L'Ile Noire, c'est avant tout un titre et une couverture. Un kilt, une ruine perchée sur un rocher abrupte, une mer gris-bleu, un ciel incertain … . Ca ressemble diablement à l'Ecosse tout ça ! Et moi, j'aime bien l'Ecosse !
Mais avant de filer frissonner tout au nord du Royaume Unis, ce « Tintin chez les Britishs » va nous balader un peu chez nos voisins anglo-saxons ! Et le moins qu'on puisse dire, c'est que l'ambiance est superbement rendue, portée par une ligne claire nettement plus fouillée que celle des albums précédents. La raison ? Une exception dans l'univers Tintin !!! L'Ile Noire est en effet le seul album a avoir été modernisé à deux reprises : 1943 et, surtout, en 1966. Tout comme Les Cigares du Pharaon (modernisé tardivement), il dénote donc par son graphisme au milieu des albums qui l'encadrent chronologiquement. Rien à voir avec certains « vides » de l'Oreille Cassée : ici, tout est merveilleusement détaillé et remis à l'ordre du jour.
Bref, le rendu est génial. La campagne anglaise, ses cottages, son manoir, ses trains (mention spéciale) sont très beaux. Les paysages écossais ne le sont pas moins, et l'ambiance globale est totalement immersive, avec une petite touche de monstre mystérieux qui va si bien à cette charmante contrée. Pas besoin de foret amazonienne ou tombeaux égyptiens pour s'évader !
Côté scénario, on est dorénavant plongé, avec Tintin, dans de belles histoires policières, structurées, cadrées, cohérentes. Alors évidemment, chose qui n'arrive à peu près jamais dans la vraie vie, Tintin se prend une balle en se promenant dans la campagne belge. Mais passons … . le reste s'enchaine bien. Les méchants sont là et ont toujours des têtes de méchants. Arrive ainsi un nouveau personnage de la galaxie Tintin : le Docteur Muller. On le retrouvera plus tard mais là, il est le chef d'un réseau de fausse-monnaie. Monnaie courante à l'époque semble-t-il … . Un médecin tendance nazi, des acolytes russes, voilà qui cadre bien à l'époque de parution de l'album … 1938 … .
Hergé et l'histoire !
Et puis nos Dupondt sont toujours là ! Non seulement, ils rendent l'aventure plus familière, mais surtout, ils apportent cette note humoristique qui est indéniablement liée aux récits d'
Hergé. La planche 55 consacrée au meeting aérien est un moment particulièrement savoureux ! Pour ce qui est de l'enquête, on laisse faire Tintin ! Les Dupondt sont drôles et c'est déjà pas mal !!
Un très bel album donc, où scénario et graphismes sont réunis pour poser définitivement Tintin dans son monde. Milou est enfin redevenu un chien qui ne parle plus à son maitre mais préfère aboyer et chasser le lièvre. Et c'est très bien ainsi. D'autres personnages vont rapidement entrer en scène et combler ce petit vide.