Citations sur Conan (sélection de nouvelles) (16)
Il n'avait jamais vu d'éléphant, mais il comprenait vaguement qu'il s'agissait d'un animal monstrueux, doté d'une queue à l'arrière et d'une autre à l'avant.
(nouvelle "la Tour de l’Éléphant")
Le Rakhsha avait pris la mesure de ses propres pouvoirs lorsqu'il avait dû faire face aux Wazulis déchainés et à leurs couteaux dans le ravin près du village de Khurum, mais la résistance du Cimmérien avait sans doute quelque peu ébranlé sa confiance en soi. La sorcellerie se nourrit de succès, pas d'échecs.
(nouvelle "le Peuple du Cercle Noir")
Les hommes civilisés rient, déclara Conan. Pourtant pas un seul d'entre eux n'est capables d'expliquer comment Zogar Sag peut appeler et faire venir des forêts primitives des pythons, des tigres et des léopards, afin qu'ils exécutent ses volontés. S'ils l'osaient, ils diraient que tout cela n'est que mensonge. C'est caractéristique des civilisés. Quand ils sont incapables d'expliquer quelque chose à l'aide de leurs connaissances scientifiques assez douteuses, ils refusent d'y croire.
(nouvelle "Au-delà de la rivière noire")
(Conan est crucifié, à la merci des prédateurs)
Le vautour s'abattit dans un puissant frémissement d'ailes. Son bec plongea brusquement, écorchant le menton de Conan au moment où ce dernier tournait la tête d'un coup. Avant que l'oiseau puisse s'éloigner, Conan plongea la tête en avant, les muscles du coup tendus à l'extrême, et ses dents se refermèrent d'un coup sec sur le cou nu et rebondi du rapace, claquant comme celles d'un loup.
En un instant, le vautour était devenu comme fou, caquetant et battant frénétiquement des ailes, aveuglant Conan et lacérant son torse de ses serres. Inflexible, le Cimmérien ne desserra pas les dents, les muscles de sa mâchoire saillant en des blocs massifs. Les os du cou du charognard cédèrent alors, broyés par ces dents puissantes.
(nouvelle "Une sorcière viendra au monde")
La barbarie est l'état naturel de l'humanité, [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours pas triompher.
-- Et tes propres dieux? Je ne t'ai jamais entendu les invoquer.
-- Leur chef est Crom. Il demeure sur une grande montagne. A quoi bon l'invoquer? Que les hommes vivent ou meurent, il s'en moque. Mieux vaut se taire et ne pas attirer l'attention sur soi; car il enverra alors des malédictions, et non la bonne fortune! Il est cruel et sans amour, mais à la naissance il insuffle dans l'âme de chaque homme le pouvoir de se battre et de tuer. Que pourraient demander d'autre les hommes aux dieux?
-- Et les mondes qui se trouvent au-delà de la rivière de la mort? insista-t-elle.
-- Dans les croyances de mon peuple, il n'y a pas d'espoir ici ou après, répondit Conan. Dans ce monde les hommes luttent et souffrent en vain, trouvant du plaisir seulement dans la folie ardente de la bataille; une fois morts, leurs âmes pénètrent dans un royaume gris, nuageux et parcouru de vents glacés, où ils errent sans joie, pour l'éternité.
(nouvelle "la Reine de la Côte Noire")
En règle générale, les hommes civilisés sont plus malpolis que les sauvages car ils savent qu'ils peuvent se montrer grossiers sans se faire fendre le crâne pour autant.
(nouvelle "la Tour de l’Éléphant")
Je suis allé bien loin... plus loin que n'importe quel autre homme de ma race. J'ai vu toutes les grandes villes des Hyboriens, des Shémites, des Stygiens et des Hyrkaniens. Je me suis aventuré dans des pays inconnus au sud des royaumes noirs de Kush et à l'est de la mer de Vilayet. J'ai été capitaine de mercenaires, corsaire, kozak, vagabond sans le sou, général... Diable, j'ai tout été dans ma vie, excepté roi, et je le deviendrai peut-être un jour avant de mourir.
J'ai connu un grand nombre de dieux. Celui qui nie leur existence est aussi aveugle que celui qui leur fait une trop grande confiance. Je ne cherche pas à savoir ce qu'il y a au-delà de la mort. Ce sont peut-être les ténèbres, comme l'affirment les sceptiques de Némédie, ou bien le royaume de glace et de nuages de Crom, ou encore les plaines enneigées et les salles voûtées du Valhalla des peuples du Nord. Je l'ignore et cela m'importe peu. Il me suffit de vivre ma vie intensément ; tant que je peux savourer le jus succulent des viandes rouges et le goût des vins capiteux sur mon palais, tant que je peux jouir de l'étreinte ardente de bras à la blancheur d'albâtre et de la folle exultation de la bataille lorsque les lames bleutées s'enflamment et se teintent d'écarlate, je suis satisfait ! Je laisse aux érudits, prêtres et philosophes le soin de méditer sur les questions de la réalité et de l'illusion. Je sais une chose : si la vie est une chimère, alors moi aussi j'en suis une ; par conséquent l'illusion est réelle pour moi. Je vis, je brûle de l'ardeur de vivre, j'aime, je tue et je suis satisfait.
Enfin, d’une rue transversale, surgit une masse énorme, gluante, d’un gris lépreux dans la clarté lunaire. Elle s’engagea dans la rue et s’avança rapidement vers Conan, sans produire d’autre bruit que l’aspiration humide de son curieux mode de locomotion. Son extrémité antérieure était prolongée par deux espèces d’antennes, d’au moins dix pieds de long, doublées d’une seconde paire d’appendices analogues, mais plus petits. Les longues cornes ployaient de droite et de gauche, et Conan constata qu’elles étaient terminées par des yeux.
Cette créature n’était autre qu’une limace, semblable aux inoffensives limaces qui errent la nuit dans les jardins, laissant derrière elles une traînée de bave gluante. Mais celle-ci avait cinquante pieds de long et était aussi large en son milieu que Conan était haut. En outre, elle se déplaçait aussi vite qu’un homme courant à toute vitesse. La chose exhalait une odeur fétide, qui annonçait son passage.