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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Que dire de ce livre extraordinaire ? Il est tellement riche que le fond en semble inépuisable, et les interprétations possibles quasiment illimitées.
D'abord le style, poétique et cru, avec une symbolique récurrente : la mort, omniprésente ; la chair qui pourrit, les vers ; mais aussi les rapports de l'amour et de la haine ; les capucines violettes partout répandues, le serpent naja, les maisons géométriques ; le boucher dépeceur ; les ressemblances entre les personnages qui se transforment et finissent par n'être qu'un : celui du délire du rêveur ou l'homme au bec de lièvre ? un vase ancien découvert dans le sable et orné d'un visage de femme, le même que celui qui hante le narrateur ; la folie ; les hallucinations .... et toujours ce baiser frais comme un trognon de concombre...
Prosaïquement : un opiomane suicidaire s'imagine que sa femme le trompe et sombre peu à peu dans un délire irrémissible.
Mais ce résumé est tellement parcellaire qu'il en est faux : ce conte envoûtant en recèle mille.
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Chef d'oeuvre poétique, cette Chouette Aveugle nous glace le sang par les images vénéneuses, incestueuses et morbides qu'elles suscitent. le narrateur ne va pas bien, ses souvenirs se mêlent à ses cauchemars et quand il prend de l'opium pour calmer sa mélancolie, les niveaux narratifs se troublent encore davantage.
Si le roman est ancré dans une Perse sans âge, il nous parle sans difficulté par son universalité et la puissance des images qu'il parvient à créer.
Longtemps après, nous restent des images de vieillard ricanant, de maisons aux toits pointus et aux petites lucarnes éclairées, de rivières bordées de cyprès et de violettes. Et toutes ces images gardent les mystères qu'elles recèlent, pour ne les distiller que la nuit venue... dans nos rêves.
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Trad. Roger Lescot. Oeuvre datée 1936, 1ère éd. française (posthume) 1953. cette éd.-ci : 1985.

Je comprends très bien que cette oeuvre soit considérée le chef-d'oeuvre de Hedayat et qu'elle ait provoqué l'enthousiasme de grands noms de la littérature française lors de sa très belle traduction et publication. Un roman ? Personnellement je penche plutôt pour parler de deux longues nouvelles (pp. 1-77 et 78-191), dont les narrateurs à la première personne sont deux hommes différents, mais tout aussi proches l'un que l'autre de la folie, du désespoir, du crime et du suicide. Cependant, les nouvelles sont construites et reliées par une multiplicités de renvois réciproques : objets et images qui se transforment instantanément en emblèmes dont on devine la polysémie qui pourtant nous échappe : le vase antique, la bouteille de vin mélangé au venin de naja, le couteau à manche d'os, le vieillard au rire tonitruant, le goût âpre du trognon de concombre. La chute, qui n'est pas un vrai final et qui fait penser qu'elle l'ouvrage était inachevé, est abrupte et banale : elle suggère que l'un des deux récits soit un rêve du protagoniste de l'autre.
Les deux nouvelles, par contre, ont une cohérence interne et une structure magnifiques, leurs trames se déroulent sur des histoires terribles et fascinantes. En effet, les récits sont constitués, en parts comparables, de l'angoisse existentielle la plus radicale du narrateur, contée avec un réalisme obsédant, du fantastique de ses visions oniriques et de ses cauchemars, du symbolisme des objets qui l'entourent et des images culturelles qu'il convoque – relatives à la Perse et à l'Inde – qui confèrent au récit un certain goût de conte. de ces éléments se dégage un mélange d'horreur et de fascination fantasmagorique.
Mon attention a été retenue surtout par les descriptions introspectives de l'angoisse. J'ai noté aussi des pages assez radicalement anti-religieuses (dont une cit.). Mais ce choix est totalement subjectif et arbitraire.
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La chouette aveugle est un roman macabre et envoûtant dans un registre qui me rappelle un peu Edgar Poe ou Kafka (dont il a traduit "La métamorphose"). Cette apparition spectrale qui hante le roman m'a semblé être une sorte d'incarnation fantasmatique (les opiacés aidant probablement) de l'esprit profondément dépressif du personnage. La mort ou une fascination morbide pour elle qui l'attire comme un espoir de "révélation". Il montre qu'à travers sa contemplation il se sent plus proche des éléments et des vérités physiques, métaphysiques, spirituelles. Toute l'oeuvre d'Hedayat est marquée par une grande poésie surréaliste et un profond mal de vivre. Il s'est suicidé après avoir fait plusieurs tentatives dans sa vie. Son univers n'est pas sans rappeler celui d'un Henri Bosco qui pencherait davantage vers les ténèbres. le voyage en vaut la peine.
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La Chouette aveugle est une ombre projetée au plus noir de la nuit. C'est le récit d'une âme en perdition, d'un esprit en errance. Celui d'un narrateur reclu dans sa chambre à l'obscurité pénétrante, imprégnée de soufre et de souffrance.

L'ensemble du texte baigne dans une atmosphère vaporeuse, entre fumée opiacée au-dedans et brume fangeuse au-dehors, de laquelle émane en permanence la petite ritournelle entêtante de la Mort.
Il s'articule autour d'une scène, dont on ne sait pas bien si le poète l'a vue ou rêvée ; si c'est lui qui l'a façonnée ou si c'est elle qui conditionne sa psyché. Plusieurs thèmes obsédants se suivent ou se chevauchent, se heurtent et se fondent en un même décor, sans cesse répété.
Cyprès, capucines violettes, ruisseaux, vieillard au rire sec et jeune fille aux yeux de « ténèbres terribles et enchanteresses » sont autant de motifs récurrents qu'aliénant. Très vite, une figure de femme apparaît, objet de tous les tourments. Mais qui est-elle exactement ? Ange céleste ou funeste? Âme soeur ou charogne ?

Sadegh Hedayat nous entraîne dans les tréfonds de l'âme humaine et dans ce qu'elle a de plus vicié. Ici-bas, on oscille entre les paradis baudelairiens et la folie nervalienne ; entre le Romantisme et le conte persan. C'est à la fois dérangeant, délicieux et terriblement enivrant.
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Le génie de Hedayat fera du non lieu un événement de l'âme. Son chef-d'oeuvre, la Chouette aveugle, est l'apogée de cette vision. Son incapacité à se mettre au diapason de ce double décalage (Orient et Occident) produit pour ainsi dire obliquement une oeuvre exceptionnelle.
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L'Abîme regroupe cinq nouvelles de la même veine, comme par exemple « La Chambre noire » dont l'angoisse carcérale annonce déjà l'atmosphère asphyxiante de la chambre-tombeau du narrateur dans la Chouette aveugle. Y apparaissent de même les facettes halIucinantes de certains thèmes pathologiques comme l'obsession tragique de la jalousie—"I'Abîme"—, I'absurdité surréaliste de certaines manies névrotiques—"Le Mannequin derrière le rideau".
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