La narratrice de ce court récit n'est pas très différente des autres livres de
Marlen Haushofer : la quarantaine, mariée, deux enfants (un garçon et une fille). On ne peut s'empêcher d'y voir à chaque fois un reflet de l'auteur elle-même. Ici, le mari, c'est Richard, un homme pour qui aimer, c'est posséder. Il est avocat et trompe souvent sa femme. Anna est très proche de son fils aîné, Wolfgang, moins de la petite Annette. Mais c'est une vie de famille bien ordinaire. Comme dans les autres livres de
Marlen Haushofer, la narratrice est une contemplatrice. Elle passe ses journées à la maison, souvent à la fenêtre. Dans
le Mur invisible, une corneille blanche la ramenait à sa solitude ; on retrouve ce motif de l'oiseau dans
Dans la Mansarde puisqu'elle est incapable d'en dessiner un qui ne donne pas l'impression d'être seul au monde. Dans
Nous avons tué Stella, elle remarque un oisillon qui pleure dans un tilleul, sous sa fenêtre : sa mère viendra-t-elle le chercher? Il est encore une fois très symbolique de ce qui se trame dans ces lignes. En quelques mots, Anna a accepté de prendre chez elle, le temps de l'année scolaire, la fille d'une amie qu'elle n'aime pas, Louise. Stella vit "à côté" de la famille, retirée dans sa chambre. Elle ne lit pas, ne leur ressemble pas. Elle est terne. Un jour, il vient l'idée à Anna de la rendre plus belle. Mais le loup est déjà dans la bergerie, et il s'appelle Richard...
Le récit raconte comment cette jeune fille en est venue à se jeter sous un camion.
Richard transpire l'égoïsme et l'orgueil, et la narratrice, dont le prénom n'est cité qu'une fois, fait preuve d'une lâcheté incroyable. Passive devant la tragédie à laquelle elle assistera sans jamais intervenir, elle reste enfermée dans sa petite vie bourgeoise, ennuyeuse et (presque?) ratée...
Et tout cela est raconté avec froideur.
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