AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La poursuite du bonheur (24)

« DERNIERS TEMPS

Il y aura des journées et des temps difficiles
Et des nuits de souffrance qui semblent insurmontables
Où l’on pleure bêtement les deux bras sur la table
Où la vie suspendue ne tient plus qu’à un fil ;
Mon amour je te sens, qui marche dans la ville.

Il y aura des lettres écrites et déchirées
Des occasions perdues des amis fatigués
Des voyages inutiles des déplacements vides
Des heures sans bouger sous un soleil torride,
Il y aura la peur qui me suit sans parler

Qui s’approche de moi, qui me regarde en face
Et son sourire est beau, son pas lent et tenace
Elle a le souvenir dans ses yeux de cristal,
Elle a mon avenir dans ses mains de métal
Elle descend sur le monde comme un halo de glace.

Il y aura la mort tu le sais mon amour
Il y aura le malheur et les tout derniers jours
On n’oublie jamais rien, les mots et les visages
Flottent joyeusement jusqu’au dernier rivage
Il y aura le regret, puis un sommeil très lourd. »
Michel Houellebecq, « Derniers temps », La poursuite du bonheur.
Commenter  J’apprécie          90
Vacances

Un temps mort. Un trou blanc dans la vie qui s'installe.
Des rayons de soleil pivotent sur les dalles.
Le soleil dort ; l'après-midi est invariable.
Des reflets métalliques se croisent sur le sable.

Dans un bouillement d'air moite et peu mobile,
On entend se croiser les femelles d'insectes.
J'ai envie de me tuer, de rentrer dans une scte ;
J'ai envie de bouger, mais ce serait inutile.

Dans cinq heures au plus tard le ciel sera tout noir ;
j'attendrai le matin en écrasant des mouches.
Les ténèbres palpitent comme de petites bouches ;
Puis le matin revient, sec et blanc, sans espoir.
Commenter  J’apprécie          60
FIN DE PARCOURS POSSIBLE

À quoi bon s'âgiter? J'aurai vécu quand-même
Et j'aurai observé les nuages et les gens
J'ai peu participé, j'ai tout connu quand-même
Surtout l'après-midi, il y a eu des moments.
Commenter  J’apprécie          50
La nuit grimpe sur moi comme une bête impure

p16
Commenter  J’apprécie          30
Hypermarché - Novembre

D'abord j'ai trébuché dans un congélateur.
Je me suis mis à pleurer et j'avais un peu peur.
Quelqu'un a grommelé que je cassais l'ambiance;
Pour avoir l'air normal j'ai repris mon avance.

Des banlieusards sapés et au regard brutal
Se croisaient lentement près des eaux minérales.
Une rumeur de cirque et de demi-débauche
Montait des rayonnages.
Ma démarche était gauche.

Je me suis écroulé au rayon des fromages ;
Il y avait deux vieilles dames qui portaient des sardines.
La première se retourne et dit à sa voisine :
«C'est bien triste, quand même, un garçon de cet âge. »

Et puis j'ai vu des pieds circonspects et très larges ;
Il y avait un vendeur qui prenait des mesures.
Beaucoup semblaient surpris par mes nouvelles chaussures;
Pour la dernière fois j'étais un peu en marge.
Commenter  J’apprécie          30
Il est vingt et une heure, l'obscurité s'installe
Je ne peux plus crier, je n'en ai plus la force
Il pleut légèrement, les vacances s'amorcent
J'essaie d'imaginer que tout çà m'est égal.

Pour la vingtième fois je prend mon téléphone
Je n'ai plus rien à dire mais je peux écouter,
Suivre la vie des gens et m'y intéresser,
Pour la vingtième fois je ne trouve personne.

j'ai acheté du pain et du fromage en tranches,
Cà devrait m'éviter de crever mon oeil droit
Les aliments gargouillent, je crois qu'on est dimanche,
Le temps heureusement est modérément froid.

S'il y a quelqu'un qui m'aime, sur terre ou dans les astres,
Il devrait maintenant me faire un petit signe
Je sens s'accumuler les prémisses d'un désastre,
Le rasoir dans mon bras trace un trait rectiligne.
Commenter  J’apprécie          30
Tant de cœurs ont battu, déjà, sur cette terre
Et les petits objets blottis dans leurs armoires
Racontent la sinistre et lamentable histoire
De ceux qui n'ont pas eu d'amour sur cette terre.

La petite vaisselle des vieux célibataires,
Les couverts ébréchés de la veuve de guerre
Mon dieu ! Et les mouchoirs des vieilles demoiselles
L'intérieur des armoires, que la vie est cruelle !

Les objets bien rangés et la vie toute vide
Et les courses du soir, restes d'épicerie
Télé sans regarder, repas sans appétit.

Enfin la maladie, qui rend tout plus sordide,
Et le corps fatigué qui se mêle à la terre,
Le corps jamais aimé qui s'éteint sans mystère.
Commenter  J’apprécie          20
La disparition

Nous marchons dans la ville, nous croisons des regards
Et ceci définit notre présence humaine ;
Dans le calme absolu de la fin de semaine,
Nous marchons lentement aux abords de la gare.

Nos vêtements trop larges abritent des chairs grises
À peu près immobiles dans la fin de journée
Notre âme minuscule, à demi condamnée,
S’agite entre les plis, et puis s’immobilise.

Nous avons existé, telle est notre légende
Certains de nos désirs ont construit cette ville
Nous avons combattu des puissances hostiles,
Puis nos bras amaigris ont lâché les commandes

Et nous avons flotté loin de tous les possibles;
La vie s’est refroidie, la vie nous a laissés,
Nous contemplons nos corps à demi effacés,
Dans le silence émergent quelques data sensibles.
Commenter  J’apprécie          20
Le meilleur moyen de gagner la partie contre le temps est encore de renoncer dans une certaine mesure à y vivre.
Commenter  J’apprécie          20
Vivre sans point d'appui, entouré par le vide
Commenter  J’apprécie          20




    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten


    Lecteurs (132) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Houellebecq et son territoire

    Dans quelle île est né Michel Houellebecq ?

    Martinique
    île Maurice
    La Réunion
    Guadeloupe

    10 questions
    61 lecteurs ont répondu
    Thème : Michel HouellebecqCréer un quiz sur ce livre

    {* *}