N'oublie pas Irma

« N'oublie pas Irma » - Auteure : Hélène Honnorat - Editions : Yovana (collection romans situés)
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L'action se déroule à Jakarta. le narrateur, Léo, directeur des cours au Centre franco-indonésien, accueille dans sa résidence, plus ou moins à contrecoeur, Quentin et Estelle, un jeune diplomate et sa femme.

Meng, devenu un proche de Léo, fabrique et vend des replicas… Sa boutique brûle. L'artisan est retrouvé mort, affreusement mutilé, près d'une tombe gravée au nom d'Irma… La jolie belle-soeur indonésienne de Meng, dont Léo est amoureux, porte également ce prénom.

Qui a tué Meng ? Et pourquoi ? Qui est vraiment la charmante belle-soeur ? Que dissimule-t-elle derrière son teint pâle, ses cheveux courts, ses irrésistibles fossettes ? Tout est là… Encore que… L'auteure possède l'art, la manière et la finesse, de la première à la dernière page, de susciter l'intérêt.

Par le biais des mots, découvrons Jakarta... Un patelin, selon la blonde Estelle. Patelin, en 1995, de neuf millions d'habitants, quand même !

Jakarta est rouge… Jakarta est blanc… Les deux couleurs nationales. Ce polar est rouge… Ce roman est blanc… Tantôt dépaysant… Tantôt effrayant… Il s'en passe des choses de la place Merdeka au quartier chinois, de la statue « Pizza Man » aux voiliers bourrés d'épices ou d'écorces de quinquina ! Les ombres rôdent sous les gratte-ciel. La dernière jetée, sur la mer de Java, est jonchée de débris.

Déambulent les mangoustes, serpents et scolopendres. Mais pas seulement… le pire est possible… La violence n'est pas loin… Fleurent des parfums d'encens. Fleure la pourriture... Il fait chaud. Il fait moite... Tournent les ventilateurs…

Avec ses nombreux et courts chapitres, agréablement structurés, le récit est instructif. La grande Histoire se mélange, de façon judicieuse, à l'intrigue.

Une évidence : Hélène Honnorat connaît parfaitement l'Indonésie. Elle transmet à ses lectrices et lecteurs son amour inconditionnel pour ce pays. Et sa fascination pour l'Asie en général.

Jangan Lupa Irma. N'oublie pas Irma. Impossible…

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Hélène Honnorat, l'auteur, pourrait être une romancière américaine, elle a tout pratiqué, parachutisme sportif, chute libre, plus de 600 sauts, l'écriture d'une série télévisée, des séjours d'une dizaine d'années au Sri Lanka, Indonésie ou Malaisie. Elle publie aujourd'hui ce livre qu'aimeront tous ceux qui s'intéressent à l'Asie et à l'histoire contemporaine.
Le personnage central est Léo, un Français qui travaille en Indonésie, au centre culturel français de Jakarta. Il a deux amours, cette ville justement et puis ses habitants, tout particulièrement une Indonésienne d'origine chinoise, Irma.

Sous couvert de roman policier, le récit n'est pas un simple whodunit, il ne s'agit pas tout à fait de trouver « Qui a tué Meng, l'artisan chinois à Jakarta, et beau-frère d'Irma », mais plutôt « Qu'est-ce qui l'a tué ? ». Rentrer progressivement dans les méandres, hésitations, dilemmes des personnages. Ils sont nombreux, pourtant tous bien caractérisés, y compris la Japonaise régulièrement douchée au jet par le chauffeur quand elle rentre au garage. La plupart sont indonésiens, un mélange qui reste à déterminer, à tout instant, cocktail de sinité, d'Islam, d'animisme, de mise à distance.
On serait du côté de le Carré, pas de James Bond, s'il s'agissait d'espionnage. Ce qui n'est pas le cas à première vue, cependant... en toile de fond apparaît bien un affrontement entre États, le combat à mort entre la Chine maoïste et l'Indonésie anti-communiste et anti-athéiste. Autrement dit, la guerre froide qui culmina par un « massacre de masse du XXe siècle » oublié, au moins un demi-million de tués en 1965 – donc 30 ans avant ce récit. Récit dont une autre qualité est le style. Voici par exemple un portrait : « Je l'avais toujours comparée à une sorte de crevette translucide, affairée, muette, pattes et antennes en mouvement… J'ai l'impression que sa carapace s'est durcie. Elle a fait place nette... ».
–Tu vas enlever ta robe, demande Léo à Irma.
Celle-ci est poursuivie, elle appelle à l'aide depuis une cabine téléphonique. La demande de Léo la choque, mais elle comprend. Enlever la robe, c'est pour la tourner de l'autre côté. N'oublie pas Irma est un polar à l'envers.
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N'oublie pas Irma n'a aucun rapport avec la tempête qui a ravagé les Antilles françaises mais il le pourrait car il parle aussi d'îles, singulièrement plus vastes, qui forment l'Indonésie. Et s'il n'y est pas question d'ouragan, on y rappelle, avec une grande précision historique, la tornade de violence qui a frappé le pays en 1965, « l'année de tous les dangers », faisant plus de cinq cent mille morts, dont de nombreux ressortissants de la communauté chinoise. Ce n'est pourtant pas un roman politique car l'intrigue se noue autour d'un seul meurtre, celui de Meng. C'est donc un roman policier, mais sans aucun enquêteur officiel, juste un coopérant « tombé en amour » et en amitié avec des membres de cette communauté. Mais c'est aussi, mais c'est surtout, une ode à l'Indonésie, dans un style délicat et luxuriant qui fait à mes yeux tout le prix de cet ouvrage. N'oublie pas Irma est riche de tous ces apports : c'est en quelque sorte le « polar poétique » que finit par écrire Estelle, l'un des personnages du roman.

Dès les première lignes, avec son style fluide et clair, par son sens de l'observation des gens, de leurs coutumes et traditions, des différents quartiers de la ville, par la description des détails majeurs, Hélène Honnorat nous donne l'impression que nous sommes à Jakarta, au milieu de la foule dense, omniprésente et grouillante, avec ses odeurs épicées et parfois pestilentielles.
Ce thriller parfaitement plausible, en réalité nous rappelle ou nous fait découvrir une vérité historique étouffée, un mensonge effroyable aux conséquences humaines abominables.
Un thriller ? oui, bien sûr mais... qui fait réfléchir...

N'oublie pas Irma nous plonge dans une Indonésie troublée par les conflits entre communautés ethniques et religieuses. On est tout de suite embarqué par l'aventure de Léo, jeune expatrié français installé à Jakrata, qui cherche à retrouver l'assassin de son ami Meng, d'originie chinoise. Drame familial ? Vengeance ? Crime idéologique ? le suspens m'a tenue en haleine jusqu'à la fin.

Un roman étonnant et dépaysant que l'on apprécie tant pour son énigme criminelle bien ficelée que pour la description envoûtante et précise qu'il offre de l'Indonésie et de sa capitale.

Le livre terminé, je suis encore dans les rues de java, dans la grande maison de Léo, que je visualise très bien chaque personnage...
Cela fait très longtemps que je n'ai pas été autant absorbée par l'ambiance, le décor d'un roman. Au grand dam de ma culture, je ne connaissais absolument pas l'histoire politique de l'Indonésie...je suis évidemment choquée des massacres qui ont pu être perpétrés toutes ces années...le racisme envers les Chinois....
Bon, nous n'avons aucune leçon à donner, les Français ayant été aussi cruels....
Dès les 1eres lignes, je suis absorbée par le personnage de Léo... Je ne peux m'empêcher de penser que ce Léo est une femme, avec une prestance et un courage dans un pays d'adoption...
Peut-être l'auteure.....;-)
J'ai adoré le lire.
Bel ouvrage qui ose romancer, dans le beau sens du terme, une histoire tragique mais réelle de domination d'un peuple sur un autre...encore bien d'actualité...
Merci Hélène.

Livre parfait pour partir à la découverte de l'Indonésie. Largement documenté avec une intrigue captivante et des personnages bien trempés le livre nous fait découvrir tout ce que l'histoire de Java à de violence et de complexité.

J'aime les polars dont l'enquête sert de piment pour la découverte d'une culture, dans la lignée des romans policiers ethnologiques de Arthur Upfield ou Tony Hillerman.
Ici ce sont les chinois dans la société indonésienne, mais aussi l'ombre de la colonisation hollandaise, la décolonisation de 1945 et 1965 l'année de tous les dangers...
Les relations -expatriés, -domestiques Indonésiens, -ambassade sont aussi très savoureuses.
L'intrigue recèle suffisamment de rebondissements pour nous tenir en haleine jusqu'à la dernière page.

Il n'y a aucun doute, Hélène Honnorat maîtrise son sujet et nous dévoile dans ce polar une facette méconnue de l'histoire indonésienne. Ce n'est pas seulement une enquête sur un meurtre, c'est aussi une exploration des complexes conflits entre les différentes ethnies et minorités et leurs conséquences sur le pays, que l'on découvre dans ce palpitant roman.
Léo et ses invités imprévus, Estelle et Quentin (jeune couple français fraîchement débarqué à Jakarta), nous embarquent également dans les aléas et joies de l'expatriation. On partage l'étonnement d'Estelle confrontée aux coutumes locales et il suffit de quelques pages seulement pour être fasciné tout comme Léo par l'histoire de cette famille chinoise tenant une boutique de "replicas". L'intrigue et le mystère autour du meurtre de Meng sont maintenus jusqu'au bout. On ne lit pas "N'oublie pas Irma", on le dévore.