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Citations sur La nuit du naufrage (3)

Les eaux de San Carlos, le 21 mai 1982

Tous ces exercices, cette longue attente, ces spé­culations non formulées : que ressent-on, comment faire face ? Et voilà que soudain c'était là.
La première bombe frappa la poupe. Adossé à la cloison du carré, il sentit le navire se soulever en tremblant puis se rasseoir. Le pont des hélicos, pensa-t-il. Il avait été de quart quelques heures plus tôt, sous un froid et brillant soleil d'hiver. Dans l'éclat brutal du néon qui éclairait le mess Delta Deux, il redressa la tête et ajusta ses lunettes antiflash en essayant de se figurer ce qui se passait là-haut.
«Second appareil. Rouge deux zéro», crépita la voix de l'officier de pont dans les haut-parleurs.
Les Skyhawks argentins allaient le plus souvent par paires. Il valait mieux se concentrer sur un seul bateau si l'on voulait augmenter ses chances de le couler. Le premier avait joliment frappé.
«À gauche toute ! À gauche toute !»
Le bâtiment gîtait furieusement, tandis que le commandant tentait de tromper la visée de l'Argentin. Puis éclatèrent la pétarade de champ de foire d'une mitrailleuse Oerliken et le soudain sifflement d'un départ de Seacat. L'incapacité des Seacat, même sur une cible fixe à trois milles nautiques, n'était plus à démontrer. Vous en lâchiez un à six cents mètres, et sa petite cervelle électronique vous faisait une embolie. Même le commandement le reconnaissait.
Le soudain rugissement du Skyhawk là-haut lui fit rentrer la tête dans les épaules. Il ferma les yeux et commença à compter, mais il n'était pas arrivé à deux que le carré explosait. Projeté en avant par le souffle, il eut un instant de lucidité totale avant que le monde ne se referme autour de lui. Il pensa à de petites choses. La longue lettre depuis longtemps promise, commencée le matin même et à laquelle il ne manquait que quelques lignes. Le pari pris avec un enseigne sur la date de leur retour au pays. Puis le corps de Warren à la dérive dans l'Atlantique Sud, quelle tristesse.
Partout de la fumée, et le bruit de l'eau fusant d'une conduite arrachée. Des cris et le fracas du métal contre le métal, tandis que les hommes forçaient à la barre à mine les gonds faussés des issues. Et aussi ces flammes léchant les bords déchiquetés d'un trou béant dans le plancher.
Sans y penser, il se palpa brièvement. Il était encore assourdi par la déflagration et, quand il retira sa main de son visage, elle était poisseuse de sang, mais il fut capable de se relever sans difficulté, et il avait la tête assez claire pour se rappeler les procédures d'urgence.
D'après le règlement, il devait retourner au poste de pilotage pour évaluer la situation. Mais il avait l'intime conviction que le bâtiment était fichu. Déjà, celui-ci accusait une forte bande. Bâbord ? Tribord ? Il ne pouvait le déterminer précisément, mais la fumée s'épaississait un peu plus chaque seconde et, à en juger par le grondement qui montait des cales, le feu se propageait vers l'armurerie des Seacat. Dans une telle situation, tout marin à moitié sensé oublierait l'évaluation de la situation pour se consacrer à une évacuation en bon ordre.
Il se mit à avancer sur les mains et les genoux, tra­quant l'air frais. Déjà la tôle chauffait et l'haleine brûlante que vomissait le trou dans le plancher le chassa vers ce qui restait du mess Delta Deux. Il avait le vague souvenir de trois autres hommes avec lui dans cet étroit espace. Où étaient-ils ?
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Mais le superintendant aimait bien secouer la cage de Faraday.
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C'était un homme charmant et d'une courtoisie que Faraday avait depuis longtemps cessé d'associer au métier de policier. Il savait que Yates aussi l'avait remarqué. Tout disposé à rendre service, le bonhomme aurait pu être hôtelier dans un de ces discrets établissements, dont le mérite était d'adoucir les angles aigus de l'Empire.
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