Albert sur la banquette arrière, c'est l'archétype même du livre qui a tout pour me plaire :
* Un ton déjanté : miam !
* Époque de la Grande Dépression : miam miam !!
* Sud des États-Unis : miam miam miam !!!
Tout est réuni pour qu'à la fin de ce livre, je n'ai plus qu'une seule envie : l'épouser !
Alors...
Alors qu'est-ce qui a pu merder à ce point pour que je le commence bille en tête et le finisse en reculant ?
Un peu tout j'imagine.
Commençons par l'histoire, pas mauvaise en soi, un bon postulat de départ (un jeune couple possède Albert un alligator, enfin plutôt l'épouse possède un alligator et le mari le supporte tant bien que mal jusqu'à ce qu'il pose un ultimatum à sa femme : Albert ou lui. Et les voilà en goguette sur les routes du Sud pour ramener le reptile sur ses terres) de bonnes idées (rencontrer Steinbeck et
Hemingway n'était après tout pas donné à tout le monde) mais à la vérité... c'est plat, mais c'est plat. Avec les aventures que vivent ces trois-là (ces 4, n'oublions pas l'incruste d'un coq que personne ne connait mais qui est du voyage quand même) – et on peut dire que ça s'enchaîne sans trêve – réussir malgré tout à ne pas accrocher son lecteur une seule seconde, faut vraiment que monsieur Hickam junior y ait mis du sien.
Faut dire aussi que ces personnages... Enfin moi j'ai bien aimé Albert, j'ai fini le livre juste pour lui. M'enfin ce petit couple, on dirait des personnages en deux dimensions, aucune épaisseur, zéro psychologie, je parle même pas d'un foetus de début d'empathie,
Albert sur la banquette arrière, ça a beau être un bouquin, là-dedans on dirait qu'ils lisent (lisent ? Ânonent plutôt) un prompteur.
Vient ensuite le problème de l'écriture, qu'à mon goût je n'ai pas trouvé si catastrophique, non, je dirais plutôt qu'elle manque cruellement de fantaisie, aucune prise de risque dans le récit, des phrases simples, scolaires, exactement ce qu'on est en droit d'attendre d'une dissertation de débutants mais certainement pas d'un auteur publié (en écrivant cette phrase, je me rends compte de ma naïveté, donc inutile de me faire remarquer, j'ai vu !)
Malgré tous ces défauts par lequel pèche ce livre, je crois que ma plus grosse déception vient que des deux thèmes sur trois cités au début, on n'en sente pas le moindre goût. Ça se passe dans le Sud, on le sait parce que c'est souvent répété et heureusement parce que, hormis citer les états, à aucun moment la (si caractéristique) sauce southern ne vient ne serait-ce que nous chatouiler un peu le palais. Idem pour l'époque, en pleine grande dépression, ok donc on travaille dans les mines de charbon et en plus on croise Steinbeck, ça situe l'époque, soit, mais c'est vraiment tout. Ce livre se serait déroulé dans les années 80 et dans le midwest, on aurait senti aucune différence.
Pour résumer, ce qui ressort de ce livre, c'est que Homer Hickam Jr a eu des idées, plein (ça on peut pas lui enlever) mais n'a pas vraiment su les exploiter, elles sont empilées comme ça, à la suite, avec des transitions un peu bancales au milieu histoire de dire mais sans plus… Peut-être que finalement cette histoire un peu vraie mais pas complètement, qu'il sentait qu'il devait écrire en souvenir de ses parents, eh bien, peut-être (peut-être) qu'il aurait dû la garder pour lui. Sans vouloir lui manquer de respect ni rien.
Et que tout ça ne m'empêche pas de remercier Babelio et Mosaic dont j'ai bien sûr apprécié le geste à sa juste valeur.