Un examen attentif nous révèle encore que Scorel doit avoir connu, outre la toile de Palma prise comme exemple, la "Vénus Endormie" de Giorgione, maître tant admiré par lui. Cette oeuvre, qui se trouve également à Dresde aujourd'hui, passait en ce temps-là pour une des principales curiosités de Venise. Elle était, ainsi que nous l'apprend un contemporain anonyme, chez Jérôme Marcelli.
Il se peut que Van Mander ait entendu parler de ce voyage et qu'il y fasse allusion lorsqu'il dit: „Peu de temps après son retour d'Italie, Schoorel reçut des lettres qui le sollicitaient de la part du roi de France, François I, d'entrer au service de ce monarque avec promesse d'un beau traitement. Jean déclina cette offre, ne tenant pas à devenir un peintre de cour". — S'il est vrai que Scorel ait reçu une pareille offre, on serait tenté de supposer que ce ne fut pas peu de temps après son retour d'Italie, mais plus tard, quand il s'était fait un nom comme peintre de portraits et de tableaux d'autel.
À Venise, Scorel subit très sensiblement — cette fois-ci, et pendant un second séjour, — l'influence de Giorgione et de Palma Vecchio. Le premier de ces deux maîtres était déjà mort, il est vrai, en 1510, mais ses oeuvres attiraient encore fortement l'attention.
Ce goût trop développé pour les débauches de table est un défaut qu'on trouvera chez plusieurs chanoines d'alors. Scorel, que d'autres documents nous dépeignent comme un homme qui aime à jouer du luth et à faire des vers, ne fait certes pas l'impression d'une nature ascétique. La joie de vivre est aussi une caractéristique de l'homme de la Renaissance.
Non seulement Scorel se considéra lui-même comme le peintre par excellence des Pays-Bas du Nord, comme l'homme qui voyait et rendait les choses selon le nouveau style : celui d'une exactitude idéalisée, que l'humanisme avait basé sur l'assimilation — illusoire ou réelle — de la civilisation classique,—mais d'autres également le considérèrent ainsi.