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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai pris cette bande dessinée pour son graphisme original. Des fonds aquarellés, un trait varié, des techniques mélangées, crayonné, grattage, plume, pinceau.
Il y a dans cette oeuvre un ambiance onirique et lugubre, remplie d'êtres qui déambulent comme des silhouettes fantomatiques. Chaque personnage à un traitement graphique différent, le frères et la soeur sont des personnages masqués de théâtre grec, le fanfaron est une tâche d'encre, les parents sont de grands crayonnés noirs, le juge est détaillé jusque dans chaque ride, les cavaliers de la mort, l'ogre, le serpent… il y a une profusion d'inventivités graphiques, de lumières différentes, rien de ce qui est conventionnel dans la bande dessinée.
On semble se situer dans un univers fantastique, comme dans un conte de fée un peu lugubre, Hansel et Gretel, avec des chevaliers de l'apocalypse qui sèment la mort, deux enfants qui fuient, c'est un long voyage initiatique, mais profondément morbide. Mais tout cet univers irréel s'ancre intensément dans la réalité. C'est une histoire de migrant qui par moment n'a malheureusement plus rien d'irréel, noyade, racket, exploitation, prostitution, escroquerie, cruauté, frontière, angoisse, attente… Je trouve ce choix de nous embarquer dans un conte pour décrire la réalité donne une force redoutable au récit, parce que ce qui se rapproche de notre réalité actuelle, c'est à dire la crise des migrants, est encore plus violent qu'un conte d'horreur. Ce récit est absolument bouleversant, triste et violent. le traitement si particulier, par son trait, sa lumière, le ton et l'ambiance, le rendent unique et puissant, on reçoit un claque quand on sort du conte et qu'on entre dans la réalité. Cette bande dessinée est un véritable choc !
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Gros gros coup de coeur pour cette bande dessinée superbe et touchante. Comme souvent le fantastique, la fable, est un prétexte pour nous parler des choses que l'on connait, du monde qui nous entoure.

Déjà, cette bande dessinée est un bel objet. le format est grand, la reliure de qualité, et le papier, épais, pourra supporter de nombreuses lectures. C'est un plaisir de l'avoir entre les mains. Un beau livre comme celui-là me met toujours de bonne humeur pour commencer ma lecture.

Le personnage principal, un jeune homme vêtu d'une tunique et le visage recouvert d'un masque, fuit son village en compagnie de sa jeune soeur. Ils n'ont pas le choix, pour eux, c'est la fuite ou la mort, l'esclavage. Au fil de leur errance vers un but sublimé, ils vont faire des rencontres, essayer de survivre. Ici, les ombres sont des sortes de fantômes, d'esprits, qui les suivent, pour les aider ou tout simplement se rappeler à eux. L'ensemble de l'histoire traite de la fuite, de l'exil et de la mémoire surtout. Qu'est-ce qu'un réfugié ? Comment un "homme", un être humain à part entière avec une famille, une histoire, devient finalement un "réfugié", quelqu'un à qui il ne reste plus rien, que personne ne veut voir. L'exilé n°214 a bien eu un prénom à une époque, une identité, malheureusement il n'est pas loin de la perdre au fil de son voyage…

L'illustration est superbe, mêlant crayonné sombre et couleurs pastelles à l'aquarelle (je suppose). Les décors sont particulièrement beaux, chaque planche me donnait envie de passer du temps à l'observer, à la décortiquer. Les masques que chaque personnage porte empêchent le lecteur de voir les expressions faciales, toute l'émotion passe donc par les postures, les mots, ce qui ne fait que rajouter de la force au récit et au propos des auteurs.

L'atmosphère est mystérieuse, mélancolique aussi. Les illustrations alliées à la qualité d'impression m'ont permis de m'immerger très rapidement dans l'ouvrage. Une fois cette bande dessinée ouverte, il est bien difficile de la refermer. Une lecture que je conseille donc fortement !
Lien : http://calokilit.wordpress.c..
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Est-ce que deux mois d'attente pour recevoir cette BD de la Masse Critique Babelio valaient le coup ? ... Oh que oui !

Ce livre est une merveille sur tous les plans. le format est gigantesque, le papier de très bonne qualité, le prix est loin d'être excessif, les aquarelles et le dessin sont juste sublimes.

Je me suis dit : "Encore un livre sur l'immigration, mais qu'est-ce que ça va m'apporter de plus ? On sait déjà tout ! La presse nous rabâche une fois tous les deux mois les oreilles quand un navire fait naufrage. Un parmi tant d'autres." Mais en lisant, je ne savais rien. Rien, non mais après tout c'est un quotidien comme un autre, de l'ignorance passive et dévastatrice. On sait que ça existe, on ne fait rien pour que ça change pour autant... Une honte. En imaginant ce récit, les deux auteurs permettent de regarder la chose sous un autre angle. Non pas celui de l'étranger, le reporter qui voit là une bonne occasion de faire les titres. Non, cette-fois on donne la parole à ceux du dedans, afin qu'ils puissent raconter leur version des faits, leur histoire. Les ombres c'est tout ça.

Avec ce dessin imagé, ces personnages sans véritable appellation, cette BD met en place ce qu'il faut de sensiblerie sans trop en faire. Tout est bien dosé. le récit fait preuve d'une très grande justesse.
On ne reste pas indemne. le conte est tellement réel après tout.

Je vous conseille vivement de vous procurer cette superbe réalisation (je pèse mes mots). Il y a bien longtemps que je n'avais pas été transportée ainsi.
J'en profite pour remercier les éditions Phébus pour m'avoir fait parvenir cet exemplaire. Merci à Zabus d'avoir écrit ce scénario et à Hyppolyte d'avoir mis les choses en forme.

Au final ce qui nous reste c'est une réalité, ironique, cruelle, sans ombres. La leur, la nôtre.
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Fuir la misère. Fuir la guerre.
Fuir le Petit pays.
Fuir les "cavaliers sanguinaires" envoyés par le Grand pays voisin pour creuser, creuser, parce que "dans le sous-sol on y trouve quelque chose qui n'existe nulle part ailleurs."
Fuir parce que, là d'où on vient, il n'y a plus rien.
Traverser la frontière. Traverser le désert. Traverser la mer.
Être capturé par l'ogre dans son usine, où l'on fabrique "des jouets immondes pour les enfants de l'Autre monde."
Esclavage. Travail forcé. La peur, toujours.
Viol. Noyade. Faim. Épuisement.
Suivi jusqu'à l'Autre monde par la cohorte des ombres.
Les fantômes de ceux qu'il a perdus en nombre.
Devoir tout raconter pour se justifier.
Pour obtenir les papiers.
Entre "Là où vont nos pères" et "Humains, la Roya est un fleuve", cet album d'une incommensurable beauté retrace sur un mode onirique le parcours chaotique et tragique des migrants.
Sans rien épargner, sans rien oublier.
Pour ne pas les oublier.
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Ce titre est le parfait exemple du bienfait du challenge babelio (merci jamiK).
Sans ce dernier, je ne serai pas allé sur ce titre et je ne regrette pas d'avoir vécu cetle expérience de lecture.
Que cela soit par l'approche graphique du titre qui est une réelle proposition proche de l'onirisme, mais aussi par un scénario tellement proche de notre réalité.
Par la représentation des personnages, l'auteur évoque plusieurs générations, plusieurs peuples, plusieurs origines,... Mais il y a évidemment un propos fort, un message sur l'immigration, sur l'exil, sur le fait de quitter un foyer dans la peur et dans la violence.
Une réelle lecture coup de poing
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Salle d'interrogatoire. Il doit tout raconter. Tout, tout, tout et ne pas mentir. Surtout ne pas mentir. Ce ne serait pas bien pour elles, pour les ombres, pour leur mémoire. Alors le récit commence.

Quelle bande dessinée d'exception ! Rares sont les oeuvres qui bouleversent à ce point et sont aussi bien réussies. Tentons de rendre honneur à cette bande dessinée en exposant au mieux ses qualités.
Première impression quand on découvre l'ouvrage : voici une bande dessinée bien épaisse, aux pages soignées, à la finition parfaite. Nous avons pressenti que le voyage serait riche et qu'il serait impossible de décrocher nos yeux de l'ouvrage une fois plongé à l'intérieur. Et en effet ! Car dès que le récit commence, la subjugation suit. Les couleurs enivrent, les silhouettes captivent et l'atmosphère emporte. Nous évoluons alors au coude à coude avec l'étrange personnage principal qui narre sa terrible aventure en compagnie de sa petite soeur. Au fil du récit, des références aux contes apparaissent : tel un petit Poucet qui rencontre l'ogre ou tel Pinocchio qui croise le marionnettiste, notre petit bonhomme surmonte mille épreuves. Mais le conte est parfois aussi très réaliste et cruel et l'émotion survient vite. Certaines pages, splendides, sont de véritables oeuvres d'art qui accompagnent la naissance des émotions jusqu'à leur explosion. Et la fin survient... la dernière page se referme mais le voyage partagé reste bien présent dans la mémoire. Les personnages croisés restent avec nous, telles des ombres posées sur notre épaule.
Voici un voyage onirique, merveilleux et intensément riche comme il en existe peu et qui marque en profondeur et pour longtemps.
Indéniablement une oeuvre magistrale.
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Le parcours de ces enfants s'exprime avec une effrayante sensibilité dans les mots de l'auteur et la beauté du dessin décrit avec force, l'horreur de notre civilisation.

Et de fait, trop touchée, je ne saurais faire de critique, ni donner un avis, c'est une histoire que je ne saurais raconter et encore moins la resumer. Il faut la lire et prendre pleine conscience, de l'irrémédiable monstruosité de notre société.
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Un graphisme envoûtant pour conter l'absence, l'exil et l'horreur. du départ, du chemin et de l'arrivée. Accompagné des ombres qui poussent à vivre encore une minute, encore quelques secondes. Se battre pour tenter de gagner en dignité, d'approcher une vie calme et apaisée. Les ombres de Zabus et Hippolyte est saisissant. Les techniques graphiques multiples sont toutes au service d'un rendu onirique puissant. Un très grand coup de coeur.
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Un personnage masqué est dans une salle d'interrogatoire. Il raconte au fonctionnaire d'immigration son exil. Il vivait dans un pays qui a été troublé par l'arrivée des cavaliers sanguinaires, dévastant le pays. Avec sa soeur, il a fui et affronté plein d'épreuves, faisant des rencontres hélas éphémères... et accompagné par les ombres...
C'est un récit poignant, magnifiquement illustrée par des dessins originaux et si jolies, tournant autour des Ombres, ces entités bien sombres qui accompagnent nos personnages.
Or, si cette histoire se situe dans un cadre fantaisie, imaginaire, elle est basé sur des faits terriblement réel. Car derrière ce récit imagée, c'est le parcours douloureux de tous les immigrés, obligés de tout abandonner derrière eux, remplis d'espoir qui seront souvent des illusions cruelles, leur condition plusieurs fois malmenés, la confrontation à un nouveau monde qui bafoue sans vergogne leurs droits.
Que ce soit la rencontre de l'effrayant ogre exploitant ses victimes (symbole de l'exploitation des immigrés dans des travaux horribles), le serpent passeur, la traversée du bateau, tous ces épisodes ainsi que les autres reflètent bien ce que doivent affronter les immigrés.
La mort est présente dans l'histoire. Les cavaliers sanguinaires tuent sans pitié, les compagnons meurent de diverses raisons et les ombres des proches morts hantent les vivants. Tous ces éléments symbolisent une fois de plus la dangerosité du parcours des immigrés qui parfois en meurent.
La fin m'a parut confus mais est déchirante, tragique, une fois de plus reflet de nos 'compétences ' à accueillir les immigrés...
Cette BD est une vraie perle mais il ne faut pas oublier que ce récit conté par notre émigrant est celui que vivent et ont vécus des milliers de gens ayant fuis leurs pays en guerre... Jamais. Mes parents étant immigrés, j'en sais quelque chose.
Vous pouvez savourer la beauté des dessins, n'oubliez pas la portée du récit...
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Très belle bande dessinée tant par le scénario que par le dessin. Commençons par ce dernier qui fait la part belle au sombre mais aussi aux couleurs pastels, rose, parme et bleu et aux couleurs plus franches comme le jaune lorsque les personnages sont dans le désert ou même un quasi noir et blanc sur quelques pages. L'atmosphère est onirique un rien mystérieuse, les personnages ont des visages qui ressemblent à des masques, ce qui ne nous permet pas de voir sur leurs visages leurs émotions. Tout est donc dans leurs attitudes, dans leurs mots. Comme dans un récit où la longueur des phrases fait varier le rythme de l'histoire, Hippolyte (aux dessins) fait varier le nombre de cases par page, parfois au nombre de 9, elles indiquent une action rapide (comme le véritable massacre des réfugiés, p.94/95), d'autres fois un seul dessin par page voire même un dessin sur un double page, pour ralentir le cours de l'histoire, pour respirer, nous et les personnages. Certaines pages sont simplement magnifiques (toutes celles qui racontent l'arrivée des émigrés au bord de la mer et les premières qui parlent de leur traversée en bateau), franchement, je me verrais bien en accrocher une -ou plusieurs- sur mes murs, mais je préfère garder l'intégralité de l'album ! Un dessin peu conventionnel extraordinaire. Un sublime travail !
Venons-en au scénario, qui frappe fort dès le début : le long et difficile parcours d'émigrés, obligés de quitter leur pays pour survivre dont l'un des leurs, le jeune homme, ne veut pas raconter sa vraie vie, car il craint de ne jamais avoir de papiers. Néanmoins, il se range à la prière des ombres de ses parents et amis disparus que lui seul voit qui l'implorent de ne point mentir, pour ne pas les trahir. On est alors dans l'esprit de l'émigré qui donne ses raisons pour fuir son pays, son espoir de vivre ailleurs plutôt que de mourir chez lui, et la difficulté de quitter sa terre natale et ses souvenirs. Beaucoup beaucoup de belles images, comme celle de "l'ogre civilisé", personnification de la mondialisation, qui exploite les enfants et qui chantonne, comme une comptine : "Je recueille des enfants abandonnés, dans mon usine modernisée. Ils fabriquent des jouets immondes pour les enfants de l'autre monde, je suis un ogre civilisé ! Civilisééé !!! Je capitalise et mondialise. Mais avant de me goinfrer, je dois penser... productivité... efficacité... rentabilité !" (p.34/35)
Un terrible constat de notre société contemporaine qui préfère les profits aux humains, qui préfère le repli sur soi à l'ouverture à l'autre. En ces temps moroses où la course aux voix du FN est lancée par les ténors de la droite française et par notre actuel Ministre de l'Intérieur (qui me rappelle étrangement l'un de ses prédécesseurs), il est bon de se plonger dans ce superbe album qui parle magnifiquement de l'Homme (et de la Femme bien sûr) et les représente tout aussi sublimement.
A ne pas rater
Lien : http://lyvres.over-blog.com/
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