Comment comparer les souffrances?
La souffrance de chacun est la plus grande.
Mais qu'est-ce qui nous permet de continuer?
C'est le son, qui va et qui vient
Comme l'eau parmi les pierres.
Göran Tunström
L'automne arrive et il est chaud comme l'été. De même que la Seconde Guerre mondiale avait coïncidait en Europe avec une série d'hivers d'une rigueur sans précédent, de même, maintenant, les températures restent aussi brûlantes que la situation politique : comme si, dans des moments extrêmes, s'instaurait entre le cosmos et les petites affaires des hommes une harmonie étrange. Tendues et torrides, les semaines de septembre s'égrènent, et l'arrivée d'octobre ne change rien à l'affaire : les arbres gardent obstinément leurs feuilles, le sang coule, les Parisiens se promènent en robe d'été, dix Algériens mordent la poussière pour chaque policier abattu.
Levez-vous ! Il faut fermer boutique. Venir tous. S'insurger. Marcher. Etre.
C'est le formidable, le souffle, lui dit-il dans un murmure. Ça peut tout faire. Si on a froid ça vous réchauffe, si on a chaud ça vous rafraichit.