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Citations sur Les enfants du sabbat (13)

« Nous sommes liés par les promesses et les interdictions. Nous sommes soumis à la dureté du climat et à la pauvreté de la terre. Nous sommes tenus par la crainte du péché et la peur de l’enfer. »
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Ce que la fille apprend à défendre, puis à désirer, à aimer, aux portes de la mort. L’enchantement de la violence. La fille se débat, griffe et mord, hurle, jusqu’à ce que l’enfer la secoue de bonheur et la laisse comme morte sur la paille. (Les enfants du sabbat, p. 110).”
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Premiers paragraphes

Tant que dura la vision de la cabane, sœur Julie de la Trinité, immobile dans sa cellule, les bras croisés la poitrine, dans toute l'ampleur et la rigidité de son costume de dame du Précieux-Sang, examina la cabane en détail, comme si elle devait en rendre compte, au jour du Jugement dernier.

C'était la première fois que, depuis son entrée au couvent, elle se permettait un tel regard, non plus furtif, aussitôt réprimé, mais volontaire et réfléchi. L'intention d'user à jamais une image obsédante. Se débarrasser de la cabane de son enfance. S'en défaire, une fois pour toutes. Et surtout, ah, surtout ! être délivrée du couple sacré qui présidait à la destinée de la cabane, quelque part, dans la montagne de B…, parmi les roches, les troncs d'arbres enchevêtrés, les souches et les far doches.

Un homme et une femme se tiennent debout, dans l'encadrement de la porte, souriant de leur grande bouche rouge aux dents blanches. Le soleil, comme une boule de feu, va basculer derrière la montagne, illuminant le ciel, teignant de rose les mains tannées de l'homme et de la femme. Un petit garçon ouvre sa culotte déchirée, pisse très haut, atteint le tronc d'un pin, dont la tête se perd dans le ciel, visant en réalité le soleil qui va mourir.

La petite sœur l'admire pour cela. Assise sur un tas de bûches, elle fourrage dans sa tignasse pleine de paille, d'herbe et d'aiguilles de pin. Son cou, ses bras et ses jambes hâlés sont criblés de piqûres de maringouins. L'air est parfumé, sonore d'insectes et d'oiseaux.

Sœur Julie voit de tout près l'homme, la femme et les deux enfants, d'une façon nette et précise. La lumière qui baigne la scène devient sensible à outrance, comme les choses uniques qui vont disparaître. Craignant je ne sais quelle blessure qui pourrait lui venir de la lumière, sœur Julie entreprend, pour se calmer, de prendre les mesures exactes de la cabane et d'en faire un inventaire méthodique.

La cabane n'est pas très grande, composée d'allonges successives qui lui donnent un air épars de blocs de bois à moitié mangés par la forêt, posés à des hauteurs différentes, plus ou moins d'aplomb, mal reliés ensemble, sur de grosses roches, en guise de pilotis. Le bloc principal (de quinze pieds sur douze) se reconnaît à sa porte, autrefois rouge, maintenant violette et rose. Les deux fenêtres carrées de chaque côté de la porte sont aussi bordées de la même couleur passée. Il faut monter deux marches de bois usées pour atteindre la porte. Les murs de planches rayonnent gris argenté, doux au toucher, patinés par la pluie, le soleil et la neige, semblables aux épaves que l'on trouve sur les grèves.
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“En pleine possession de nos privilèges de vivants, nous pénétrons dans le domaine des morts et le lieu sacré de leur refuge. Ce froid dans nos veines et cette odeur poignante de la terre dans nos bouches. Nous absorbons, avec une facilité étonnante, la nuit des morts, leur froid excessif, toutes ténèbres, terreur et horreur cachées. Élevés à une très haute puissance, tous tant que nous sommes, la vie et la mort n’ont plus aucun secret ni tournant pour nous. (Les enfants du sabbat, p. 44).”
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Je ne demande à Dieu qu'une seule chose ; devenir pour l'éternité une religieuse comme les autres, me perdre parmi les autres et ne plus donner prise à aucune singularité. Une petite nonne interchangeable, parmi d'autres petites nonnes interchangeables, alignées, deux par deux, même costume, mêmes gestes, mêmes petites lunettes cerclées de métal.Si vous l'exigez aussi, quoique j'aie une vue perçante . Un dentier aussi, bien que j'aie des dents solides et éclatantes. Un visage lisse, sans aucune expression de joie ou de peine , raboté, effacé.
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Un homme et une femme se tiennent debout, dans l'encadrement de la porte, souriant de leur grande bouche rouge aux dents blanches. Le soleil, comme une boule de feu, va basculer derrière la montagne, illuminant le ciel, teignant de rose les mains tannées de l'homme et de la femme. Un petit garçon ouvre sa culotte déchirée, pisse très haut, atteint le tronc d'un pin, dont la tête se perd dans le ciel, visant en réalité le soleil qui va mourir.
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C'était la première fois que, depuis son entrée au couvent, elle se permettait un tel regard, non plus furtif, aussitôt réprimé, mais volontaire et réfléchi. L'intention d'user à jamais une image obsédante. Se débarrasser de la cabane de son enfance. S'en défaire, une fois pour toutes. Et surtout, ah, surtout ! être délivrée du couple sacré qui présidait à la destinée de la cabane, quelque part, dans la montagne de B…, parmi les roches, les troncs d'arbres enchevêtrés, les souches et les fardoches.
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Moi, Marie-clotilde de la Croix, Supérieure de ce couvent, moi-même dépendante de notre supérieure générale, qui relève de notre mère provinciale, elle-même soumise notre mère générale, qui est à Rome, toutes femmes tant que nous sommes, jamais prêtres , mais victimes sur l'autel , avec le Christ, encadrées, surveillées, dirigées par nos supérieurs généraux, évêques et cardinaux, jusqu'au chef suprême et mâle certifié sous sa robe blanche: Sa Sainteté le pape, je jure et déclare que tout est en ordre dans la maison.
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Mère Marie-Clotilde avoue que ce n'est pas tant la présence du Malin qui la gêne le plus ici, mais l'absence de Dieu.
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Sœur Gemma jouissait de son innocence avec une impudeur enfantine. Elle se tenait prés de l´autel et des vases sacrés, pareille à un ange joyeux. La vie était douce et blanche. Sœur Gemma découpait des hosties, silencieusement, quasiment en extase. Les longues feuilles minces de pain azyme, une très grande hostie pour le prêtre et d´autres plus petites pour les religieuses. Il y avait des signes sacrés, comme brodés, en filigrane, dans ce pain si blanc, presque transparent, une sorte de papier très fin. Lorsque sœur Gemma songeait que Notre-Seigneur allait habiter là, corps et âme, dans ces hosties qu´elle découpait, des larmes d´amour lui venaient aux yeux. Elle croyait entendre battre, sous ses doigts, le sang du Christ, répandu sur la croix pour nos péchés. Sœur Gemma s´offrait alors comme victime à l'Époux céleste crucifié. Il lui semblait que Jésus-Christ acceptait son offrande et lui transperçait le cœur d´un coup de lance terrible et doux.
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