Quatrième volet de la saga des ogres dieux, Hubert et Gatignol revisitent le monde des
contes en une grande saga romanesque, pleine de violence et de cruauté, c'est l'anti-Disney, loin du polissage et des happy-end grandiloquents, c'est un univers gothique, ne gardant que l'aspect sombre des
contes.
Bertrand Gatignol magnifie cet univers avec un graphisme froid et austère, mais plein de grandeur, avec des gros plans glaçants, des décors raides et majestueux, il utilise tout un jeu d'échelles entre les personnages au proportions démesurées qui donnent un aspect irréel et terrifiant.
La bande dessinée est entrecoupée de textes en proses illustrés comme dans les livres anciens pour enfants d'une époque on on avait pas peur de les effrayer, écrits dans un style volontairement désuet, tout à l'imparfait, rappelant le style de ces vieux
contes populaires des frères Grimm ou de
Charles Perrault..
Ici, l'histoire revient en arrière, à partir des premiers descendants du “Fondateur” de la lignée des géants, avec Bragante, son premier enfant, au centre de l'intrigue. On découvre ce qui les pousse à se marier entre eux, comment leur royaume se construit sur cette ambiance familiale sordide et violente gérée par un patriarcat tyrannique. C'est évidemment un conte horrifique, sombre, digne des rois maudits, avec une part de fantastique et beaucoup de consanguinité.
Un texte en prose un peu plus long clos ce livre, sur la vie d'Emione, la dernière reine. Elle aurait presque mérité un tome entier autour de sa vie, ce n'est pas un reproche, c'est juste un regret douloureux.
Cette série dégage une grande puissance, chaque tome est imposant par son graphisme, son style, son univers, et ses personnages et ce quatrième opus ne déroge pas à la règle.
Une série magistrale de bout en bout.