité sur comment les Blancs les voient, comment eux-même se voient et sur leur évolution et leurs différences. Les témoignages, des 2 bords, sont si forts, poignants ou effarants ou les 2 selon les points de vue.
Encore donc des témoignages sur ce passage très douloureux de l'Histoire rwandaise qui cicatrise lentement, grâce à une politique de réconciliation qui ne résout rien mais qui laisse le pays avancer vers une autre destinée plus apaisée.
Il semble si incroyable qu'aujourd'hui se côtoient quotidiennement ceux qui ont tué avec ceux qui ont survécu mais peut-être est-ce ça aussi la résilience mise en avant aujourd'hui. C'est très touchant la sincérité des réponses des rescapés, à faire venir les larmes aux yeux tant on voudrait les protéger et leur rendre plus de justice....
A lire, avec les 2 autres opus (Dans le nu de la vie et Une saison de machettes) car si parlant, fascinant et apprenant.
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Il s'agit ici d'écouter parler tous ceux là, les rescapés, les survivants, tous ceux qui ont usé de stratégies pour survivre aux tueries perpétrées contre leurs familles et les leurs lors du genocIde de 1994.
Ce livre est un documentaire, l'écriture est journalistique.
Je vis à Kigali et comme à chaque fois, je m'instruis, je recherche, je lis l'histoire des uns pour comprendre le comportement qui en découle... l'histoire des hommes. Mais il serait dommage de résumer le Rwanda à cela. Alors parfois je lis un peu jean hazfeld et parfois je m'arrête et je me divertis avec une àutre lecture. Pàrce que le rwanda ce nest pàs que celà..
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La réconciliation peut-elle se faire sous la contrainte? Pardonner est-il possible quand on a vu sa famille se faire décimer et quand on a vécu au rang de bête traquée, la menace de la mort toujours plus proche?
C'est autour de ces questions que Jean Hatzfeld tente de nous faire réfléchir, sans jamais prendre d'autre parti que celui de rendre compte. Dans ce livre, les récits s'enchaînent. D'un côté ; ceux des Tutsis, qui racontent le génocide, vécu dans leur âme et dans leur chair. Avec des mots simples, ils nous entraînent dans l'horreur mais aussi dans leur périlleux exercice de résilience, sous fond d'obéissance à la patrie puisqu'on a décidé pour eux tous en libérant leurs bourreaux. le pays doit continuer à vivre et a besoin de toutes les forces humaines. Cette abnégation dont ils font part m'a laissé sans voix.
Les récits des Hutus sont plus "policés". Ce sont des "repentants" aux yeux de leur pays et ils doivent agir en fonction. Si certains n'abordent pas les massacres, d'autres décrivent très bien comment il peut être facile d'emprunter le chemin de la haine et de suivre le groupe.
J'ai aimé cet ouvrage car il délivre une parole vraie, au plus proche, je le pense, de l'authenticité. L'auteur met en avant le contexte historique des années après le génocide.
Les récits des Tutsis forcent l'admiration et nous renvoient indubitablement à cette question: comment avons-nous pu laisser faire cela?
Un livre essentiel à mon avis, pour ne pas oublier.
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