Quand je le crie (...), quand c'est maman point d'exclamation, elles accourent au coude à coude et jamais aucune ne me demande maman laquelle ? Pour le doigt [coincé dans une porte], le dessin, le câlin, elles savent que j'ai besoin des deux. Comme pour les chaussures, c'est la paire ou rien. (p.12)
J’ai deux mamans.
Voilà ce que je réponds aux gens que je ne connais pas et qui me demandent qui je suis. Je le dis pas pour crâner, juste parce que c’est la vérité et que je n’aime pas trop qu’on me pose des questions. Aussi, c’est vrai, peut-être un peu pour crâner.
Oui je sais, c’est pas incroyable incroyable. Je ne suis pas la seule. Cécile a deux mamans. Celle d’avant, du temps où son père était marié, et celle d’après où son père était divorcé. Marie-Laure pareil, deux mamans. Enfin je dis deux, mais je suis loin du compte. En fait elle a autant de mamans que de familles d’accueil : Maman Goncourt, Maman Chemin-Vert, Maman Poissonnière, Maman Charles-de-Gaulle-Étoile… A chaque fois que Marie-Laure change de famille, elle donne le nom de la station de métro la plus proche à sa nouvelle maman.
Mais moi, l’incroyable incroyable vient du fait que j’ai deux mamans, et stop ! Deux mamans qui vivent ensemble dans le même appartement, qui vont ensemble aux réunions de parents d’élèves, ensemble m’emmènent en vacances au bord de la mer.
Il y a maman Delphine et maman Solange. Mais bon, jamais je ne les appelle comme ça. Je dis maman, point. (p.11)