Joe la pirate

Je me faisais une joie de lire ce roman graphique et de découvrir une nouvelle biographie haute en couleur de cette femme que je ne connaissais pas, dite "Joe la pirate". Si j'avais plutôt de la sympathie pour elle au début de son histoire, certains "détails" m'ont vite fait changer d'avis. Alors oui elle a fait des choses incroyables pour une femme à son époque, mais son caractère "bien trempé" tient plus du caprice à assouvir que d'une force de caractère réelle et une envie de faire bouger les choses. Tout pour elle n'était que conquête, le commerce, les records, et les femmes dont elle ne semble avoir apprécié - et encore - qu'une ou deux, sur un total de 120 (oui elle les a comptées). Elle s'improvise toutes sortes de rôles sur son pile parce qu'elle en a le droit, sa vision des "indigènes" est très colonialiste et elle va jusqu'à choisir le nom des bébés et leur interdire leur religion pour imposer la sienne (pour l'ouverture d'esprit on repassera). Elle leur reproche d'ailleurs leur vie sexuelle débridée et adultère alors que c'est ce qu'elle fait en permanence, et s'il y a régulièrement des émeutes ce n'est pas parce qu'ils sont insatisfaits mais parce qu'ils sont "coutumiers du fait" (sic). Elle trouve aussi très fun de tuer des animaux sauvages (pour le "sport" hein pas pour se nourrir). Bref je ne m'étendrais pas plus sur la dame en question.

Mais rajoutons à cela la construction du livre, avec des sauts incompréhensibles d'une femme à une autre où on ne sait plus qui est qui, son ami avec qui elle vit et qui apparaît à la fin de sa vie en sortant de nulle part...Il paraît qu'ils ont pris de très grande libertés pour rédiger cette bio, pourquoi pas.
Pour moi ce fut un vrai flop, d'autant plus que je suis fan de tout ce que j'ai lu D Hubert pour l'instant. C'est dommage mais passons à autre chose.

J'ai eu l'impression qu'on essayait de me vendre pour badass un personnage colonialiste, white savior sans aucune remise en question de cette position. Biographie ok mais faut faire gaffe au ton donné quand même... ça reste intéressant historiquement et surtout sur l'effacement de l'histoire queer.