AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 50 notes
5
5 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La philosophie de la vie d'Anna la narratrice se résume à cette citation "Il m'est arrivé jadis de céder à la tentation et de descendre au jardin, mais je n'en ai retiré que de la déception. C'est d'ici, de la fenêtre, qu'il se trouve juste à la bonne distance."
Marié à Richard, un avocat de renom qui procure à sa famille une aisance matérielle, mère de deux enfants, Wolfgang et Annette, elle se tient à distance de sa vie, analysant en direct son propre comportement et celui de son entourage sans jamais influencer en rien son déroulement.
Alors que la narratrice du Mur Invisible se retrouvait isolée par un phénomène extérieur indépendant de sa volonté, Anna, elle, s'isole volontairement pour fuir sa vie, se retrouvant incapable d'agir lorsque celle-ci la rattrappe et la confronte à son déni permanent.
Lorsque Louise, sa supposée amie, lui demande d'héberger sa fille Stella durant les mois de sa scolarité, Anna accepte en redoutant ce grain de sable qui va gripper les mécanismes de sa vie de façade sans pourtant oser refuser. Elle va même accélérer le processus qui va faire de Stella une victime expiatoire sacrifiée sur l'autel de sa tranquillité.
Roman court, hallucinant par la force et le désespoir qui s'en dégage. Récit froid d'une vie refusée. Récit dont on s'interroge sur ce qui peut en être à l'origine. Marlen Haushofer née en 1920 a vécu adulte durant la seconde guerre mondiale dont Anna évoque brièvement ses conséquences sur sa relation avec son fils Wolfgang.
"Mon trop grand attachement à cet enfant vient peut-être de ce que pendant la guerre je l'ai traîné d'innombrables fois dans les caves, de nuit comme de jour, le serrant tout contre moi pour lui donner la chaleur nécessaire et ne songenant qu'à sauver ce germe de vie. (...) et dans mes rêves je continue à traîner ce petit ballot dans des caves obscures, à travers la poussière et l'odeur de brûlé des maisons incendiées qui s'effondrent."
Wolfgang apparaît comme le seul être doué de raison dans ce jeu de rôle permanent qu'est devenu la vie d'Anna après qu'elle se soit rendu compte de la vraie nature de son mariage et de sa relation avec Richard :
"Jeune mariée je lui demandai un jour "Pourquoi m'aimes-tu ?" Sa réponse vint, rapide, assurée : "Parce que tu m'appartiens.(...) Je suis une piètre comédienne, mais il est vrai que Richard joue pour nous deux.(...) La vie avec Richard m'a corrompue et rendue irrécupérable."
La peur d'Anna est toute dans sa crainte de voir un jour la vie submerger l'univers dans lequel elle se réfugie pour la fuir.
"Mais ce n'est pas tout, j'éprouve aussi une autre terreur, une autre épouvante, l'impression que, dans l'instant qui suit, quelque chose va m'assaillir, brisant le mur invisible."
A lire je vous dis.
.

Lien : https://camalonga.wordpress...
Commenter  J’apprécie          260
Décidément Marlen Haushofer ne cessera jamais de me surprendre. J'avais dévoré "Le mur invisible" et j'ai réservé le même sort à "Nous avons tué Stella". Un roman très court, à peine soixante-dix pages, qui pourtant nous marque de par sa vérité brute et sa violence froide.

Comme l'annonce le titre, Stella est morte. L'auteure explore la lâcheté humaine, le fait de détourner le regard, de regarder ailleurs pour ne pas perturber son quotidien bien ordonné. Comment l'humain réussit à se persuader du bien-fondé de son acte. Comment une jeune fille innocente peur finir entre les mains d'adultes désabusés par la vie et qui ont besoin de la faire participer à leurs jeux pervers. Comment une phrase peut tout déclencher. Comment une personne, une parole, un acte peut changer à jamais des relations familiales.

"Nous avons tué Stella" c'est tout cela. de l'ennui, de la lâcheté, de la perversion et surtout des regrets.

Le personnage de la mère est particulièrement bien travaillé : nous sommes au plus près de son âme, nous sommes dans sa tête. Nous vivons toutes ses émotions. Puis surtout nous savons depuis le début que Stella va mourir, et nous nous dirigeons tout doucement vers cette fin affreuse, sans avoir l'espoir que quelque chose pourrait la changer. Car il a suffit d'une phrase pour que tout soit joué à l'avance.
Lien : https://labullederealita.wor..
Commenter  J’apprécie          90
Véritable coup de coeur, Nous avons tué Stella est digne du talent de Marlen Haushofer, une plume de très grand talent, franchement pas assez connue !
Stella, c'est la fille de vingt ans d'une connaissance de la narratrice, qui s'en débarrasse en pension chez eux. Seulement voilà, le mari est un coureur de jupons sans le moindre scrupule et la narratrice ne désirant rien d'autre que voir cet époux les laisser en paix, leur fils et elle , tous les ingrédients d'un drame sont réunis. Très lucide, très cynique, elle décortique leur famille et ses secrets, leur lâcheté, leur désir de voir le quotidien, pas franchement heureux certes mais confortable, préservé.
Très intense, ce très court texte est aussi marquant que des milliers de pages auraient pu l'être : tout est dit et on le referme, sans jamais l'oublier.
Commenter  J’apprécie          81
Après avoir lu et aimé le mur invisible,je suis abasourdie par le contenu et le style diamétralement opposés de celui-ci.
Une histoire à la base très simple: pour faire plaisir à son amie Louise,Anna ,son mari et leurs deux enfants:Annette et Wolfgang, va accueillir chez elle pendant quelques mois la fille de Louise :Stella, âgée de 20 ans.
Et c'est cette intrusion dans cette famille bourgeoise et "bien pensante "qui va nous être décrite.
J'ai eu l'impression tout au long de ma lecture qu Anna était derrière une glace sans tain et nous racontait le quotidien de cette famille où malgré tout si tout est orchestré, il y a quelques bémols qu'on tente de camoufler,il faut faire "bonne figure",car sous des aspects "bon chic -bon genre on va assister à la lente descente aux enfers de Stella.En effet ,le mal qui gangrène ce couplé, c'est un mari très volage,qui aime les femmes et l'argent et qui après avoir séduit la pauvre Stella,va lui faire comprendre qu'il s'est bien amusé avec elle mais il est passé à autre chose,c'est à dire qu'un autre parfum l'auréole et sa femme sait tout cela ,elle connaît son mari mais pour sauver les apparences au sein de leur société, elle se tait.Loin de mettre en garde la jeune Stella ,elle va voir se derouler le drame sous ses yeux,sans jamais intervenir.Tout cela va être décrit minutieusement, sans un regret ,de façon très laconique,et si la mort de Stella peut passer pour un accident,elle en est presque contente,la vie reprendra son cours et sa famille n'est pas détruite.
En lisant ce court roman,j'ai été confrontée à un sentiment de froideur, hypocrisie,cynisme allant presque jusqu'au morbide.Le style est bon,et je continuerai à lire les oeuvres de Marlen Haushofer, mais j'ai été très "déroutée " par ce petit roman,tant il est différent du "mur invisible".☆☆☆
Commenter  J’apprécie          70
Aujourd'hui, j'ai une lecture idéale pour celles et ceux qui cherchent un livre court avec une histoire très forte. L'auteure autrichienne, Marlen Haushofer, est en France connue surtout pour son livre « le mur invisible ». J'ai donc décidé de faire une petite publicité pour un autre de ses titres : Nous avons tué Stella.

Dès les premières pages, on prête l'oreille à la voix d'une femme – Anna – qui se confesse sur sa vie quotidienne, sa vie de couple. La famille vit dans un ménage où tout est parfaitement rangé au premier regard : une femme s'occupant de la maison, un mari qui a du succès dans son travail et deux charmants enfants (un garçon qui tient de la mère et une petite fille à papa).

Néanmoins, la femme nous permet d'entrevoir ce qui se cache derrière les portes et met à nu un couple dont l'union n'est que de façade. Une hypocrisie parfaite avec beaucoup de non-dits, où on préfère se taire ou tourner les yeux au lieux de discuter. le mari – Richard – est un coureur de jupons, sans scrupules, sans empathie envers les autres (il est tellement bien décrit que son visage propret et l'intérieur pourri m'agacent et me dégoûtent encore aujourd'hui). La femme ne se doute pas une seule seconde qui va devenir sa prochaine proie le jour où une jeune fille leur est confiée. Stella, un personnage malheureux, qui ne réalise probablement même pas que personne ne s'intéresse à elle (sa mère incluse). La pauvre se glisse donc dans la maison froide et n'ayant aucune expérience, elle tombe sous le charme de cet homme constamment à la chasse. Et petit à petit, on s'approche d'un événement tragique… (dans la version originale, le titre du livre n'est pas au passé, il se traduirait par On tue Stella ou peut-être On est en train de tuer Stella)

Pourquoi Anna se confesse ? Car connaissant son époux, elle n'a rien fait pour empêcher le drame qu'elle a pourtant vu venir. Ses mots sont froids, distants, mais elle n'arrive pas à oublier. Elle finira par être punie d'une autre façon. le lecteur oscille entre la sympathie envers Anna (ça arrive rarement au cours de la lecture, mais ça arrive) et l'incrédulité devant sa froideur.

80 pages où le lecteur retient son souffle… Les observations de la nature humaine par Marlen Haushofer sont pertinentes, j'en ai eu le coeur serré. le personnage d'Anna est marquant par le côté glaçant, condescendant de son flot de pensées, mais aussi par ses déceptions, sa condition de femme soumise à l'homme dans la société patriarcale.
Lien : https://evabouquine.wordpres..
Commenter  J’apprécie          40


Lecteurs (101) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
416 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *}