Exceptionnel !
Comme l'ouvrage dont je vous ai parlé hier, La fille dans le marais de Satan,
Justice divine bouscule les codes du polar nordique pour mon plus grand plaisir ! Je ne suis pas forcément le genre de lectrice qui a besoin d'un ouvrage qui va continuellement à cent à l'heure, et j'accepte très bien cette particularité qui veut que tout bon polar nordique qui se respecte ait une certaine lenteur d'action, je sais qu'il ne faut pas s'attacher qu'au rythme ni au rebondissement, mais qu'au contraire il faut en saisir l'atmosphère pour pouvoir en profiter pleinement. Il m'est pourtant arrivé d'abandonner un ouvrage de ce genre parce qu'entre rythme calme et rythme inexistant, il y a un fossé. Ici, c'est tout l'inverse de ce que je viens de vous énoncer, non seulement l'ouvrage est un bijou de noirceur, mais en plus le rythme est vraiment très intéressant, et quand il ne se passe pas grand-chose dans l'enquête, c'est contrebalancé par la vie personnelle très agitée des personnages qui constituent l'équipe de flics : histoires de tromperies, drames personnels, embrouilles familiales, enquêteur badass détestable et détesté par la quasi-totalité de ses collègues, déviances profondes et dangereuses, je me suis éclatée à la lecture de ce bouquin, tant grâce à l'enquête que grâce aux personnages.
Dans ce roman, les enquêteurs d'Uppsala et Stockholm unissent leurs forces pour tenter de faire la lumière sur une série de viols, dont le mode opératoire est incessamment le même : les victimes sont attaquées sans qu'elle puisse voir leur assaillant, on recouvre leur tête avec un sac, et elles sont laissées vivantes mais profondément traumatisées. Certaines victimes se connaissent, d'autres non. Simple hasard macabre ou y a-t-il quelque chose à creuser ? L'enquête est une succession de rebondissements, de voies sans issue et de suspense géré d'une main de maître. Aucun essoufflement dans les quelques 500 pages de ce petit pavé, jamais. Une fois commencé, il est difficile de l'arrêter pour faire autre chose et j'ai été complètement obnubilée par ce bouquin dès que je l'ai commencé.
Le personnage de Sebastien, sorte de psy/profiler qui vient en aide à la police dans leurs enquêtes, est tout bonnement détestable, et pourtant qu'est-ce que je l'ai aimé ce personnage moi ! Gouverné par ses pulsions sous la ceintures, égoïste affirmé, il ne fait rien pour être agréable envers les autres qui, il faut le dire, lui rendent plutôt bien en le détestant ouvertement. On comprend rapidement que tous ont un passif avec lui, et c'est un petit drame quand son arrivée est annoncée à ses anciens collègues. Incapable de faire dans les mondanités, incapable aussi de tenir sa langue sans faire de gaffe, si on oublie son penchant pour coucher avec des femmes en lien avec ses enquêtes, il reste malgré tout un excellent professionnel et ses connaissances profondes dans la psychologie humaine sont une aide précieuse et apportent un oeil intéressant à l'enquête. Comme le comportement humain oscille toujours dans une certaine dualité, je n'ai pas pu m'empêcher d'être parfois chagrinée par cette solitude qui l'habite et le pousse à enchaîner les conquêtes d'un soir, et je reste persuadée que ce comportement détestable est le fruit d'un drame du passé qui l'a obligé à se forger une solide carapace pour se protéger, à savoir la mort de sa femme et de sa fille lors du tsunami de décembre 2004. Loin des clichés du flic veuf et dépressif, j'ai aimé le cynisme qui l'habite, parce que finalement derrière un comportement cynique se cache souvent quelqu'un de clairvoyant, et ça donne certaines scènes plutôt croustillantes.
[Le mot de la fin]
Ce livre est tout bonnement excellent, je vais m'empresser de découvrir les autres titres des auteurs !
Lien :
https://anaisseriallectrice...