J'avais promis à Lenocherdeslivres que je lirai un roman de
Johan Heliot ; mais je ne lui avais pas précisé lequel. J'ai opté pour celui-ci qui m'a semblé fun dans son idée de mélanger de la fantasy et du cyberpunk.
Et c'était vraiment une excellente rencontre, très divertissante. La base fantasy est assez classique, mettant face à face le Royaume de Faerie – avec ses fées, ses géants et ses (presque)-dragons – représentant le Bien et le Rebut et ses démons représentant le côté obscur. Mais l'idée d'utiliser les jeux vidéo des humains comme arme est très novatrice. Un soupçon véritablement scientifique est intégré avec le calcul quantique, bousculant les tentatives de classification.
Les points de vue s'attachent à quelques personnages charismatiques de chaque camp : la fée exilée à la Surface (chez nous quoi) Lillshellyann, le Champion Lartagne qui jadis inspira D'artagnan, le démon serial-killer en mode Seven (le film) Maser ou le naïf infographiste Fabien. Les héros « faériques » Lil et Lartagne ressemblent à un duo de série, profondément opposé de caractère et de philosophie de la vie mais obligés de bosser ensemble, se chamaillant sans arrêt, mais se découvrant et s'appréciant au fil du temps. Maser est absolument ignoble, mais très intelligent. Ce démon n'a aucune barrière éthique. Les scènes qui le concernent sont très gores (j'ai évoqué Seven, oui ?). Quant au pauvre Fabien, il est bien perdu et manipulé dans ce jeu, comme tous les humains d'ailleurs.
Le roman est riche pour un one-shot. On y découvre la politique du Royaume Faerie, qui n'est pas le conte de fées annoncé. La division des forces invisibles et magiques en Couleur et Infrasombre. La relation entre inhumanité humaine (la Shoah surtout) et ouverture d'un passage pour les êtres du Rebut
et l'idée que la concentration de violence canalisée dans les jeux vidéo peut aussi être utilisée pour le même objectif. L'auteur enrichit d'ailleurs son univers et la compréhension du lecteur par des intermèdes qui sont autant de flashbacks permettant de mieux appréhender les événements contemporains. L'ambiance m'a rappelé celle de
l'Héritière de
Jeanne A. Débats. Si certaines descriptions sont un peu lourdes (« ici nul charivari né du télescopage sonore des goûts éclectiques des créatifs… ») les scènes d'action sont vivaces, enlevées, remplies de rebondissements.
Une vraie, excellente gourmandise. Ce roman ne peut que me donner envie de découvrir d'autres livres de
Johan Heliot.