Citations sur Les autos tamponneuses (90)
Un enfant c'est un idéal qu'on n'invente pas, mais qu'on reçoit. Malgré soi.
Et il faut être à la hauteur de cet idéal, que l'on n'a pas voulu et qui décevra.
Il faut l'accepter malgré soi et en être digne.
Le mariage a toujours ressemblé à un tour en autos tamponneuses, c'est inconfortable, on prend des coups, on en donne, on tourne en rond, on ne va nulle part mais au moins on n'est pas seul.
Pour conquérir une femme, il faut peut être savoir lui parler, pour la garder, il faut assurément savoir l'écouter.
Mieux vaut un livre qui pue qu'un livre sans odeur. Un livre doit avoir un arôme, du nez, des parfums, du fumet. Comme un fromage. Comme un vin, une viande, du foin coupé ou du réséda, si vous préférez un livre doit d'abord sentir. Puis faire ressentir.
Car sa mort n'est rien pour Alain, sinon un sommeil plus long, une nuit sans insomnie, où le temps ne compte pas. Ce qu'on appelle l’éternité, je suppose.
Vincent de Pen Hoël avait raison : nous dansons et naviguons sur des cadavres. Nous devrions être vaporeux et légers comme eux. La vague enlève la vague. Elle l'efface, la recommence et l'efface d'un même mouvement, et nous valons moins qu'elle. Rien ne marque sur et sous la mer. C'est pourquoi, je suppose, Hélène a voulu rester ici après la mort d'Alain : le ciel y est neuf tous les matins.
Nathalie est nue. Toute nue, même : c'est plus joli de le dire comme ça, Nathalie est toute nue.
Mais enfin, c'est émouvant, tous ces rêves dans des chemises en cartons. Ça me flanque le cafard : ces gens désireux de changer leur vie et qui ne la changent pas, ne sachant comment faire, attendant trop des autres (de pépères comme nous, les malheureux!) et pas assez d'eux-mêmes. Comment se résigneront-ils après qu'on leur aura refusé ce qu'ils nous demandent? De quelle amertume paieront-ils leur renoncement? Comment continuer de vivre cette vie où ils se sentent tellement à l'étroit?
Un poète cherche un éditeur. Un éditeur cherche des libraires. Des libraires cherchent des lecteurs. Et les lecteurs, ne sachant jamais quoi lire, se rabattent sur ces prix littéraires créés pour faire acheter des livres à des gens qui n'aiment pas les livres, ce qui est très fort.
Pourquoi se croise-t-on les bras? On croise les bras quand on est sage. Quand on est seul. Quand on a peur. Quand on a froid. Quand on n'est pas sûr de soi. Quand on ne veut pas tomber. Quand personne ne vous serre contre lui.