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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre tout à la fois doux, poétique et violent ! A Igarka la population s'endort pour un très long sommeil quand le grand froid s'installe. Les troupeaux et les enfants sont mis à l'abri dans une sorte de monastère, le Temple, où des hommes et des femmes prennent soin d'eux en avalant des potions.

Quelques jours avant le profond sommeil un ancien gardien est retrouvé assassiné et Sören qui vient d'être père a l'impression d'être surveillé, sa maison visitée et sa famille en danger. Il décide rester éveillé pour surprendre l'assassin, comprendre pourquoi il s'en est pris à un vieillard et s'assurer que son fils et sa femme ne sont pas en danger !

Ses moments de veille solitaire lui font prendre conscience de l'importance de l'amour qu'il porte à sa femme et à son enfant, l'importance de la vie et de ce qu'un père doit faire pour les protéger du danger, jusqu'à l'emmener aux portes de ce qui fut l'enfer pour d'autres quand ils étaient enfants !

Un beau premier roman qui se lit paisiblement, même quand les comportements sont révoltants, en dehors du temps et de l'espace sur un territoire isolé qui vit au rythme des saisons.

#LeGardiensanssommeil #NetGalleyFrance

Challenge Multi-Défis 2024
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Un premier roman singulier à la fois doux et saisissant qui invente un genre nouveau : le thriller poétique.

Dès les premiers mots, j'ai su que j'allais adorer, la plume est magnifique, une écriture toute en finesse qui nous transporte dans un récit contemplatif et intense.

Guillaume Huon nous livre dans ce roman à l'allure d'un conte rural, un regard bouleversant sur la paternité et notre rapport à la nature.

A Igarka, un mystérieux village isolé entouré de collines, tout le monde dort pendant la saison de grands froids. le peuple y vit au rythme lent des saisons, une vie de choses simples mais rude. Dans les champs immenses, ils récoltent sans relâche pour leur longue hibernation. Seuls les Veilleurs et les nourrices restent éveillés grâce à un étrange breuvage pour garder les animaux et les enfants au Temple. Quand le sergent Sören devient père et qu'un meurtrier se cache au village, il décide de ne pas s'endormir pour un très long hiver...

Le rythme est assez lent sans jamais être vide de sens. On accompagne Sören dans différentes saisons, dans sa vie bouleversée par l'arrivée de son enfant, son émerveillement, ses craintes, jusque dans sa solitude d'un hiver incroyablement long sans sommeil.

Malgré que le récit soit à la troisième personne, on ressent vraiment toute la personnalité attachante de Sören, un homme tellement bienveillant et prévenant envers sa femme. Qui a beaucoup d'inquiétudes mais un courage sans faille.

L'univers est décrit à la perfection, comme si le paysage était peint avec des mots, jusqu'à nous faire ressentir le froid et entendre les pas dans la neige, le feu crépiter... Il arrive à nous plonger dans un endroit à la fois onirique et sombre, presque dystopique, dont on ne sait pas situer dans le temps, tout en décrivant les émotions et la psychologie humaine avec un incroyable réalisme.

Au delà de ce qu'on pourrait croire dans le résumé, ce n'est pas un roman policier, et l'intrigue du meurtre n'est pas le coeur même du récit, ce qui est raconté ici est le dévouement d'un homme pour protéger sa femme et son bébé. On oscille ainsi entre émerveillement et inquiétude.

C'est une de ces lectures où tu prends plaisir à parcourir la moindre phrase, le moindre mot comme autant de friandises à déguster. J'avais envie de relever tellement de phrases, mais finalement tout est tellement bien écrit que le roman est une citation à lui tout seul.

Un auteur doué à suivre assurément !

Je remercie les éditions Calmann-Lévy et Babelio pour avoir fait cette belle découverte grâce à l'opération masse critique.
Lien : https://afleurdemotsfrance.c..
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Igarka est un endroit mystérieux. On ne sait rien de l'époque, ni du lieu, sinon qu'il n'y a aucune trace de modernité et que le feu est obtenu en percutant des silex.

Le récit commence en automne dans la maison de Sören et Anna qui vont avoir leur premier enfant. le froid devient intense et ils vérifient les provisions avant de s'endormir pendant tout l'hiver. Et oui, Guillaume Huon a eu l'idée étonnante d'imaginer une période de pause hivernale dans le métabolisme des habitants de cette vallée isolée à la nature généreuse à la belle saison. Ils accumulent des kilos de céréales, de la viande séchée, des fruits confits dans le sirop, des récipients d'eau qu'ils consommeront dans des phases de semi-sommeil où ils se lèveront seulement pour s'alimenter de temps en temps…

La vie sociale à Igarka est très organisée. En plus d'être éleveur de moutons, Sören a une charge de sergent. A ce titre, il recueille les demandes des habitants de la vallée et communique avec ceux Du Temple vivant à l'écart du village dans de toutes autres conditions puisqu'ils consomment le rigichor, un breuvage permettant de rester actif tout l'hiver (pas de sommeil pour eux), chacun ayant une fonction particulière (Révèrent, Veilleur, Nourrice…). C'est au Temple que les bébés nés au printemps sont laissés pour passer l'hiver suivant alors que leurs parents dorment plusieurs mois se suite.

Une fois le cadre posé, permettant des possibilités inouïes, surtout sous la plume pleine de poésie et de douceur de cet auteur, une intrigue policière se met en place. C'est le printemps et le sergent Sören est réveillé brutalement par des coups à la porte. Dans ce village d'ordinaire paisible, le corps du vieux Matteus vient d'être découvert. Sören va sur place et suspecte un assassinat. Alors qu'il mène l'enquête, il sent une menace peser sur lui et sa famille. Craignant d'être assassiné pendant l'hiver quand il sera profondément endormi, il décide de rester éveillé – il a découvert du rigichor chez le vieux Matteus – pour se protéger ainsi que Anna. Il place leur enfant en nourrice au Temple et commence une interminable veille, jour et nuit.

Cette fable lancinante est introduite par une citation de Laurent Gaudé plaçant le thème du sommeil au centre : « Je sais que tout cela est vrai. Je viens de là. Il n'y a pas de peur autre que celle-là en moi. Tant que je ne dors pas, je ne redoute rien. » 

C'est une parabole formidable sur la vie, sur l'angoisse et la peur pouvant s'inviter pendant ce temps énorme de la vie passé à dormir, sur le grand sommeil de la mort aussi. C'est une belle fable sur l'amour, la paternité et la nature. J'ai adoré ces pages merveilleuses de la découverte de la neige par Sören lors de ce premier hiver (période qu'il n'a pas vécue avant de consommer le rigichor), j'ai ressenti l'émotion de Sören lors des retrouvailles avec son fils Bo au Temple, j'ai aimé les pistes de réflexion sur la gouvernance et sur la paix de la cité : « ...équilibre entre ce qui nous manque et ce qui nous reste. Entre le savoir et l'ignorance. »

Guillaume Huon prend le temps de la contemplation et livre des pages bouleversantes sur la la nature, notre rapport au vivant et « aux heures indistinctes que l'on ne mesurait pas. », rappelant dans une mise en scène puissante, la condition animale de l'homme. Scénario, style, construction, tout raisonne avec notre époque qui s'interroge sur son passé et son avenir. Les habitants de la vallée doivent hiberner comme les ours (au final pourquoi pas puisque ce sont des mammifères très proches de l'homme). Il pose la question de la part de hasard dans le processus de l'évolution ?

J'ai reçu ce roman comme une petite merveille, un récit d'adulte écrit avec des yeux d'enfant, tourné entièrement vers la vie, sa beauté, son mystère. « Il le rassurerait, et lui jurerait que tout allait bien se passer, maintenant. Il comprenait que les serments rassurants étaient le seul pacte que l'on pouvait présenter à la vie : Ne me retire pas cet amour paisible, je t'en prie. Permets-moi de le connaître encore. » Ce cantique là me parle, il donne confiance pour avancer. L'Art n'a-t-il pas eu toujours cette fonction depuis les cavernes (et aussi l'art sacré, l'art moderne quand il n'est pas purement décoratif ou marchand, avancer dans la vie contre les forces obscures du néant?)

Le gardien de sommeil. Quel titre ! le roman nous parle d'un sujet plus souvent évoqué du point de vue médical ou psychanalytique. Mais que faire au niveau fiction d'une période seulement animée par les rêves et les cauchemars ? Guillaume Huon à travers son idée d'hibernation humaine et son opposé de veille permanente – sous l'effet du breuvage – observe la condition humaine faite d'une alternance d'ombre et de lumière. On retrouve ici le sentiment à la fois exaltant et angoissant d'un lever en pleine nuit, quand tout dort aux alentours. On observe par la fenêtre, un bruit survient… une ombre dans la rue... une traînée de lumière… un croissant de lune... L'imagination galope, d'autres mondes apparaissent !

Guillaume Huon vit en Normandie. Ancien professeur de français, latin et grec, il se consacre aujourd'hui à l'écriture. J'ai eu le plaisir de découvrir ce premier roman, le Gardien sans sommeil, dans le cadre des sélections pour le prix Orange du livre 2024. C'est un livre singulier que je vous conseille. Je ne l'ai pas lâché quand je l'ai reçu et même relu en grande partie pour rédiger cette chronique (il est très court mais d'une grande intensité...). Il m'a encore surpris par l'imagination et la poésie déployées. Je suis impatient de lire à nouveau cet auteur au pouvoir de création impressionnant.
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Vous pouvez retrouver cette chronique et bien d'autres sur la page Facebook ou sur le blog Clesbibliofeel avec diverses illustrations... Lien direct ci-dessous :
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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Guillaume HUON conduit son lecteur hors du temps et de l'espace, à Igarka, un village rural où la vie est rude et rythmée par les saisons.
Là, les habitants entrent en hibernation durant les mois d'hiver, satisfaisant leurs besoins primaires en somnambules et dormant d'un profond et long sommeil jusqu'au retour du printemps ; Chaque année, ils confient leur bétail et leurs enfants à des nourrices et à des « veilleurs » tous de bleu vêtus, vivant enfermés dans un Temple et qui résistent au sommeil en buvant une potion étrange.

Le héros, Sören, aime profondément son épouse Anna et son fils qui vient de naître. En sa qualité de sergent, il est responsable de la tranquillité du village, mais la mort du vieux Matteus, ancien veilleur, assassiné l'hiver précédent durant son grand sommeil, l'inquiète, d'autant qu'il sent comme une menace qui plane sur lui et les autres membres de la communauté.
Lorsque vient le difficile moment de confier à son tour son enfant, il décide de boire l'élixir secret afin de ne pas dormir et de veiller sur sa famille, luttant pour résister au sommeil et survivre dans un hiver de neige et de glace, de solitude et de silence. Jusqu'à ce qu'éclate la vérité…

Le roman est un subtil mélange de douceur et de violence où le mystère de l'intrigue alterne avec des phases contemplatives et de somptueuses descriptions d'une nature âpre. Les personnages principaux sont attachants et évoluent avec beaucoup d'humanité et de profondeur. Il est question d'amour, de paternité, de nature et de rapport au vivant. le récit est servi par une langue belle et poétique et la création d'un univers à la fois lent et lourd, qui ne sont pas sans rappeler ceux d'un Franck Bouysse, que j'aime beaucoup.

J'ai été d'emblée séduite par ce premier roman de l'auteur et j'ai eu du mal à quitter son atmosphère et ses personnages. Envoûtée par cette histoire étrange, je suis restée longtemps dans mes pensées après avoir refermé le livre, en compagnie de Sôren et l'amour infaillible qu'il porte à sa famille. Là se trouve pour moi le coeur de ce conte universel et hypnotique.
Un roman singulier et intimiste, véritable surprise et coup de coeur, que je vous recommande particulièrement et que je classe sans hésiter en tête de mes lectures en cours pour le Prix des Promesses.

Lien : https://www.caloukili.fr/
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Un premier roman surprenant.
L'auteur nous plonge directement dans la vie de Sören – héros attachant de cet ouvrage que l'on pourrait qualifier de « roman-poético-policier ». Au travers de sa paternité nouvelle, Sören le sergent devient le chef de famille, à la fois responsable et protecteur.
Guillaume Huon nous initie aux rites de cet univers particulier, cet endroit où tels des animaux, les habitants se plongent l'hiver venu dans une quasi-hibernation. Mais quand le vieux Matteus est assassiné, pour Sören, il faut protéger les siens et découvrir qui est l'auteur de ce crime malheureux...
Mais les criminels ne sont pas toujours ceux que l'on croit.
Personnellement, j'ai préféré le Sören protecteur et bienveillant du dernier acte à celui qui tel un « Robinson » se livre avec inquiétude à une survie presque sauvage au milieu des bois et de la neige.
Un livre pas comme les autres assurément. Une écriture particulière qui s'approche de la poésie où les descriptions sont presque des peintures « émotionnelles » qui très souvent vibrent en nous.
Une belle expérience que je vous recommande.
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Dans le village isolé d'Igarka, le sergent Sören est chargé de veiller sur la tranquillité des habitants. Il mène là sa dernière ronde avant le grand sommeil d'hiver. Car dans cet espace imaginaire, les hommes et les femmes hibernent pendant les mois de froid, subvenant à leurs besoins primaires tels des somnambules et retournant se coucher aussitôt. Sören a l'esprit moins serein que d'habitude car Anna, sa compagne, attend un enfant. Son ventre s'arrondira jusqu'au printemps, à l'abri de leurs regards.

Mais à l'issue de l'hiver, un incident vient ébranler la quiétude du village. Sören est brutalement tiré du sommeil car on est venu le chercher, le vieux Matteus a été assassiné. Alors que tout le monde dormait. Tout le monde… pas tout à fait. Au temple, les Veilleurs ne dorment pas. Ils sacrifient leur santé et des années de vie pour veiller sur les enfants, qui ne sont pas touchés par le sommeil de l'hiver. Ils veillent sur la pérennité du village. le meurtrier ne peut être que l'un d'entre eux. Mais lequel ?

Quel roman ! Je l'ai lu d'une traite, d'emblée ferrée par l'atmosphère éthérée des lieux qui nous prive de repères spatio-temporels (à la Philippe Claudel, si cela vous parle). C'est un décor à la fois très épuré et très visuel et sensoriel, car Guillaume Huon possède une maîtrise de l'écriture telle qu'il donne à voir, à sentir et à ressentir énormément de choses avec très peu de mots. Cela tient à une plume fine, précise, délicate.

Un bijou de pureté au service d'une histoire qui m'a enchantée. le personnage de Sören est profondément attachant, lui qui choisit de ne plus dormir pour découvrir qui est le meurtrier, seul dans son hiver, l'esprit tourmenté par les joies et les peurs à venir de la paternité.

Un roman magnifique, de la première à la dernière page ❤
Lien : https://lejardindenatiora.wo..
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