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Solomon Kane tome 0 sur 3

Gary Gianni (Illustrateur)Patrice Louinet (Traducteur)
EAN : 9782352942047
431 pages
Bragelonne (24/08/2008)
3.66/5   120 notes
Résumé :
Aventurier errant et vagabond sur la Terre, Solomon Kane traque et tue impitoyablement ses ennemis dans un monde élisabéthain pris de folie: brigands et pirates, certes, mais aussi vampires et morts-vivants. Instrument de Dieu ou puritain fou habite par des forces qui le dépassent, qui est Solomon Kane ? L'une des créations les plus originales de Robert E. Howard. Cette édition, élaborée par Patrice Louinet, l'un des plus éminents spécialistes internationaux de Robe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Au cours d'une carrière malheureusement très courte, Howard a su créer des personnages forts. Solomon Kane en est un bon exemple (parmi d'autres).

Dans ce formidable recueil (très bonne post-face de Louinet), on retrouve le talent de conteur de l'auteur qui sait décidément mener des récits palpitants et plein d'action. Avec Solomon Kane, Howard démontre encore qu'il sait créer des personnages complexes et intéressants. Kane est un justicier, certes, mais il a un côté sombre, il est presque aussi inquiétant que les démons qu'il combat. Pour lui, la fin justifie les moyens et il se montre parfois ultra violent pour rendre la justice, et il semble y prendre plaisir. le goût du combat est clairement une motivation pour lui, la justice n'est pas la seule. On est donc bien loin d'un personnage simpliste et manichéen.

Certaines nouvelles mettant en scène des tribus africaines sont à lire en gardant à l'esprit l'époque où elles ont été écrites. Il y a là parfois une vision un peu désuète de l'Afrique, pétrie de clichés et non dénuée d'un certain paternalisme. Mais s'il y a bien une vision un peu caricaturale de l'Afrique, je ne pense pas qu'on puisse taxer Howard de racisme. Kane lui-même affirme, dans un des récits, que la couleur de peau est la seule différence entre lui et les hommes noirs de la tribu dans laquelle il vit . Pas sûr que beaucoup d'auteurs des années 30 auraient placés ces mots dans la bouche de leur héros.

Comme pour tout recueil, le résultat est inégal. Certaines nouvelles sont anecdotiques et plutôt dispensables (même si on ne s'ennuie jamais). C'est le cas de "bruits d'ossements" (un récit macabre plaisant mais sans plus), "la flamme bleue de la vengeance" (sympathique histoire de vengeance utilisant des codes des histoires de pirates), "des bruits de pas à l'intérieur" (du Solomon Kane façon Lovecraft mais en moins bien).

"Des crânes dans les étoiles" et "la main droite du destin", deux récits d'épouvante quasi gothiques sont plaisants et auraient pu donner lieu à de chouettes contes de la crypte. L'auteur sait instaurer une ambiance très réussie qui permet d'apprécier la lecture de ces textes dont les intrigues sont tout de même très classiques et les dénouements un peu attendus.

Les meilleures nouvelles sont, selon moi, les aventures exotiques. La nouvelle intitulée simplement "Solomon Kane" permet de faire connaissance avec le héros de belle façon. le texte démarre comme un récit de cape et d'épée à base de combats de sabre dans une taverne avant de bifurquer vers l'aventure exotique fantastique. Dans "les collines de la mort", Kane se montre particulièrement violent lorsqu'il s'agit d'éliminer une horde de sortes de morts-vivants. Il est à la limite de la démence. La nouvelle est excellente. Tout comme "la lune des crânes" avec sa reine aussi cruelle que séduisante et ses rites vaudous. le passage de la cérémonie de sacrifice rituel m'a fait penser aux adorateurs de Kali dans "Indiana Jones et le temple maudit".

Bref, même si c'est moins ultime que Conan, j'ai passé un très bon moment en compagnie de Solomon Kane et c'est avec plaisir que je découvrirai d'autres personnages du grand Howard.

Challenge Multi-défis 2017 - 33 (30- un livre d'un auteur décédé avant ses 40 ans)
Challenge 14-68 entre 2 points de bascule 2017
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Il y a toujours eu de la noirceur et du nihilisme dans les créations de R.E. Howard. C'est ici clairement le cas avec ce héros sans identité, sans passé, qui arrive d'on ne sait où pour repartir on ne sait où, qui agit comme la vengeance de Dieu faite homme, une véritable incarnation de la justice immanente venant châtier les malfaisants. Il est introduit dans une nouvelle dans laquelle il affronte son alter ego maléfique, un homme sans identité, sans passé, qui agit comme la malignité du Diable faite homme, une véritable incarnation du Côté Obscur…
Solomon Kane incarne le vengeur solitaire, mais ici on est près des vigilantes des actionners des années 1970-1980 que des lonesome cowboys ou des héros de capes et d'épées. Entre le Allan Quatermain de Sir Henry Rider Haggard (Les Mines du roi salomon) et le Ichabod Crane de Washington Irving (Sleepy Hollow), une ambiance gothique plane sur toutes les aventures du sombre justicier qui voyage des landes d'Ecosse aux jungles africaines en passant par les ruelles mal famées d'Angleterre ou les sombres forêts d'Allemagne. Et qu'on ne vienne pas me dire que l'auteur texan était raciste, car ici qui est le meilleur allié du puritain ? le shaman africain N'Longa, dépositaire du sceptre du roi Salomon.
Il faut aussi mentionner un travail soigné de la part des éditions Bragelonne, supervisé par Patrice Louinet, éminent spécialiste de l'auteur américain, qui ici signe la traduction, l'introduction et la postface de l'ouvrage. Et on nous a gâtés avec les nombreuses illustrations intérieures de Garry Gianni.
Maintenant vous invités à entrer dans un univers of High (Dark) Adventures…


Solomon Kane :

Tout le personnage et tout l'univers de Solomon sont présents dans cette nouvelle éponyme. A découvrir ne serait-ce que pour voir qu'Howard n'a pas écrit que du Conan !

Des Crânes dans les étoiles :

Un conte macabre qui me rappelle à la fois "Le Chien des Baskerville" pour son ambiance lugubre et le "Sleepy Hollow "de Tim Burton pour son dénouement macabre.

La Main droite du destin :

Là aussi un conte macabre que ne renierait pas le maître Tim Burton.

Bruits d'ossements :

Là encore un conte macabre que ne renierait pas le maître Tim Burton.

Les Collines des morts :

Bonne nouvelle particulièrement sombre : le lecteur suit avec plaisir la transformation de ce survival en film à la George Romero. Et puis en plus on a droit à une fin dantesque au sens premier du terme !

La Lune des crânes :

Encore un avatar des fabuleux "Clous Rouges". La brillante analyse de Patrice Louinet en appendice est indispensable pour pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. Je rajouterai juste que le récit du dernier survivant atlante prisonnier de la reine noire ressemble à si méprendre à celui de Yag-Kosha prisonnier du sorcier Yara dans "La Tour de l'Eléphant."

La Flamme bleue de la vengeance :

Une classique histoire de pirates, de contrebandiers et de nobles corrompus auxquels sont confrontés de braves anglais sur les côtes des Îles britanniques. L'ombre des "Contrebandiers de Moonfleet" plane sur l'ambiance de cette nouvelle.

Des Ailes dans la nuit :

Une nouvelle particulièrement sombre parmi les sombres univers chers à l'auteur texan ! Personnellement je me remémore le roman "Au Coeur des ténèbres" : plus le vengeur puritain progresse dans sa quête de justice, plus il régresse vers une violence mêlant cruauté et bestialité.
Un terrifiant survival. Kane triomphe certes, mais à quel prix puisque nul n'est encore en vie pour bénéficier ou témoigner de sa victoire…

Des Bruits de pas à l'intérieur :

Une sympathique courte aventure nouvelle africaine du vengeur puritain qui trahit son héritage lovecraftien.

Jeremy Hawk (récit inachevé) :


Asshur (récit inachevé) :

Les descendants d'une civilisation antique qui survivent tant bien que mal au coeur de contrées sauvages oubliées de tous : un archétype dans les univers howardiens.

Les Épées de la Fraternité :
Variante assez peu différencié de "La Flamme bleue de la Vengeance".


Bonnes lectures à toutes et à tous, et enjoy !
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Ce n'est pas particulièrement accrocheur. Les histoires paraissent toujours un peu vides, il manque la verve de Conan, les combats épiques, l'univers riche et l'imagination débridée que permettait l'Âge Hyboréen. Ça reste Howard, et il y a fondamentalement un talent et une bonne plume, mais c'est moindre, je ne crois pas que ce soit Howard à son meilleur.

Tout comme le personnage, ses histoires semblent avoir une sorte de crise existentielle. Je lis et j'aime Conan pour l'action et la barbarie; Kull pour les concepts étranges et l'aspect surréel; Bran Mak Morn pour les grosses batailles et la tragédie de Bran qui ne pourra jamais sauver son peuple. Mais Solomon Kane? Je ne suis pas entièrement sûr. Les histoires ne sont pas mauvaises, mais on dirait qu'il manque quelque chose à chacune. L'idée du personnage est bonne, mais j'ai l'impression que même le talent de Howard ne donne pas de réelle raison aux récits. Il manque l'éclair, la foudre unique qui donne leur saveur aux autres héros de Howard, et je dirais aussi qu'il manque de matériel, il manque d'histoires plus longues et plus importantes pour vraiment étoffer le personnage.

LE LIVRE :

Très beau, mais puisque c'est Bragelonne, je crois que ça va sans dire. Reliure banale mais élégante, couverture plaisante au toucher qui avec un tantinet de soin ne reste pas trop pliée ou grafignée. Ce livre faisant partie de la collection del Rey que Bragelonne a « importé », nous avons donc droit aux textes originaux et à des illustrations. Gary Gianni fournit les illustrations, et comme dans Conan et Bran, il est excellent et élève vraiment les idées et scènes de Howard. Patrice Louinet offre une excellente genèse à la fin, qui vaut la peine de lire, comme les autres.

LE TEXTE :

Ombres Rouges :

Pas exactement ce dont à quoi je m'attendais, mais pas une mauvaise surprise non plus. le début m'apparait un peu trop rapide, ça manque un petit quelque chose, mais dès que Kane se rend en Afrique, les descriptions s'étoffent et les conflits montent. Il y a un très bon flair poétique à cette nouvelle, plus que pour Conan, qui m'a d'ailleurs rappelé les meilleurs moments de Kull, notamment quand il marche dans les rues de Valusie, la nuit.

Le combat contre le Loup était plutôt bien fait, mais il manquait la verve et l'électricité des combats de Conan, et j'aurais préféré une fin plus claire et explicite pour le Loup, au lieu de simplement impliquer qu'il est mort et tombé par terre. J'aurais aussi aimé que Howard montre la poursuite de Kane à travers les pays (ce qui aurait été une opportunité pour plus d'introspection et de résolution, et de péripéties juteuses, peut-être), car les longs dialogues qui résument tout m'apparaissaient un peu forcés.
Sinon, c'est une bonne nouvelle. Bien ficelée, bien écrite, elle met le ton pour ce qui est à suivre, je crois.

Des crânes dans les étoiles :

Une nouvelle courte mais fort plaisante. Les descriptions sont bonnes et atmosphériques à souhait. Mais je trouve qu'elle manque de substance. Elle est courte et a l'avantage d'être concise, mais j'aurais aimé plus de cet endroit et de ce contexte. Je n'ai pas grand-chose d'autre à dire, autrement qu'elle était bien bonne et montre aussi le conflit interne de Kane vers la fin.

La main droite du destin :

Très courte, Kane n'y a quasiment rien à faire. Pas que c'est une mauvaise nouvelle, mais disons qu'elle manque un peu de viande sur l'os. Un tel manque qu'il n'y a pas grand-chose d'autre à dire dessus, c'était juste adéquat, avec une bonne dose de sorcellerie bien appréciée.

Les bruits d'os :

Similaire à la précédente, en termes de taille et de qualité. Celle-là, par contre, m'apparait plus simple, moins peaufinée, plus rudimentaire. Pas mauvaise, mais j'ai de la misère à voir le but de cette nouvelle, la raison et la motivation de Howard pour l'écrire en premier lieu et la terminer.

La Colline des Morts:

Pas mauvaise du tout, mais comme les nouvelles, ça ne m'a pas émoustillé non plus comme la plupart des nouvelles de Conan le font. Il y a une bonne dose d'action vers la fin, et la mythologie est intéressante et N'Longa est bien sympathique, mais il n'y a rien de remarquable à la nouvelle. Elle est juste adéquate.

La Lune des Crânes :

C'est une vieille idée cousue et recouse, la mystérieuse cité antique perdue au milieu de nulle part, que Howard semble obsédé avec, puisque quasiment chaque personnage iconique qu'il a créé en rencontre au moins une dans ses aventures (surtout Conan, bon dieu). Mais je dois dire que Negari est plutôt bien réalisée, en particulier sur sa riche histoire. Mais la nouvelle demeure très basique, très linéaire, on sait où ça s'en va et comment les choses vont se dérouler. Plaisante, mais rien d'extraordinaire.

La Flamme Bleue de la Vengeance :

Encore une fois, une nouvelle bien adéquate, plutôt linéaire et concise. Deux bonnes scènes de combat, mais il manque un je ne sais quoi pour élever l'histoire.

Les Ailes dans la Nuit :

J'adore l'idée de base pour les akaanas et leur mythologie, et en lisant, j'ai eu l'impression que toute la nouvelle existe seulement pour que Howard puisse nous montrer ces créatures. Elles sont vraiment le point central de l'histoire, et il s'agit sans doute de ma nouvelle préférée du recueil, aussi car elle parait plus complète et étoffée que les autres, proche du calibre des histoires de Conan en terme de qualité.

Des Bruits de Pas à l'Intérieur :

Très courte, très simple, sans grande saveur mais avec, au moins, une bonne scène à la fin, dosée de paranormal et d'une créature assez unique. C'est pas mal tout.

Les fragments et brouillons :

Ils n'en valent pas vraiment la peine. J'ai aimé l'idée de base dans Asshur, mais le reste est assez plat et sans saveur.

PLAISIR DE LECTURE :

Solomon Kane n'est pas aussi étoffé que je l'aurais espéré. L'idée de base est bonne, un puritain à moitié fou qui erre et agit en justicier furieux pour la moindre injustice. Mais il manque de substance, on voit rarement ses conflits intérieurs (alors qu'il y a tant de potentiel), les nouvelles sont souvent trop courtes, trop linéaires ou trop basiques pour vraiment s'élever et fonctionner comme les aventures de Conan ou Kull. Ça vaut la peine d'un détour pour tout fan de Howard, mais on dirait qu'il manque un tout petit quelque chose pour que ça fonctionne aussi bien que ça devrait. La magie et la verve de l'auteur ne sont pas toujours au rendez-vous. Ça reste plaisant à lire, et bien construit, Howard étant un excellent raconteur, mais je le recommande vraiment qu'aux fans déjà mordus.
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En lisant cet intégral non censurés de Solomon Kane bien des années après avoir vu le film. Lors de la lecture j'avais l'écho de la voix de Solomon dans le film : grave et sonore, faisant hésiter les plus féroces de ses ennemis.
J'adore ce genre de héros humain sans super pouvoir, un peu à la Batman, ou à la Rorschach. Sans gadget, ni masque et paillette. Sobrement habillé, comme on peut le voir sur la 1 ère de couverture. Il est armé de deux lourds pistolets, d'une dague et d'une rapière. Puis il recevra par N'Longa, un magicien Africain, un bâton-vaudou refermant une puissante magie d'un temps ancien, cela ne lance pas d'éclair mais reste tout aussi puissant pour vaincre des créatures maléfiques.

Il est un humble puritain, qui a lui-même souffert de la monstruosité des hommes ; directement sur des galères à ramer, torturé par l'Inquisition, en combattant les criminelles qui ne cherchaient pas rédemption. Et indirectement en voyant et ressentant la souffrance d'innocentes victimes, violenté, torturé, mutilé, violé, et laissé morte ou à demi-morte.
Faisant justice en tuant ces monstres d'humains qui nous ressemblent, et ainsi venger leurs victimes et protéger les futurs victimes. On pourrait penser qu'il est fou, un psychopathe, voir un « paranoïaque » comme le dirait Robert E. Howard, et que s'il vivait à notre époque actuelle il pourrait être injustement enfermé en faisant justice pour ses pauvres gens. Il n'a compagnie que lui seul, mais il n'est pas indifférent aux autres. Même s'il est froid dans ses mots il peut se montrer d'une douceur insoupçonnée. Il sait ce qui est bien et mal, cette notion-là que beaucoup n'ont pas. En lui manquent les mots pour expliquer tout cela, son vécu et son ressenti… mais de toute manière peu de gens le comprendraient.

Solomon mange et dors peu, car ce qui le nourrit est d'assouvir son but. Sa quête de justice n'a pas de fin car le mal est dans l'être humain.
Nous suivons ses aventures de l'Europe à l'Afrique, dans un univers fantastique, maléfique de démons, de monstres, de morts-vivants, dans le XVIe siècle.

Gary Gianni illustre parfaitement la couverture ainsi qu'à l'intérieur les nouvelles par ses dessins en noir et blanc donnant de l'ambiance au récit.
Pour ceux aimant les héros justicier, et la fantasy, je vous conseille de le lire 📖.
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Ceci n'est qu'une critique du livre en tant qu'objet, car il s'agit là d'une collector. Pour une critique de son contenu, allez voir sur la page des autres versions du livre.

Donc, nous avons ici la deuxième collector de ce que j'espère être une série sur les oeuvres de Howard. Je ne suis pas particulièrement au courant, j'ignore si Bragelonne ou Patrice Louinet en ont fait une annonce, mais j'espère vraiment qu'il y aura d'autres de ces éditions, elles sont sublimes, et à en juger par le design fort similaire de celle-ci, ça laisse à présager que c'est bien le cas. Je prie pour que Kull soit le prochain à avoir ce traitement.

En ce qui concerne le livre en soit, eh bien, c'est à peu près la même chose que pour celui de Conan. Un immense livre, bien relié, avec un signet, toutes les mêmes histoires et des illustrations en plus. Et ma foi, ces nouvelles illustrations sont sublimes, en particulier celles de Didier Graffet et Benjamin Carré. Par contre, et ceci est un point que je n'avais pas soulevé pour Conan, c'est que ces illustrations ne représentent quasiment jamais une histoire en particulier. Ce sont surtout des illustrations qui ‘évoquent' l'idée du personnage de Solomon Kane, l'idée qu'a la culture populaire de lui.

Les images de Conan m'ont fait réaliser comment la culture populaire le perçoit, comparé à comment il est dans les histoires. Je ne parle pas de son apparence mais bien des scénarios dans lesquels il se retrouve. Il y a bien sûr des scènes fidèles dans ces illustrations colorées, mais une bonne partie sont entièrement inventées, et c'est intéressant de noter que celles dites inventées sont les plus intéressantes : Conan sur le dos d'une monstruosité squelettique qui vole au-dessus de ruines baroques; Conan qui combat un minotaure géant; Conan devant une déesse géante…

J'étais un peu déçu en lisant les histoires de ne pas voir ces scénarios plus fantastiques se réaliser sous forme écrite. Mais en même temps, je n'étais pas si déçu que ça, car ce que j'ai eu dans les nouvelles et l'unique roman était, en somme, du même calibre, et peut-être même plus haut. Il y en a tellement, des scènes épiques de combat et d'action, et des endroits grandioses, que je n'avais plus besoin de voir spécifiquement ces images comme une envie qui ne serait jamais exaucée. Je les voyais plutôt comme un bonus à l'oeuvre.

Mais avec Solomon Kane c'est différent. La moitié des images colorées sont des scènes qui n'existent simplement pas : Kane qui se bat contre des chauves-souris géantes sur le toit d'une méga-cathédrale gothique; Kane qui abat un démon lovecraftien; Kane qui se fait envelopper par des démons squelettiques; Kane qui combat une horde de bandits dans une église... Et ça me fait mal de les voir, car c'est ça l'idée de Solomon Kane que j'avais avant de lire les histoires, et c'est ça que j'aurais voulu qu'il soit. Je ne dis pas que les nouvelles sont mauvaises, ni que la vision de Howard n'est pas intéressante, mais j'y ai toujours trouvé qu'il manquait de viande sur l'os, il manque le zing, la foudre, l'étincelle. Il y a la graine de l'étincelle, l'idée de base est bonne, et juste avec elle on a ces magnifiques illustrations.

Mais je vois ces images non pas comme un bonus mais comme une envie qui ne sera jamais exaucée, comme un rappel de ce que Solomon Kane aurait pu être et devenir si Howard avait continué à le développer. Je suis content que ces illustrations soient là, elles sont belles et bonnes, mais elles sont aussi un peu amères, car elles représentent un calibre, un ton épique, un aspect gothique décadent, une horreur innommable, un héros plus grand que nature et des aventures sans fin qui ne sont tout simplement pas présents en entier dans le texte tel quel. Je suis content et ravi que ce soit l'image que la masse se fait de Solomon Kane, une image selon moi meilleure que ses réelles sources, une conception beaucoup plus étoffée, ça démontre que l'idée de base pour ce personnage est juste excellente. Mais en même temps, ça court le risque d'entraîner cette même déception que j'ai eu pour plusieurs qui veulent réellement découvrir le personnage.

Bon, suffit de ces divagations, repassons à la critique du livre.

La couverture est magnifique, son fond étant une combinaison de deux oeuvres d'Albrecht Dürer. Un choix un peu étrange, je l'admets, et qui n'a pas particulièrement rapport avec Solomon Kane (sauf pour un ténu lien thématique avec les anges, je suppose), mais ça fait très beau, donc je ne vais pas m'en plaindre. le dos cette fois est rouge, avec le même style de SOLOMON KANE écrit en relief dessus. Comme pour Conan, il vient avec un papier qui indique tous les noms des artistes, papier vite froissé, mais qui protège le livre de marques de doigts qui ont tendance à rester dessus (mais qui ne sont visibles que de près, et sous un certain angle).

C'est donc un objet de qualité, qui je dirais en vaut le prix. Je n'ai que des problèmes mineurs avec celui-ci comparé à Conan. Premièrement, le dos m'apparait un peu moins solide, cette fois, et il émet des craquements quand on l'ouvre, ce qui je présume est attribuable à sa plus petite taille, car il a sinon l'air de la même facture que Conan. Et deuxièmement, le papier. Je sais que je m'étais plaint que les pages étaient trop minces et faciles à froisser pour Conan, mais en même temps, je savais que c'était le cas car ce livre faisait déjà un millier de pages et plus, donc il fallait compresser le plus possible. Mais là, parce que Solomon Kane frôle à peine les cinq cent pages, j'ai l'impression qu'ils ont opté pour un papier plus épais, qui a une texture plutôt rude au toucher. Je ne dirais pas déplaisante, mais on ressent une certaine… cheap-eté. Pas pour chier sur Bragelonne, loin de là, je suis heureux d'avoir ce livre, j'adore qu'ils en aient fait un deuxième, et dès que je l'ai vu j'ai voulu à tout prix l'acheter. Mais ce papier a quand même un drôle de ressenti. C'est juste ça.

Il n'y pas d'autres défauts, sinon. le livre est superbe, il se conjugue à merveille avec celui de Conan, et ce sont les mêmes classiques histoires de Solomon Kane à l'intérieur, avec en plus de magnifiques illustrations en pleine couleur. Ça vaut bien l'achat, mais je le recommande qu'aux fans mordus comme moi, ou ceux qui n'ont pas déjà acheté Solomon Kane et qui sont intéressés, car pour un prix un peu plus haut, ça fait certainement un objet plus beau et durable que la version brochée.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
10 octobre 2019
Toujours étonnamment moderne, le personnage méritait bien cette intégrale, qui, bien que brochée et plus économique, ne sacrifie pas, par exemple, ses illustrations intérieures et fait bien qu’en remontrer aux éditions anglaises ou américaines publiées précédemment.
À posséder, et pas seulement pour l’afficher dans sa bibliothèque !
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Il ne cherchait jamais à analyser les motivations de ses actes et ne déviait jamais de la route qu'il s'était fixée, une fois sa décision prise. Bien qu'il agisse toujours sous le coup d'une impulsion, il était fermement convaincu que tous ses actes étaient gouvernés par des raisonnements logiques et froids. C'était un homme né hors de son temps, un étrange mélange de puritain et de chevalier errant, avec un soupçon du philosophe des ères passées et une dose plus importante de paganisme, quoique cette dernière assertion l'aurait choqué au-delà de toute mesure. Un survivant surgi des jours révolus de la chevalerie, un chevalier errant paré des habits austères du fanatique. Une faim insatiable dans son âme le poussait toujours plus loin, un besoin irrésistible de réparer les injustices, de protéger les créatures les plus faibles, de venger toutes les infractions commises à l'encontre du droit et de la justice. Aussi changeant et impétueux que le vent, avec une seule constante: sa fidélité à ses idéaux de justice et de droit. Tel était Solomon Kane.
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Sa vie durant il avait parcouru le monde, venant en aide aux faibles, combattant l'oppression, sans jamais savoir pourquoi, ni même se poser la question. C'était son obsession, ce qui motivait toute sa vie. La cruauté et la tyrannie envers les faibles embrasaient son âme d'une colère noire, aussi féroce que tenace. Lorsque la flamme de sa fureur avait été attisée et qu'elle touchait à son paroxysme, il n'avait de cesse que sa vengeance soit consumée. Quand il lui arrivait de s'interroger sur sa conduite, il se disait qu'il accomplissait le jugement de Dieu, qu'il était un instrument du courroux divin, châtiant les êtres impurs. Pourtant Kane n'était pas vraiment un puritain, au sens plein du terme, même s'il se considérait comme tel.
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Kane soupira.
— Il m'est arrivé, de temps à autre, lors de mes voyages de par le monde, de devoir soulager de leur vie nombre d'hommes habités par le mal. J'ai le sentiment qu'il en ira ainsi avec le baron.
— Au nom de tous les diables ! jura Silent, stupéfait. Tu parles comme si tu étais un juge sur son banc et le baron von Staler ligoté et impuissant devant lui. Or, la situation est bien différente : tu es armé de ta seule épée alors que le baron est entouré d'hommes d'armes qui n'attendent que de se battre.
— Le droit est de mon côté, répondit sombrement Kane, et le droit est plus puissant qu'un millier d'hommes d'armes.
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Là, au-dessus du cadavre déchiqueté, homme et démon s'affrontèrent sous la pâle lueur de la lune naissante, avec tous les avantages dans le camp du démon, à l'exception d'un seul. Et ce avantage-là était suffisant pour venir à bout de tous les autres. Car si une haine abstraite peut donner substance à une créature spectrale, le courage, tout aussi abstrait, ne pouvait-il pas lui aussi forger une arme concrète pour combattre ce fantôme ?
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p.251.
Kane avait ramé enchaîné sur les bancs d’une galère turque ; il s’était épuisé à la tâche dans les vignes de Barbarie ; il avait combattu les Peaux-Rouges sur le Nouveau Continent et avait croupi dans les cachots de l’Inquisition espagnole. Il avait une profonde connaissance des horreurs que l’homme peut infliger à l’homme, mais à cet instant précis il frissonna et eut la nausée. Ce n’était pourtant pas tant l’atrocité des mutilations, si terribles soient-elles, qui ébranlèrent l’âme de Kane, que le fait que le pauvre diable soit encore en vie.
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Vidéo de Robert E. Howard
Le cinéaste Bertrand Mandico s'empare de la figure de Conan le barbare, d'abord adaptée sur grand écran par John Milius en 1982 d'après l'oeuvre originale de Robert E. Howard. Il donne une version bien revisitée et loin de celle interprétée par Arnold Schwarzenegger. Car Conann avec deux "N" est "iel", loin des clichés de virilité, et le réalisateur joue avec les codes queer pour mettre en scène sa vie...
Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
#cinéma #conan #feminisme ______________ Écoutez d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture dans Les Midis de Culture par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrrNrtLHABD8SVUCtlaznTaG&si=FstLwPCTj-EzNwcv ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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