C'est dans une bien mauvaise posture que nous retrouvons William Wisting, flic rencontré précédemment dans
Fermé pour l'hiver, car il se retrouve en effet accusé d'avoir falsifié des preuves dans le but de faire condamner un suspect dans une histoire d'enlèvement et d'assassinat près de 20 ans auparavant. Mis à pied en attendant l'enquête interne, nous allons suivre son parcours et ses investigations afin de tenter de prouver son innocence.
Si j'ai pu parfois regretter dans le précédent ouvrage de la série l'immersion faites dans un milieu qui ne me plait guère de retrouver dans mes lectures, ainsi que le fait que l'intrigue se déroule une partie du livre hors de la Norvège (sacrilège !),
Les chiens de chasse réunit quant à lui tout ce que j'aime dans le polar, et l'auteur maîtrise à nouveau parfaitement les codes du genre. Logique, me direz-vous, car lui-même est un ancien flic. Et qui de mieux qu'un ancien flic pour écrire sur le quotidien d'une enquête, pour faire ressentir cette atmosphère si particulière, cette pression, mais aussi sur ses rouages ?
J'ai été totalement prise par l'intrigue liée à la suspension de Wisting, qui doit prouver son innocence et qui se retrouve écarté de ses fonctions. Hanté par cette vieille affaire qui a mené à l'assassinat d'une jeune fille, le poids de la responsabilité qui lui pèse sur les épaules et incommensurable, et il travaillera avec acharnement pour tenter de laver son honneur, de prouver qu'il n'a pas failli à sa mission, et de justifier qu'il n'a pas mis un innocent en prison pendant 17 longues années. Il y aura des doutes, ce qui rend l'homme profondément humain. Pas de super flic ici, juste un homme acharné de travail, droit dans ses bottes, un peu paumé dans sa vie personnelle mais loin de la caricature du flic alcoolique et borderline qu'on ne supporte plus de retrouver dans ses polars.
Wisting n'est d'ailleurs pas sans rappeler un certain Erlendur Sveinsson, personnage récurrent de l'islandais
Arnaldur Indridason : solitaire, en proie à un certain spleen et pas franchement des plus optimistes, acharné dans son travail qu'il fait passer avant tout et tout le monde. La différence avec son homologue islandais, c'est le lien fort qui l'unit à sa fille Line, un lien complice qui rend d'ailleurs ce duo attachant et qui confère une complémentarité intéressante pour les enquêtes qu'ils mènent tous les deux : lui est flic, elle est journaliste.
Sans effet de style grandiloquent, il n'y aura pas des rebondissements toutes les vingt pages ou des cliffhangers à chaque chapitre, il n'y aura pas non plus d'étalage de violence, de scènes difficiles, l'auteur n'a pas besoin de ça pour séduire son lecteur et l'embarquer dans son intrigue, il faut se laisser porter par les événements. Il en ressort un polar authentique, crédible, qui aborde des sujets de société tels que l'emballement médiatique et la pression que les médias et l'opinion publique exerce sur une enquête, lorsque celle-ci piétine.
Le mot de la fin
Si le premier ouvrage de la série m'avait déjà vraiment plu, j'ai littéralement bouffé celui-ci, et c'est un coup de coeur pour cette intrigue policière. J'enchaîne direct avec le troisième tome, tant qu'à faire, et vous parlerai très rapidement de
L'usurpateur.
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