Ce tome fait suite à Rebirth 1 (épisodes 101 à 105). Il contient les épisodes 106 à 111 (parus en 2012/2013), écrits par
David Hine, dessinés et encrés par
Jeremy Haun, et mis en couleurs par
John Rauch. Ce tome commence avec un résumé de 2 pages du précédent.
Le doppelgänger de Jackie Estacado a décidé d'aller affronter Valko Balakov sur son terrain. Il le retrouve dans un appartement en compagnie d'Aram. Il engage directement le combat et découvre que Balakov dispose lui aussi de superpouvoirs conférés par ce qu'il appelle des Grands anciens. À Erewhon (l'hôtel particulier d'Estacado), ce dernier arrive en courant au chevet de Jenny Romano (sa femme) qui a fait un terrible cauchemar. Alors qu'elle va se détendre en prenant une douche, Estacado découvre des dessins enfantins dans le tiroir de sa table de nuit comme si elle essayait d'apprendre les mots d'un imagier.
Dans l'ombre, Hope veille sur sa mère. Jackie Estacado va se retrouver impliqué dans un conflit qui menace sa femme et sa fille, contre Valko Balakov et son doppelgänger, avec Aram dont l'allégeance est pour le moins incertaine. Pour couronner le tout, les nouvelles de la santé de sa fille communiquées par le docteur Rosemary Wallace sont des plus alarmantes. Dans le dernier épisode, Tom Judge et Tilly Grimes (en provenance de Artifacts) pénètrent dans la propriété privée Erewhon.
Dans le tome précédent,
David Hine avait profité des événements survenus dans Artifacts pour secouer le statu quo de la série et placer Jackie Estacado dans une position inédite et inconfortable. Il continue ici l'intrigue initiée avec Estacado privé de ses pouvoirs, la force Darkness semblant dotée d'une conscience qui lui est propre, et ceux qui lui sont chers étant en danger. Hine réussit à conserver l'antipathie que génère ce personnage imposant sa volonté par la force, ayant imposé sa volonté à l'univers entier, et continuant à penser pouvoir résoudre tous ses problèmes grâce à ses flingues et sa bravade. Il sait aussi le rendre sympathique en en faisant un perdant malgré tout.
Estacado a beau avoir modifié la réalité en sa faveur, pour obtenir ce qu'il désirait le plus, il n'a pas changé intérieurement (toujours un criminel brutal, sans foi ni loi). Il reste prisonnier de sa nature profonde. Pire encore, il a beau avoir ressuscité Jenny Romano et l'avoir épousée, elle reste inaccessible, et peut-être même une source de danger. Sa propre fille (Hope) lui échappe également. Alors qu'il s'est débarrassé de son pouvoir en expulsant The Darkness de lui, il est toujours sous son emprise, et encore plus soumis à ses agissements.
Le lecteur peut compatir à la détresse de ce personnage qui voit sa vie se désagréger, alors même qu'il avait réussi à donner corps à ses aspirations essentielles. Hine a également la capacité de surprendre son lecteur en faisant surgir un sentiment inattendu dans une scène en apparence superflue mais qui apporte une touche complémentaire aux personnages (telle celle du renvoi de Charlotte, la nounou d'Hope). Par contre, le recours à un concept comme celui des Grands Anciens (emprunté à
Howard Philips Lovecraft) manque d'originalité.
Comme dans le tome précédent, chaque épisode est complété par un texte de 2 pages comprenant 2 illustrations et développant une scène annexe au récit en BD. C'est ainsi que le lecteur découvre en prose les sentiments intimes de Jenny Romano face aux 2 incarnations de son mari, les conclusions du Docteur Rosemary Wallace concernant l'état de santé d'Hope, la montée au pouvoir de Balakov dans la pègre bulgare, l'historique des relations entre Wilson Hammond et Jackie Estacado, un moment de pause entre 2 batailles pour Aram, et la manière dont Hope a intégré l'existence du doppelgänger et ses propres pouvoirs dans sa vie d'enfant. Si la prose de
David Hine reste un peu basique et manque d'entrain, ces pages apportent une vision complémentaire bienvenue sur les points de vue des personnages concernés.
Jeremy Haun utilise une mise en page de 6 cases par page pour les scènes ordinaires, et de 3 cases par page pour les scènes de combat, afin de laisser plus de place aux forces en présence pour s'exprimer. Haun utilise une approche graphique adulte par certains cotés. Pour commencer, il ne souhaite pas particulièrement faire joli. Il n'hésite pas à surcharger les visages masculins de traits supplémentaires pour les faire apparaître marqués par la vie et les épreuves. En cohérence avec le scénario, il a défini de nouvelles formes de manifestations pour The Darkness, différentes des petits gnomes plein de dents qui évoluaient à proximité de Jackie Estacado. Son approche graphique confère une bonne crédibilité à tous les personnages (hors manifestation de superpouvoirs) grâce à des tenues vestimentaires plausibles et adaptées à la personnalité de chacun.
Par d'autres aspects, les dessins de
Jeremy Haun relèvent des limites propres à la production industrielle des comics américains. Il y a les décors qui peuvent disparaître pendant une ou deux pages, laissant les personnages évoluer en l'absence d'arrière plan (toujours un peu déconcertant et dommageable pour le degré d'immersion dans l'histoire). Il y a également les manifestations de The Darkness et du pouvoir des Grands Anciens qui manquent singulièrement d'originalité (des grands tentacules avec des dents réduites à des triangles). Mais globalement, Haun effectue un travail d'une qualité suffisante pour ne pas dégrader la qualité du scénario. Par contre il ne le tire pas vers le haut.
Le tome se termine avec 8 pages d'avant-première de Progeny, réalisées par
Ron Marz et
Stjepan Sejic, qui correspond à la convergence des séries "Darkness", Witchblade" et "Artifacts".
Ce deuxième tome réalisé par Hine & Haun continue dans la ligne du premier, pour un récit bien noir, dans lequel Jackie Estacado reste un criminel peu recommandable, mais pour lequel les auteurs arrivent à faire naître un sentiment d'empathie chez le lecteur.