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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Déjà le troisième roman de Lenka Hornakova-Civade, dont j'ai découvert la plume aux tous débuts de l'aventure des 68 premières fois. Son premier livre, Giboulées de soleil avait enthousiasmé les participants, moi la première. Puis ce fut Une verrière sous le ciel, ambitieux, révélant le regard d'une artiste mêlant avec talent ses deux passions, la peinture et la littérature. A chaque fois, des voix fortes et surtout un thème central, la quête de la liberté, révélant de bouleversants parcours de femmes. Avec ce nouveau roman, il est encore question de liberté mais cette fois, c'est une figure masculine qui domine. Un personnage bien réel, ancien consul de Tchécoslovaquie à Marseille pendant la dernière guerre mondiale, que l'auteure fait ici revivre et que j'ai adoré rencontrer.

Il y en a eu tant, des individus comme lui qui ont oeuvré à leur niveau, sans bruit, simplement parce qu'ils avaient un idéal de liberté chevillé au corps, une certaine façon de concevoir leur devoir. Vladimir Vochoc était un fonctionnaire de la toute jeune Tchécoslovaquie (créé en 1918) dont l'encre de la constitution était à peine sèche lorsque, en 1938, il est nommé Consul pour le sud de la France et Monaco, basé à Marseille. A ce moment, son pays fait face à la convoitise du voisin allemand qui se montre de plus en plus pressant, on connait la suite à commencer par les désastreux accords de Munich et l'inertie du reste du monde. Vladimir est au service d'un idéal de liberté et de démocratie auquel son tout jeune pays sert de laboratoire : melting-pot d'origines et de confessions appelées à cohabiter harmonieusement et sans restriction. La guerre et l'occupation nazie dont on connait les thèses viennent rompre cette harmonie, l'après-guerre et la mainmise soviétique n'arrangeront pas les choses...

Lenka Hornakova-Civade nous plonge dans ces années charnières et dramatiques à travers le destin croisé de jeunes tchécoslovaques qui se retrouvent sur le territoire français pour différentes raisons. Parmi eux, Bojena, en route pour l'Amérique avec son mari, en escale à Strasbourg le temps de mettre au monde son enfant. Piégés par l'embrasement mondial, ils se retrouvent à Marseille où Vladimir maintient coûte que coûte l'activité de son consulat afin de fournir des papiers à ceux qui tentent d'échapper aux rafles nazies. Il s'agit de sauver des vies, malgré le cynisme et le désintérêt des hiérarchies de l'administration française après la signature de l'armistice. Secrets, fuites, séparations, emprisonnement, résistance... L'auteure nous emporte dans un tourbillon où le noir côtoie la lumière et où les destins sont irrémédiablement transformés.

Il souffle dans ces pages, toute la détresse d'un pays à L Histoire déjà très chahutée (cf l'Empire austro-hongrois), le désespoir des idéaux broyés par la convoitise, la barbarie ou l'indifférence. La musique, déjà présente dans ce beau titre, les traverse, par les chants yiddish qui se transmettent de mères en filles et bercent les veillées des fugitifs. L'auteure donne à Vladimir l'élégance des êtres d'exception que l'on ne peut qu'admirer. Et elle trouve, en faisant raconter une bonne partie de l'histoire de Bojena par la poupée de chiffon qui traversera les années aux côtés de son enfant puis de sa petite-fille, un formidable ressort à la fois dramatique et poétique.

J'ai trouvé ce roman superbement émouvant et je souhaite à de nombreux lecteurs de faire un bout de chemin avec Vladimir Vochoc qui trouve ici un bien bel écrin. Merci beaucoup, Lenka, pour ce récit lumineux.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Alors que je peste régulièrement sur des titres qui tombent à côté ou n'ont aucun rapport avec le contenu du roman, celui-ci est vraiment bien choisi.
Pour les novices en musique classique, c'est le titre d'une symphonie de Anton Dvorak qui a pour thème la conquête de l'Amérique au début du XXème siècle.
Et ce thème se retrouve dans ce roman, où l'on suit la destinée de deux tchèques, en quête de nouveau monde chacun à leur façon et qui vont se croiser dans les tourments de la seconde guerre mondiale.

D'un côté nous avons un consul fraîchement nommé à Marseille, qui s'accroche à ses tampons et ses formulaires, pour faire vivre le consulat d'un pays qui n'existe plus, car annexé par les allemands. Pourquoi cet acharnement administratif me direz-vous ? Eh bien c'est tout simplement une forme de résistance. Car pendant que d'autres se battent avec des armes, lui il offre des visas, des passeports à tous les tchèques, juifs, et plus si affinité, afin de leur permettre de partir et de rejoindre éventuellement l'Amérique. On n'avait pas autant aimé l'administration tchèque depuis le Procès de Kafka. C'est d'autant plus original et intéressant que le personnage a réellement existé.

Et de l'autre côté, nous avons Bojena, jeune mère tchèque, en transit en France sur la route de l'Amérique. Cette partie de l'histoire est racontée de manière originale : c'est la poupée de la petite fille qui en est narratrice. Petit regret que ce principe narratif n'ait pas été un peu plus exploité. Il reste un gout de reviens-y.

Outre l'intrigue que je vous laisse le soin de découvrir, ce roman est joliment écrit, avec ce supplément d'âme slave. Les personnages sont comme des roseaux qui ploient sans jamais casser. Ce sont des marcheurs inlassables ; leur façon de se battre contre l'adversité n'est pas un sprint mais une course de fond. Petite page de vocabulaire :en tchèque marcheur se dit "chodek".
Et il se dégage de ces vies un peu du spleen tchèque : la litost, définie par Kundera dans le livre du rire et de l'oubli comme "un état tourmentant né du spectacle de notre propre misère soudainement découverte."
C'est beau. Et même si l'action se déroule principalement en France, on a l'impression d'être à Prague. Comme si les silhouettes du Pont Charles se reflétaient dans la Méditerranée.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Et écoutez la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak et partez en week-end à Prague. Je précise que je ne suis pas payée par l'Office du tourisme et de la culture Tchèque...

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Ce roman se déroule dans les années 1938 – 1946, avec des « retours en avant » en 1953 et 2002 . C'est l'histoire croisée d'un diplomate tchèque et d'une mère et de sa fille, tchèques également en partance pour l'Amérique. Ce diplomate,Vladimir Vochoc, consul en France, à Marseille, va œuvrer au sauvetage de nombreux Juifs en leur délivrant des passeports qui leur permettront d'éviter les camps de la mort ; parallèlement, nous suivons les pérégrinations d'une famille tchèque, Bojena, son mari et de sa fille Josefa, entre Strasbourg, Marseille et la campagne corrézienne, durant l'occupation nazie, à la recherche d'un moyen de rejoindre les États-Unis. Leurs destins vont bien sûr se croiser.
L'auteur nous fait passer d'une époque à une autre au début du roman ; les narrateurs changent souvent (le consul, Bojena, la poupée de Josefa, le romancier) ; les personnages sont très nombreux ; mais tout s'éclaire rapidement à la lecture ;
Les dialogues sont nombreux, incisifs, souvent drôles, le style est alerte : le roman est écrit en français ;
Deux belles histoires croisées sur l'attachement au pays et le désir de liberté.
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Un roman que j'ai vraiment apprécié, avec son style original, très « parlé »,
avec son rythme décousu et turbulent qui évoque si bien le chaos et l'effarement de l'époque.
J'ai aimé découvrir Vochoc, cet homme haut en couleurs, obstiné dans ses valeurs, qui fonce tête baissée vers la destruction de sa vie pour aider les fugitifs, et que l'auteure a la brillante idée de sortir de l'oubli.
J'ai aimé rencontrer Bojena, digne, inébranlable, capable de s'engouffrer en une seconde dans l'illégalité mais profondément respectueuse de la transmission des origines, et qui chante envers et contre tout.
J'ai été surprise par l'histoire de la Tchécoslovaquie, sa création en 1918 et ses principes fondateurs.
Une lecture émouvante, qui fait une belle place à l'espoir et la résistance.
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Un livre sur un sujet à propos duquel j'ai beaucoup lu. Mais je pense qu'on ne lit jamais assez pour comprendre tous les aspects de la Shoah. J'ai été très intéressée par le point de vue de cette écrivaine tchèque qui vit en France et écrit en français.
Le roman commence par deux scènes fortes : à Prague, en 1953 Vladimir Vochoc fait face à un tribunal populaire, puis à l'époque contemporaine, toujours à Prague, lors d'une inondation une femme âgée ne veut pas quitter son appartement et impose d'autre part à sa fille que son enfant apprenne le français. Ces deux volontés apparaissent comme des ordres auxquels il est impossible de ne pas de soumettre. Puis nous repartons dans le passé à Strasbourg en 1938, deux femmes juives réfugiées accouchent, l'une perd son bébé, l'autre meurt en couches d'une petite fille bien vivante. La femme qui a perdu son bébé, s'empare de cette petite fille qui deviendra Josépha. le père de cette enfant confie une poupée qui avait été préparée par son épouse pour l'enfant à naître.

L'originalité du récit vient de cette poupée de chiffon aux yeux de nacre qui suit toute l'histoire de Josépha à travers les fuites successives de la famille qui échappe de si peu à la mort. Mais le récit prend aussi une tournure plus historique grâce à un personnage qui a existé le consul à Marseille de la Tchécoslovaquie Valdimir Vochoc.J'ai lu et découvert les fondements de la république tchécoslovaque qui voulait faire la place à toutes les minorités et toutes les langues qui se croisaient sur ce nouveau territoire. Si les démocraties avaient défendu cet état, le yiddish n'aurait donc pas disparu de l'Europe. Que d'occasions ratées ! Est ce que cela aurait permis à ne pas avoir à rechercher pourquoi il a fallu sacrifier environ 6 millions de juifs pour qu'enfin chacun se pose les bonnes questions face à l'antisémitisme. le parcours de la poupée de Josépha raconte à la fois combien le filet qui se resserre un peu plus à chaque fuite est totalement angoissant pour ces pauvres juifs chassés de toute part, et combien seulement un tout petit nombre d'entre eux n'ont dû leur survie qu'à la chance et aux quelques « justes » croisés sur leur chemin. On connait cette fuite et ces angoisses, c'est bien raconté et tout est plausible mais pour moi le plus novateur dans ce récit est la rencontre avec cet ambassadeur Tchécoslovaque et son amour pour son pays.
Lien : https://luocine.fr/?p=11393
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