Citations sur Le Clan des Otori, tome 4 : Le vol du héron (22)
Il se rappelait avec nostalgie tous les talents qu'il avait possédés, dont ses aptitudes actuelles n'étaient plus que l'ombre. Il aspirait à quitter ce corps comme une enveloppe usée afin d'entrer dans l'autre monde, dans l'autre vie, quoi que l'au-delà lui réserve. S'il pouvait parvenir à sauver le garçon... mais qui peut éviter à son prochain le voyage que le destin lui prescrit depuis sa naissance ?
- Toute chose a une cause et un effet.
"Lord Hiroshi says preparing for war is the best defense against it"Shigeko replied.
"Lord Hiroshi" Miki whispered elbowing Maya. Both giggled.
The color rose on in Shigeko face. "What?" she demanded.
"You are always telling us what Lord Hiroshi says, and then you blush."
"I was not awared of it"Shigeko said, covering her embarassment with formal speech. " Anyway, it has no particular significance. Hiroshi is one of our instructors - and a very wise one. It is natural I should learn is maxims."
"Lord Myoshi Gemba is one of you instructors," Miki said "But you rarely quote what he says."
"And he does not make you turn red." Maya added.
Ils étaient semblables aux étoiles errantes du ciel, qui paraissaient se rapprocher puis sont séparées par le mouvement inexorable du ciel. A partir de cette nuit, leurs trajectoires les éloigneraient l'un de l'autre, même s'ils ne devaient jamais cesser de ressentir une invisible attraction.
- Je dois faire vite, se dit-elle. Il ne faut pas que Makoto m'en empêche.
Mais ce ne fut pas Makoo qui fit tomber le poignard de ses mains. Ce fut la voix d'une fillette criant dans la salle des peintures :
- Mère !
Miki courut dans le jardin, pieds nus, les cheveux en désordre.
- Mère ! Vous êtes venue !
Kaede eut un choc en voyant combien Miki ressemblait maintenant à Takeo. Puis elle se vit elle-même dans sa fille, en cet âge où elle s'apprêtait à devenir une femme. Elle avait été un otage, seule et sans protection. Pendant toute son enfance, elle n'avait pas eu de mère. Devant le chagrin de sa fille, elle songea :
- Je ne peux pas ajouter encore à cette douleur.
Elle se souvient que Miki avait perdu sa soeur jumelle, et elle versa de nouveau des larmes pour Maya, son enfant.
- Il faut que je vive pour Miki, pour Sunaomi et Chikara. Et pour Shigeko bien sûr. Et même pour ce garçon qui ne s'appellera plus Hisao. Pour tous les enfants de Takeo - nos enfants.
Elle leva son poignard et le jeta loin d'elle. Puis elle ouvrit ses bars à sa fille.
Une volée de moineaux se posèrent sur les rochers et l'herbe autour d'elles, en remplissant l'air de leurs pépiements. Comme s'ils obéissaient à un signal lointain, ils repartirent tous ensemble et s'envolèrent dans la forêt.
Ce fut la dernière fois que je vis les houous. Ils ont abandonné la forêt. Qui sait quand ils reviendront ?
Le chat agonisait. Miki courut vers lui en criant le nom de sa soeur. Je n'ai jamais rien vu d'aussi impressionnant : la fillette semblait devenir un sabre. La lumière qu'elle irradiait nous aveugla, Gemba et boi. Nous eûmes tous deux l'impression qu'un lien était tranché. Le chat se dissipa à l'instant où Miki se jeta sur lui. Quand nous retrouvâmes la vue, Miki serrait dans ses bras sa soeur morte. Nous pensons que l'intervention de Miki a sauvé Maya, qui n'aurait pas à rester à jamais l'esprit d'un chat. Nous prions pour qu'elle renaisse dans une vie meilleure, où les jumeaux ne seront pas un objet de haine et de terreur.
Accourant vers elles, Takeo étreignit ses deux filles, l'une morte, l'autre vivante. Ses yeux étincelaient comme des joyaux.
Elle resta toute la nuit assise à son chevet, en tenant sa main tandis qu'il dérivait entre la veille et le sommeil. De temps en temps, ils parlaient de chevaux, évoquaient leur enfance à Hagi. Elle avait l'impression de lui dire adieu. Plus jamais ils ne serraient aussi proches. Ils étaient semblables aux étoiles errantes du ciel, qui paraissent se rapprocher puis ont séparées par le mouvement inexorable du ciel. A partir de cette nuit, leurs trajectoires les éloignaient l'un de l'autre, même s'ils ne devaient jamais cesser de ressentir une invisible attraction.
Il revit en lui-même les jardins de Terayama et les peintures incomparables, entendit les paroles de Matsuda résonner du fond des années :
- Revenez nous voir quand tout sera terminé.
A l'époque, il avait demandé :
- Y aura-t'il jamais une fin ?
- Tout ce qui a un commencement a une fin avait répondu Matsuda.
A présent, la fin était venue, soudaine mais inévitable. Le filet aux mailles serrées du Ciel s'était refermé sur lui, comme il le fait finalement pour tous les êtres vivants. Tout était terminé. Il allait retourner à Terayama.
Les porteurs déposèrent Shizuka à l'entrée du sanctuaire et elle s'avança lentement dans la cour principale, si légère qu'elle semblait planer. La foule se pressant dans l'entrée la vit s'asseoir par terre en croisant les jambes, comme un être divin sur une fleur de lotus, avant de se laisser enfin à verser des larmes pour la mort d'un de ses fils et pour la traîtrise de l'autre.
Elle resta assise là tandis qu'on célébrait les rites funéraires et qu'on gravait et érigeait les stèles. Les jours passèrent et elle demeura sur place, sans boire ni manger. La troisième nuit, il plut doucement, et le peuple dit que le Ciel lui donnait à boire. Par la suite, il plut chaque nuit. Dans la journée, on voyait souvent des oiseaux voleter autour de sa tête.
- Ils la nourrissent avec des grains de millet et du miel, rapportèrent les moines.
Les habitants de la ville disaient que le Ciel lui-même pleurait pour la mère affligée, et ils multipliaient les actions de grâce en voyant que le danger de sécheresse était évité. La popularité de Zenko ,e cessait de décroître tandis que la lune du cinquième mois commençait à s'arrondir à l'horizon.