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Il y a dans la fantasy une espèce particulièrement délaissée, critiquée et soumise à un nombre incroyable de clichés malgré leur petite taille : les nains, ces êtres troglodytes réputés avares, guerriers et ronchons. Markus Heitz, auteur allemand de fantasy, horreur et science-fiction à succès a décidé de faire bouger les choses en proposant en 2003 une série de livres qui sera prochainement adaptée au cinéma : Les Nains. Sous ce titre simpliste se cache en réalité trois diptyques de livres, à savoir Les Nains, La Guerre des Nains et le Triomphe des Nains. Nous allons nous intéresser dans cette critique aux deux premiers tomes de l'histoire, c'est-à-dire le Passage de Pierre et La Lame de Feu.

1. C'est l'histoire d'un nain, d'un mage et d'un flacon…

Imaginez un instant. Vous êtes un nain, Tungdil, élevé par un mage humain depuis soixante cycles maintenant, sans avoir la moindre connaissance de votre peuple autre que par les livres. Imaginez que du jour au lendemain, on vous annonce que vous avez une famille qui vous attend à des kilomètres de là et que vous prenez la route, mais qu'au même moment, vous découvrez que le pays dans lequel vous vivez vit sous une menace bien plus grande que tout ce que vous avez un jour pu imaginer. le Pays Mort est en marche, être vivant ou mort n'a plus grande importance.

Dans ces deux premiers tomes, nous suivons les aventures de Tungdil, envoyé par son père adoptif, le mage Lot Ionan pour rendre des instruments à un vieil ami à lui. En chemin, le nain va croiser la route de Boïndir et Boëndal, deux individus de son espèce chargés de l'accompagner à un conseil, parce qu'il serait soi-disant le futur héritier des montagnes. Quand ils arrivent au bout de leur quête, dans les forêts elfes, ils sont surpris par non-seulement des orques, être inhabituels puisqu'ils ont été bannis il y a plusieurs centaines d'années, mais aussi des Albes, les cousins maléfiques des elfes, revenus à la vie grâce à l'alliance improbable du traître Nôd'onn, un mage habité par une entité mystérieuse. Pour sauver ses terres, Tungdil et ses nouveaux alliés devront partir en quête de la lame de feu, une arme puissante, forgée à partir du souffle d'une dragonne, qui portée par un traître seulement pourra vaincre le terrible Nôd'onn.

2. Défauts et qualités d'une intrigue à rebondissements

L'intrigue du livre est intéressante avec néanmoins des plus et des moins scénaristiques. Premièrement, grande originalité : les nains sont (enfin) au premier plan d'un roman ! le point le plus intéressant est, pour moi, le développement d'une véritable société naine avec de véritables enjeux politiques, point parfois ignoré dans les livres de fantasy. La politique des troglodytes n'est d'ailleurs pas sans rappeler notre politique actuelle, ce qui est vraiment plaisant. Nous pouvons même parfois voir se dessiner le portrait de plusieurs hommes et femmes politiques allemandes au travers des nains, ce qui fait sourire si vous êtes sensible à la subtilité.

Il faut cependant préciser que ce livre n'apporte rien de bien nouveau au genre fantasy, on retrouve un principe de quête sous forme de voyage initiatique avec un groupe d'aventuriers très atypique. le méchant suprême est aussi un peu bateau et le combat final légèrement décevant, ce qui est vraiment dommage puisqu'il est vraiment le coeur du récit. En revanche, tout le charme sur scénario se trouve dans ses nombreux imprévus. Lorsque l'on se dit que ça ne peut pas être pire, Markus Heitz vous jette du haut d'une falaise vers le niveau inférieur des Enfers. Cela dit, ces rebondissements scénaristiques sont peut-être un peu trop nombreux, ce qui rend la lecture quelque peu frustrante lorsque l'on souhaite voir tel ou tel élément plus développé. La fin du deuxième tome est par ailleurs incroyablement frustrante, ce qui pousse immédiatement le lecteur à se jeter sur la suite des aventures de Tungdil.

En revanche, un gros point noir est à soulever sur ce roman, puisqu'il gêne la cohérence du texte. En effet, les personnages principaux sont beaucoup trop puissants. Même si les combats sont vraiment géniaux tant leur description est approfondie, nous imaginons difficilement deux pauvres nains s'en prendre à une armée entière d'orques surentraînés, capables de détruire des cités entières… et gagner. Même si les nains sont des machines de guerre surentraînées, il est difficile de croire qu'une armée de deux mille orques puisse être battue par deux individus de leurs opposants… Par ailleurs, dans l'ensemble du texte, les moments dramatiques sont assez mal gérés par l'auteur, nous ressentons difficilement le tragique de la situation, et surtout, le fait que les personnages s'en contrefichent la plupart du temps est un frein majeur pour les considérer comme des héros. C'est comme si vous perdiez votre meilleur ami, et que deux heures plus tard vous riez aux éclats comme si rien ne c'était passé, c'est l'impression que cette situation donne en tout cas.

3. Des personnages atypiques et dynamiques qui sauvent le texte

Puisque nous en parlions, abordons la question des personnages du roman. On peut dénombre trois personnages principaux : Tungdil, Boïndir et Boëndal, et à côté une petite trentaine de personnages secondaires, auxquels s'ajoutent une centaine de personnages « de décor ». Vous l'aurez compris, se perdre dans les personnages est très facile, surtout dans le peuple nain où une majorité des noms est compliquée à prononcer. Leur donner à tous un nom n'était peut-être pas forcément une bonne idée.

Cependant, les personnages principaux sont extrêmement bien développés, il est très facile de les identifier et de s'attacher à eux. Néanmoins, Tungdil reste un peu cliché, à cause du fait qu'il est orphelin, qu'il a un peu le même rôle que ces « élus » que l'on retrouve partout dans littérature fantasy, et qu'il est passé du « je ne sais rien faire » à « je suis une machine de guerre surentraînée » en cinquante pages, il fait un très bon chef de groupe et, chose rare pour les personnages de fantasy, il réfléchit avant d'agir. de plus, c'est un des seuls personnages du roman à assumer les conséquences des actes de son groupe, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, ce qui en fait un personnage attachant et très intéressant. Mais le fait qu'il ait été élevé par un mage humain le rapproche d'avantage de l'homme que du nain, ce qui rend le titre du livre quelque peu trompeur.

Ce qui fait réellement la force de ce groupe d'aventuriers unique est aussi certainement les relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres. Là où nous avons une relation amicale dans plusieurs oeuvres de fantasy, les relations sont ici plus tendues, voir problématiques, comme nous le verront notamment dans le deuxième tome, avec l'ajout de nouveaux personnages au groupe et le dévoilement de l'histoire arrière d'un des anciens présent. de plus, autre qualité, les personnages sont violents, ce qui permet un réalisme frappant, des scènes sanglantes et des blessures impressionnantes. Malheureusement, ce point prometteur est compromis par cette sorte d'invincibilité des personnages qui brise un peu la cohérence. C'est comme si l'auteur voulait les tuer, et se ravise au dernier moment. Ainsi, nous avons des scènes improbables de personnages se prenant des flèches dans la poitrine et retournant au combat quelques minutes plus tard sans être plus affecté que cela.

Puisque nous sommes dans les combats, discutons un peu des méchants ! le Pays Sûr est peuplé de trois espèces majoritairement maléfiques : les orques, les Albes et Nôd'onn. Mais une chose est sûre, ce sont des méchants… méchants. Il n'y a aucune nuance dans leurs personnages, ils sont là pour faire le mal et cela se voit immédiatement. Ils ont plusieurs qualités, notamment le fait qu'ils soient sans pitié, mais également qu'ils fassent peur au lecteur, élément obligatoire pour tout bon roman. Cependant, cruel ne rime pas avec intelligent… Et c'est fort dommage. Les Albes réputés imprévisibles et invincibles ne le sont finalement pas tant que ça, les orques, cruels et sans pitié, se font expédier dans les Enfers par deux nains… Et Nôd'onn dans tout ça se révèle au final être le personnage le plus intéressant. Bien qu'il soit clairement l'image du mage habillé de noir, aux cheveux noirs, avec de la fumée noir, et des sorts maléfiques réputés infranchissables (en théorie, là encore…)

4. Les Nains : une volonté de réécrire Tolkien ?

Finalement, tous ces points négatifs nous amènent à penser que ce récit n'est pas si bien écrit que cela. Cependant, une interprétation plus poussée de ce dernier peut nous amener à penser que Markus Heitz s'est fortement inspiré de Tolkien, qu'il en a repris les grandes espèces et qu'il les a améliorées pour les rendre plus réalistes et violentes. le scénario ne serait ainsi pas basé sur la quête de la Lame de Feu, qui bien que très intéressante reste finalement assez secondaire dans le texte, mais sur un nouveau travail des personnages du texte, qui sont pour les principaux développés à l'extrême.

Malgré tout, pour conclure, nous pouvons dire que ce texte est prenant, addictif. Il ne se veut pas spécialement développé, les amateurs de grandes descriptions seront par ailleurs certainement déçus, mais il se veut divertissant, privilégiant pour cela les scènes de combat aux scènes calmes, ce qui est à la fois un avantage et un défaut. le passage d'un groupe de personnages à un autre est très fluide, mais donne néanmoins souvent l'impression d'un jeu de rôle au tour par tour, si bien que l'on se demande si Donjons & Dragons n'est pas l'une des sources d'inspiration de l'auteur. le roman aborde des thèmes, certes déjà vus dans la fantasy, mais les amplifie également et les améliorent. Ainsi, les actes des aventuriers ont des répercussions sur le monde, que leurs actions soient bonnes ou non, ce qui donne vraiment une impression de réalisme à cet univers riche et cohérent.

Je conseille ce livre aux fans aguerris de la littérature fantasy et aux rôlistes, qui savent déjà à quoi s'attendre de préférence dans ce genre de texte. Un lecteur débutant ne saisira probablement pas toutes les références et aura du mal à se plonger dans l'histoire. Les personnages attachants sont la force de cette histoire surprenant qui devrait sans tarder gagner votre table de chevet.
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Lu il y a longtemps, mais il s'agit de ma saga préféré (à l'exclusion du dernier tome). On suit l'évolution de Tungdil, jeune héros naïf qui va évoluer tout au long de la saga, au fil des épreuves qu'il va traverser.

S'il s'agit d'une fantasy classique, j'ai adoré la focalisation sur le peuple nain et surtout l'évolution nuancée du personnage principal.

Il faudrait que je le relise, mais à l'époque, j'avais tellement aimé que je l'ai acheté en allemand pour le lire sans le filtre de la traduction !

Je le conseille vivement aux fans d'héroic fantasy classique !
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Je me suis enfin décidé à attaquer la saga des nains de Markus Heitz qui sommeillait dans ma PAL depuis sept ou huit ans, il y a tant à lire...
En lisant la biographie de l'auteur à la fin de ce premier opus, on y apprend qu'en Allemagne cette série a connu un grand succès et que Tungdil le Nain y est plus célèbre que le Gimli du "Seigneur des anneaux", rien de moins.
Cette lecture, c'est aussi mon premier livre dédié aux nains, personnages incontournables de la littérature fantasy mais le plus souvent cantonnés aux seconds rôles, ce qui ne sera bien sûr pas le cas ici.
Autant le dire tout de suite, j'ai apprécié cette histoire, j'ai apprécié le style et le rythme, aimé le scénario, bref, un bon moment de lecture et une heureuse rencontre.
Pourtant l'intrigue est loin d'être originale. Tungdil, jeune nain orphelin est recueilli dès sa naissance par un mage qui va l'élever et l'éduquer parmi les hommes. Maintenant adulte et à la suite d'une série d'événements, il va devoir entreprendre un voyage et s'acquitter d'une mission, ce qui n'est pas pour lui déplaire car sa destination devrait lui permettre de rencontrer enfin des nains pour la première fois.
Je ne vais pas en dire plus, on commence avec une fantasy plutôt gentille pour basculer dans un récit plus orienté "dark fantasy", on sent une nette influence issue du "Seigneur des anneaux" avec un contexte très ressemblant puisque l'on croisera également des elfes et des orcs, ce qui n'est pas pour déplaire d'autant que l'auteur sait imprimer sa marque et ses différences.
Pour conclure je n'en pense que du bien, pas original certes mais très bien réalisé !
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J'ai un faible pour les Nains.
Il y a, dans la plume de Markus Heitz, un amour similaire avec une volonté de les dépeindre comme les défenseurs d'un pays assiégé par les ombres. Tout est bien écrit, bien ficelé, agréable à lire, pas de soucis.
J'ai, par contre, un gros souci avec le personnage principal. Souffre-douleur d'une bande de boutonneux d'une école de magie, Tungdil devient, au fil des pages et des rencontres, un guerrier exceptionnel, une arme létale, un roi, un sauveur. La chance, les capacités innées qui se révèlent, de solides adjuvants...
Honnêtement, la bascule se fait si rapidement qu'on n'y croit pas. On n'a pas le temps de s'attacher à lui, on voit ses défauts initiaux disparaître et des talents les remplacer, alors qu'ils devraient être le fruit de décennies de labeur acharné.
En somme, un roman déséquilibré par un personnage central mal construit.
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Les Nains, un ouvrage que j'ai lu assez rapidement et qui m'a bien plus. L'histoire est prenante et nous avons ici une autre vision des nains. Je me suis attachée à Tungdil, un nain vaillant, très bon guerrier et qui va apprendre à se connaître. Un petit plus à ce nain: c'est un érudit contrairement à ces congénères!

Bémol: j'ai été un peu choquée par la violence qui se trouve dans ce livre.

Cela reste tout de même un très bon livre.
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Premier tome de cette saga, ce roman sert d'introduction. C'est facile a lire et honnetement j'ai pris beaucoup de plaisir lors cette lecture. Suivre les aventures des nains est tres sympathique et ca change un peu. Au final, apres ce premier tome on sent que cette saga ne changera pas le monde et reste assez classique mais c'est divertissant et tres agreable a lire....une bonne surprise...
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Quelle bonne surprise! Livre reçu gratuitement via Kobo. Une belle découverte.
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Je ne savais pas trop quoi attendre. J'avais acheté le premier diptyque de la série il y a quelque mois car je trouvais l'idée sympa de centrer l'histoire sur les nains pour une fois... Et cette saga est une jolie surprise.
J'aime bien le fait que ce premier tome n'est pas un tome purement introductif. En effet, notre jeune héros nain a vécu toute sa vie avec les humains. L'auteur joue habilement sur ce levier pour nous plonger dans la culture naine en même temps que ce cernier fait son apprentissage.
Le point fort de se livre est bien entendu de faire des nains les personnages principaux de l'histoire et non des compagnons ou bien des faire-valoir. Markus Heitz en fait les fiers protecteurs du Pays Sûr.
Un agréable moment de lecture que je recommande.
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Livre excellent ! Je retrouve l'univers heroic fantasy que j'aime tant !
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"Les Nains"est une série entraînante qui donne envie d'aller plus loin. Marcus Heitz, l'auteur, a réussi a se créer un véritable monde et une mythologie propre, revisitant et approfondissant la race des Nains en leur donnant une véritable personnalité, de façon a leur offrir une place de choix qu'ils n'ont pas forcément dans d'autres récits.
En bref, c'est une réussite !!!!!
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