Jouvence

Les malades appartiennent à trois catégories : ceux qui s'imaginent être malades, mais ne le sont pas ; ceux qui sont malades et qui, de toute façon, se rétabliront ; ceux qui sont malades, et qui feraient mieux d'être morts.

Car, en tant qu'humains, nous sommes obsédés par le temps, nous sommes passionnément préoccupés de notre personnalité et de ces projections agrandies de notre personnalité, que nous appelons notre politique, nos idéals, nos religions.

Je me suis souvent demandé pourquoi l'on s'est toujours moqué de l'obésité .Peut-être y a-t-il dans la graisse , quelque chose d'intrinsèquement mauvais . Par exemple, il n'y a pas un seul saint qui ait été gras, sauf, bien entendu, ce vieux Thomas d'Aquin, et je ne vois aucune raison pour supposer qu'il fût un saint véritable, un saint au sens populaire du mot, lequel se trouve être le sens vrai . Si Thomas d'Aquin est un saint, alors Vincent de Paul n'en est pas un . Et si Vincent de Paul est un saint---et il l'est manifestement---alors Thomas d'Aquin n'en est pas un . Et peut-être son énorme ventre a-t-il quelque trait à l'affaire . Qui sait ? Mais peu importe, tout cela n'est dit qu'incidemment .

Tout avait été convenu par télégramme : Jeremy Pordage devait chercher des yeux un chauffeur « de couleur » vêtu d’un uniforme gris, avec un œillet à la boutonnière ; et le chauffeur de couleur devait chercher des yeux un Anglais entre deux âges tenant à la main les Œuvre Poétiques de Wordsworth. Malgré la foule qui encombrait la gare, ils se reconnurent sans difficulté.

12 mars 1787 :
Mourir est, pourrait-on dire, le moins spirituel de nos actes ; il est plus strictement charnel même que l'acte d'amour . Il y a des agonies mortelles qui ressemblent aux efforts d'un constipé sur la chaise percée .

...il se plaint de l'ennui que produit un excès de dévouement féminin .
"L'ennui"répéta le docteur Obispo " Quelle expression à l'eau de rose ! J'ai connu des femmes collantes comme des attrape-mouches ."

Aux premiers jours de la Révolution française, j'ai rempli de fureur les adhéren(t)s à tous les partis poitiquesen disant : "La Bastille est tombée ; vive la Bastille !" Quarante-trois ans se sont écoulés depuis qu'est advenu cet évènement singulièrement futile , et l'exactitude de mes prognostications a été démontrée par l'apparition de tyrannies nouvelles et la restauration des anciennes .C'est donc en toute confiance que je dis maintenant : "Les privilèges sont morts ; vivent les privilèges ! " Les masses humaines sont incapables d'émancipation , et trop ineptes pour diriger leurs propres destinées . Il faudra toujours que le gouvernement se fasse par des tyrans ou par des oligarques . L'opinion que j'ai de la Pairie et des grands propriétaires fonciers est excessivement peu flatteuse ; mais leur opinion d'eux-mêmes doit être encore plus mauvaise que la mienne . Ils croient, eux, que le droit de vote les privera de leur puissance et de leurs privilèges, alors que je suis sûr,quant à moi, qu'en faisant usage du peu même de prudence et de ruse dont les a dotés la parcimonieuse Nature, ils pourront aisément se maintenir dans la situation d'éminence qu'ils occupent à présent . Cela étant, que la racaille s'amuse à voter . Une élection, ce n'est rien de plus qu'une séance gratuite de guignol, offerte par les gouvernants afin de distraire l'attention des gouvernés .

Les habitants de tous les pays civilisés sont menacés ; tous désirent passionnément être sauvés du désastre menaçant; l'écrasante majorité d'entre eux refusent de modifier les habitudes de pensée, de sentiment et d'action qui sont directement responsables de leur piteuse situation actuelle. En d'autres termes, on ne peut pas les secourir, parce qu'ils refusent de collaborer avec tout individu qui, pour les aider, propose un processus d'action rationnel et réaliste...

L'imbécile ordinaire est simplement bête et ignorant . Pour être un imbécile d'envergure,il faut avoir beaucoup de savoir et de vives capacités .

Juillet 1780,
La sensualité est étroitement apparentée à la souffrance , et il arrive parfois qu'à cause de la sincérité même de sa douleur, la veuve en larmes se voie trahie par ses propres sentiments et se trouve incapable de résister aux importunités de l'invité aux obsèques, qui connoit l'art de passer imperceptiblement des consolations à la familiarité . J'ai moi-même cocufié de façon posthume un duc et deux vicomtes ( et l'un d'eux, hier au soir encore ) sur les lits mêmes d'où, à peine quelques heures plus tôt,on les avoit emportés en grande pompe à leur sépulcre ancestral .