AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,22

sur 23 notes
5
6 avis
4
7 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Je suis un guépardPhilippe HAURET aux Editions Jigal polar
ISBN 978-2-37722-099-1


4ème de couverture :
Le jour, Lino, employé anonyme d'une grosse boîte, trime sans passion au 37e étage d'une tour parisienne. La nuit, dans son studio miteux, il cogite, désespère, noircit des pages blanches et se rêve écrivain…

Un peu plus loin, Jessica arpente les rues, fait la manche et lutte chaque jour pour survivre.

Deux âmes perdues qui ne vont pas tarder à se télescoper et tenter de s'apprivoiser, entre désir, scrupule, débrouille et désillusion…

Jusqu'au jour où Jessica fait la connaissance de Melvin, un jeune et riche businessman qui s'ennuie ferme au bras de la somptueuse Charlène.

Deux univers vont alors s'entremêler pour le meilleur et surtout pour le pire…


L'histoire :
Le service militaire à une époque où il existait encore. Lino et son pote Tony. Deux jeunes plein de rêves et de projets. L'un veut être écrivain, l'autre pâtissier. Des manoeuvres à la con pendant les classes, un accident, et des rêves qui tournent court.
Lino sera alors classifié P4 et rendu à la vie civile.
Changé à tout jamais.

Nous le retrouvons dans un job banal, enfermé pour la journée dans une des tours de la Défense.
Son exutoire à cette vie monotone, lui qui a été avalé par ce système qu'il exècre, comme des milliers d'autres, ce système déshumanisé, c'est l'écriture (puis il y a l'alcool aussi).
Le soir, lorsqu'il retrouve son studio, via son traitement de texte, il offre à ses héros la vengeance à son quotidien étouffant, celle à laquelle il aspire et leur permet de briller, faute de briller lui-même.
Un soir, devant son palier il trouve une SDF, et alors son quotidien va être chamboulé. Irrémédiablement.

Extrait page 35 :
« Ce fût l'odeur du café qui le réveilla.
Elle était assise dans la cuisine, habillée, coiffée, maquillée, ses joues avaient légèrement dégonflé. A la découvrir ainsi débarrassée des stigmates de la rue, Lino avait l'impression d'avoir affaire à une autre personne. La belle derrière la bête, un truc dans le genre. »

La cohabitation « charitable » va prendre une tournure plus charnelle. Elle lui fait du bien cette fille. Lui donne envie de s'ouvrir aux autres. de croire à quelque chose.
Mais elle fait partie de ce peuple de délaissés, abandonné par la société. Elle n'est que colère contre ce système qui l'a laissé de côté. Elle gronde, mord et bouillonne.
Il faut dire que cette colère a des raisons d'exister : une famille en miettes, un père violent. La mère partie depuis longtemps. le père lui en veut, à elle. Un soir, la raclée de trop. Tel un guépard elle va fuir pour survivre. Finalement son père termine au gnouf et elle en famille d'accueil. Une gentille famille. Mais elle n'est plus capable de vivre « normalement ». A 18 ans elle taille la route. Tente le boulot, mais les contraintes, non sans façon. Et c'est comme ça qu'elle se retrouve à faire la manche. Et finalement devant la porte de Lino.

Extrait page 44 :
« - Dis-moi, Lino, c'est quoi ton rêve ? Gratter toute la journée et t'offrir un restau chinois en fin de mois ? Voir la mer une semaine par an, être en règle avec les impôts ? On t'a pas dit que la vie est courte, imprévisible et dangereuse ? Moi, je veux pas de ce type de contrat en bois. Tu saisis ? Je rentrerai jamais dans leur système. Je les emmerde. Je préfère la rue plutôt que de bosser pour une misère. »

Une envie de weekend et de voir la mer exprimée par Jessica, voilà lino qui « emprunte » de l'argent à sa Sté. Il veut faire plaisir à son impatiente. Apaiser cette colère en elle.
Cet « Emprunt » coûtera sa place à la jeune mère célibataire responsable du coffre. Lino sentira le poids de la culpabilité peser.

Un jour un portefeuille tombe d'une poche devant Jessica. Elle le ramasse et garde la somme importante qu'il contient. Sans état d'âme elle va ensuite le restituer à son propriétaire. le jeune homme possède des boutiques de fringues de créateurs et lui offre un job. Il s'agit de Melvin, qui s'ennuie dans sa vie. le charme sauvage de Jessica l'a mordu au coeur. Il a pourtant à ses côté une femme sublime.

Jessica doit composer pour rentrer dans le moule d'un milieu qui n'est pas le sien. Et faire face aux contraintes liées à un emploi. Puis toutes ces belles choses… Que de tentations.

Melvin va inviter le couple Jessica – Lino à un dîner. Lino ne se sent pas à sa place. Jessica et sa franchise s'y font remarquer. C'est que les amis de Melvin n'ont pas la même vision du monde qu'elle. Ce côté sans-filtre plait de plus en plus à Melvin qui les convie à une partie de chasse dans sa résidence secondaire. Il faut dire que Jessica lui laisse à penser qu'il a ses chances…

Mais l'on n'apprivoise pas un animal sauvage. Surtout lorsqu'il a été irrémédiablement blessé.
Lino comme Melvin en feront les frais.

Un roman noir et dense. Des êtres écorchés vifs. Une peinture sociale sans concession. Bravo Philippe ! Un très bon moment de lecture.


Commenter  J’apprécie          10
La richesse et la pauvreté se méprisent.

L'une craint que la seconde soit contagieuse. L'autre ne pense qu'à prendre la place de la première. A trop être différent, on en perd l'acceptation et la tolérance et à travers ce roman, Philippe Hauret donne une exacte définition de cette incompréhension de classes.

Les individus de « Je suis un guépard » semblent ne pas être à leur place, quelle qu'elle soit. Argent, réussite ou amour paraissent ne pas apporter suffisamment de bonheur. Aucun d'entre eux n'accepte sa destinée.

Il faut dire que Philippe Hauret a fait le choix de faire s'entrechoquer deux mondes radicalement opposés et qu'inéluctablement, l'abîme entre ces deux univers se creuse davantage après avoir tenté de se rapprocher. Les hommes, paraît-il, naissent égaux…

Une bonne part de ce roman fait se poser des questions sur son objectif et son ambition. Les individus n'y sont pas très séduisants, je les accuse même d'un défaut d'épaisseur, d'une certaine mollesse qui à la fois agace et repose.

Rien n'y transparaît si ce n'est un inéluctable choc des cultures et la presque lenteur du texte rend une partie du récit légèrement monotone.

Mais une partie seulement car soudain, tout s'accélère. Presque trop vite. Sans avoir préparé le lecteur à ce sursaut qui pourtant, était inévitable.

La machine lancée, plus rien ne peut l'arrêter et tout prend son sens.

Le titre fait entrevoir le beau et le tragique dans le commun. Il n'existe plus ni banalité ni monotonie car Philippe Hauret donne enfin chair à ses personnages. Il écrit leurs destins, il les fait vivre intensément, brise leurs espoirs ou réalise leurs rêves. Il fait d'eux des égoïstes ou des opportunistes. Des gagnants et des perdants.

« Je suis un guépard » n'est pas un roman fait de violence mais un conte sociétal noir sur la place de chacun. Un échiquier où la reine se fait prendre par son cavalier avant de chuter du haut de sa tour.

Des fragments de vies comme il en existe tant mais racontés avec talent.


Lien : https://sous-les-paves-la-pa..
Commenter  J’apprécie          10

" Je suis un guépard" de Philippe Hauret est un roman court mais assez dense. Lino, Jessica ou Melvin ne sont pas satisfaits de ce qu'ils vivent à juste titre ou pas. L'auteur, par petites touches, suit ces personnages qui se rejoignent pour quelquefois mieux se détacher.

J'ai beaucoup apprécié l'approche sociale que l'on retrouve souvent chez Jigal. Philippe Hauret sait plonger le lecteur dans l'ambiance de ses personnages, traçant leur quotidien et leur état d'esprit.

"... Ils avaient pleinement conscience de la médiocrité de leur vie, se doutaient qu'ils pourraient disparaître du jour au lendemain sans que personne ne s'en émeuve, mais pas le choix, il fallait continuer, car au moindre écart, la bête risquait de les avaler. Une absence prolongée, un retard de paiement et le frigo se vidait, la lumière se coupait, le logement sautait."

L'histoire est pleine de surprise car je ne savais jamais ce que les protagonistes allaient décider de faire. Leurs réactions sont vives et inattendues. Cela donne un rythme original à ce roman.

Par contre, j'ai eu du mal à avoir de l'empathie pour un des héros que je ne citerais pas pour ne pas divulguer l'intrigue. Ainsi la fin est très particulière et j'aurais aimé en savoir davantage sur les motivations et les conséquences des actes de chacun des personnages.

J'ai été séduite par l'écriture, alerte et directe. L'auteur est habile dans le choix du mot juste pour désigner une situation ou une réaction. Cela contribue d'ailleurs à rendre ce livre attachant. Les dialogues sont bien maîtrisés voire même savoureux.

De plus Philippe Hauret fait réfléchir sur les fragilités de l'existence et sur les effets de l'indifférence de notre société. L'absurdité de la vie est parfois décrite simplement mais de manière efficace.

" Lino sortit du métro, s'étonnant que les gens fassent comme si de rien n'était. Pourtant un homme venait de mourir sous leurs pieds. C'était donc ça la règle, on pouvait crever sans que cela ne trouble personne. Quelle vie absurde..."

" Je suis un guépard" m'a fait passer un moment agréable mais je déplore quand même une fin trop brusque car j'attendais d'en savoir plus sur l'ensemble des personnages. Dans une suite peut-être?
Lien : http://delphlabibliovore.blo..
Commenter  J’apprécie          10
Lino est dans sa routine parisienne. Une forme de métro boulot dodo. Un quotidien morne et triste. Il écrit de temps en temps mais sans parvenir à sortir de sa léthargie. Non loin de là dans Paris, Jessica se retrouve à la rue et doit trouver un endroit rapidement pour dormir en sécurité. Ces deux-là vont finir par se croiser et l'intrigue va pouvoir décoller.
Philippe Hauret campe un roman bien noir. Un roman dans la veine des polars où les personnages s'opposent au fonctionnement de la société mais ne peuvent en réalité que subirent les affres de cette dernière. Les inégalités, la violence sociale, le sens donné au travail. Autant de questionnements que l'on retrouve dans les dialogues sans tomber dans le cliché. L'écriture est concise tout comme les chapitres et le livre est prenant. Un très bon bouquin.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
Commenter  J’apprécie          00
Ce roman est la parfaite réalité de notre société et à la lecture de "Je suis un guépard" on se rend encore plus compte de son malaise. Les horaires de travail et le temps de travail pour un salaire de misère, le nombre plus grand chaque jour de sdf, la résignation de cette population comme si tout était irrémédiable.

Vous me direz mais quel est l'intérêt de lire ce livre si c'est la parfaite copie de ce que l'on vit tous les jours ? Pourtant l'auteur avec ses mots simples et son style d'écriture ne laisse rien au hasard, il nous ouvre aussi les yeux et nous prouve que l'espoir existe toujours, il est au bout du chemin parfois un long chemin semé d'embûches avec au bout une éclaircie, une embellie dans ce monde si noir.
Lien : http://pausepolars.canalblog..
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (40) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2873 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}