Citations sur Un chien à ma table (212)
Face au monde animal, je me sens du même bord.Et très rassurée de l'être. C'est à un tel point qu'il m'arrive, vis à vis d'un humain, de me réfugier dans le regard du chien qui l'accompagne. Dans certaines situations, je me taillerais vite fait avec le chien. Sortir d'un bond de moi rejoindre le chien.
Et celle ci qui se tait, un regard bleu,incroyablement clair, on ne sait pas si c'est un regard d'aveugle ou d'extra-lucide,enveloppé de grands ce
rnes cendreux,noirs, si noirs qu'on aurait dit de la fumée de chagrin.
Je savais qu’ils étaient importants, les champignons en cas de détresse, autant que les poètes, et peut-être étaient-ils nos poètes, peut-être les poètes s’étaient-ils réfugiés dans les champignons, prêts à nous sauver.
C'était la veille de mon départ, la nuit n'était pas encore là, je l'attendais ,assise au seuil de la maison face à la montagne de plus en plus violette; j'attendais qu'elle arrive,n'attendais personne d'autre qu'elle ,la nuit,tout en me disant que les hampes des digitales passées en graines faisaient penser à des indiens coiffés de leurs plumes sacrées, que les frondes des fougères aigles avaient jauni,que les milliers de blocs abandonnés sur place ,dos,crânes,dents ,de la moraine glaciaire surplombant la maison parlaient de chaos ,de déroute, presque de la fin d'un monde .Et que ça sentaitcla pluie.( Page 11).
Pour lui, la lecture comptait beaucoup plus que pour moi. Elle était tout. Il dormait le jour, il lisait la nuit, habitant dans les livres, survivant grâce à la littérature. Alors que moi j’en sortais, je voulais le dehors, sans cesse aller dehors, pleuvoir, neiger, pousser, tourbillonner à gauche, à droite.
Grieg lui, non. Il ne sortait plus et lire l’avait transformé en bibliothèque.
Je m'y serais presque crue, dans cette œuvre de jeunesse, n'était-ce l'étrange arrière-goût d'amertume qu'y mêlait la perception d'avoir mon corps à la traîne. Perception surmontée d'une prophétie : La vieillesse, c'est toujours pire.
Sicut palea. On s'en fout.
Nous sommes restés quelques secondes, l'un et l'autre, face à face, à nous replacer dans la hiérarchie du monde. Un être humain dans sa nudité de Jugement dernier face à la perfection animale. Laquelle a fui.
Il faut qu'un romancier ait de sérieuses affinités avec un loup, qu'il lui livre de nombreux combats, le laissant pour mort ou devenuu fou, afin qu'il puisse nous parler de nos propres gouffres. (p85)
Au monde dehors, n’y crois pas trop ! Tu ferais mieux de lire.
Il ne nous reste plus qu’à voir le monde tel qu’il est, troué, rétréci, sali, mais avec encore des merveilles, je t’assure Grieg, il reste des merveilles entre ses mailles rongées, son ouvrage défait. « Enjoy deeply the very little things », ajouta La Fontaine que j’avais laissé traîner sur notre lit au sommier garni de mauvaises nouvelles.