L'Empreinte de l'ange

Saffie est allemande et débarque à Paris au début des années cinquante comme domestique chez un riche et talentueux flûtiste... Chronique d'un bonheur annoncé, illuminé par cette rencontre. Et bien, non... Les fantômes rodent. La guerre, l'Allemagne, les juifs, le communisme, mais aussi l'Algérie qui s'invite dans le drame. On ne peut rien oublier, rien pardonner. Vivre simplement, mais sans pouvoir échapper à cette histoire tragique qui a imprimé sa marque terrible sur tous les Européens du milieu du siècle. Et la musique, aérienne, cristalline, n'efface pas le drame. Elle le ponctue. Un livre fort.

L'empreinte de l'ange est celle dont nous garderions la trace entre la racine du nez et la lèvre supérieure, laissée par le doigt qu'il poserait sur la bouche de tout être à naître, en signe de silence, pour lui faire oublier le paradis dont il vient, sous peine de quoi il n'accepterait jamais de venir au monde.
Ce n'est pas vraiment le paradis que Saffie, l'héroïne allemande du roman de Nancy Huston, tente, elle, d'oublier, mais plutôt l'enfer, lorsqu'elle débarque à Paris en cette année 1957...
A la recherche d'un emploi, elle répond à une petite annonce et échoue comme bonne à tout faire chez Raphaël, flutiste talentueux et fortuné. Pour lui, c'est le coup de foudre : il est fasciné par cette jeune femme passive et silencieuse, qui ne lui oppose aucune résistance ; il ne s'est pas écoulé quatre mois depuis leur rencontre qu'ils sont mariés, et que Saffie attend un enfant. Mais rien ne semble pouvoir épanouir ni même émouvoir la future maman…

On ne peut pas dire que le personnage de Saffie soit particulièrement attachant. Sa passivité agace, même si l'on pressent le poids de souffrance qu'elle dissimule. Face aux drames que l'Histoire a imposés à son existence, elle a choisi –si tant est que l'on puisse qualifier de choix les mécanismes que l'inconscient met en place pour se protéger- d'adopter une attitude quasi autistique, de se fermer totalement à tout ce qui l'entoure. Et même lorsque la découverte de l'amour la fait sortir de sa coquille, elle reste indifférente aux événements qui agitent le monde autour d'elle. Car l'histoire ne laisse jamais de répit aux hommes : à peine plus de 10 ans après la barbarie de la 2nde guerre mondiale, l'Algérie et la France sont de nouveau le théâtre de l'horreur.
A la distance avec laquelle Saffie perçoit le contexte historique et politique, Nancy Huston oppose l'implication d'Andras, ce juif hongrois qui ne peut tolérer sans agir que l'impensable se reproduise, que la récente tragédie qui a secoué l'humanité n'ait pas servi de leçon… peu importent pour lui l'origine, la nationalité ou les croyances religieuses des victimes d'exactions, son regard et sa sensibilité d'humaniste le poussent à s'engager quelque soit le combat, puisqu'il s'agit de lutter contre l'injustice.

Dans «L'empreinte de l'ange», l'auteure semble vouloir démontrer l'indissociabilité qui existe entre l'Histoire et les hommes, l'Homme faisant l'histoire, les individus la subissant, les destins personnels et les événements historiques s'entremêlant sans cesse.
Nancy Huston sait avec talent happer le lecteur dans son récit. Les mots sont justes, jamais superflus, le ton est direct. Même la relation de situations tragiques est, sous sa plume, dénuée de tout misérabilisme.
Elle sait aussi manier habilement l'ironie et le sarcasme, qu'elle utilise généralement dans le but de fustiger les manifestations de la bêtise humaine.

Une fois de plus, l'auteure de l'inoubliable "Instrument des ténébres" ne m'a pas déçue !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..

Fin des années 50 à Paris, un coup rive droite, un coup rive gauche, une histoire d'adultère mêlant la musique, les souvenirs de la 2ème guerre mondiale et le déclenchement de la guerre d'Algérie. de bons dialogues et une écriture agréable.

A quoi reconnaît-on un bon roman ?
Il est impossible de résumer en quelques lignes les personnages, l'histoire, le cadre dans lequel ils évoluent, les thèmes abordés. Même l'éditeur n'a pas réussi cet exercice !
L'écriture est au service du récit, tour à tour sensible, légère, abrupte.
Et surtout on ne lâche pas le livre avant la dernière ligne et la tension persiste pendant plusieurs jours.
Voici donc un bon roman!

un livre fort sur le poids de la guerre, lorsqu'on est juif, lorsqu'on est allemand, lorsqu'on est français aussi et que l'Algérie demande l'indépendance. Un livre sur l'adultère, sur les mensonges que chacun se raconte, sur le non-dit, sur la maternité qui n'est pas innée lorsque les émotions sont bloquées. Un livre sur les origines, le "d'où l'on vient", la langue maternelle et celle adoptée. Des thèmes chers à Nancy Huston si j'en crois mes précédentes lectures. Un livre prenant.
Mon seul bémol, l'intervention récurrente - et peu utile - de l'auteure : je n'ai pas aimé me sentir contrainte de m'éloigner de l'histoire par celle qui la raconte !

J'ai eu un réel plaisir à lire ce livre qui permet de découvrir une histoire d'amour entre 1 femme et 2 hommes de nationalité différente et de milieu social différent sous fond de souvenir de la Seconde Guerre Mondial, qui est traité tout le long du livre. Puis l'histoire se passe durant la Guerre d'Algérie et ses répercussions en France. Donc cela permet de découvrir la vie des Parisiens durant cette crise sans mettre de côté la romance entre ses 3 personnages. Mon passage préféré du livre : la fin qui est saisissante et pleine de philosophie.

L'histoire se déroule à Paris et commence en 1957. La guerre a laissé ses traces dans certaines âmes. Comme la mère de Raphael qui ne veut avoir aucun contact avec des allemands. Raphael passe une annonce pour trouver une bonne à tout faire. Saffie se présente alors un jours sur le palier de sa porte. Elle pourrait paraitre alors sans vie, comme si elle était un coquillage vide. Pourtant elle se mariera avec lui et lui donnera un enfant.
Dès le début de cette lecture, j'ai pu comprendre que Saffie vivait dans son monde, qu'elle avait dut avoir un sorte de traumatisme. Elle en parlera plus avec András, un emmigré hongrois, qu'avec son mari. Peut-être parce que András la comprendrait mieux que Raphael... Toute facon Saffie mene une double vie, elle est comme le jour et la nuit selon avec lequel des deux hommes elle se retrouve.
A la fin j'étais surprise comment cela se terminait. Il y avait un sujet auquel je m'y étais préparée mais pas pour l'autre.

J'ai préféré Lignes de failles, car plus intéressant, mais une fois de plus: Nancy Houston écrit un roman qu'on ne peut mettre de côté. Bien écrit, intéressant passage de l'histoire française, les émeutes en 1961 à Paris et la guerre en Algérie....qui forment une toile de fond pour une histoire d'amour passionée..qui si on peut faire un reproche est peut être pas à 100% crédible...mais bon passionant tout de même.

L'empreinte de l'ange ou l'art d'écrire l'amour, l'art, la guerre... J'aime les romans de Nancy Houston où la simplicité se mêle à la dureté, dans la mélodie de son écriture précise et poétique. C'est le cas ici.
Sans rentrer dans l'histoire (dont le souvenir s'est un peu étiolé au fil des ans!), je me souviens avoir eu grâce à ce livre un nouveau regard sur la guerre d'Algérie, un regard éclairé par un discours différent de celui qu'on trouve dans les manuels scolaires...

Il manque un tout petit quelque chose à l'histoire pour rendre éclatant ce texte si agréablement écrit.