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Citations sur Retour au meilleur des mondes (93)

Dans le passé, la plupart n’avaient jamais la possibilité de l’assouvir complètement (distraction) ; ils le désiraient avec ardeur, mais on ne leur en fournissait pas l’occasion. Noël venait, mais une fois l’an seulement, les fêtes étaient « solennelles et rares », il y avait peu de lecteurs, très peu à lire et ce qui se rapprochait le plus d’un cinéma de quartier, c’était l’église paroissiale où les représentations, bien que fréquentes, étaient quelque peu monotones. Pour trouver une situation comparable, fût-ce de loin, à celle qui existe actuellement, il nous faut remonter jusqu’à la Rome impériale, où la populace était maintenue dans la bonne humeur grâce à des doses fréquentes et gratuites des distractions les plus variées, allant des drames en vers aux combats de gladiateurs, des récitations de Virgule aux séances de pugilat, des concerts aux revues militaires et aux exécutions publiques. Mais même à Rome, il n’existait rien de semblable aux distractions ininterrompues fournies par les journaux, les revues, la radio, la télévision et le cinéma. Dans Le meilleur des mondes , les distractions les plus alléchantes sont délibérément utilisées et à jet continu, comme instrument de gouvernement pour empêcher les populations d’examiner de trop près les réalités de la situation sociale et politique. L’autre monde de la religion n’est pas le même que celui du plaisir, mais ils ont assurément en commun le fait de ne pas être « de ce monde ». L’un et l’autre sont des distractions et leur pratique continuelle pourrait faire des deux, selon la formule de Marx, « l’opium du peuple ». Seuls les vigilants peuvent sauvegarder leurs libertés et seuls ceux qui ont sans cesse l’esprit présent et l’intelligence en éveil, peuvent espérer se gouverner effectivement eux même par les procédures démocratiques. Une société dont la plupart des membres passent une grande partie de leur temps, non pas dans l’immédiat et l’avenir prévisible, mais quelque part, dans les autres mondes inconséquent de sport, des feuilletons, de la mythologie et de la fantaisie métaphysique, aura bien du mal à résister aux empiétements de ceux qui voudraient la manipuler et la dominer.
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En ce qui concerne la propagande, les premiers partisans de l’instruction obligatoire et d’une presse libre ne l’envisageaient que sous deux aspects : vrai ou fausse. Ils ne prévoyaient pas ce qui en fait s’est produit : le développement d’une immense industrie de l’information, ne s’occupant dans l’ensemble ni du vrai, ni du faux, mais de l’irréel et de l’inconséquent à tous les degrés. En un mot, ils n’avaient pas tenu compte de la fringale de distraction éprouvée par les hommes.
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Dans la vie publique et privée, il arrive souvent que le temps manque pour réunir les faits significatifs ou peser leur importance. Nous sommes obligés d’agir en nous appuyant sur une documentation insuffisante, éclairée par une lumière infiniment plus vacillante que la logique. Avec la meilleure volonté du monde, nous ne pouvons pas toujours être totalement vrais ou invariablement rationnels. Tout ce qui demeure en notre pouvoir, c’est de l’être autant que les circonstances nous le permettent et de réagir aussi bien que nous le pouvons à la vérité limitée et aux raisonnements imparfaits que les autres présentent à notre connaissance.
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On peut définir la science comme la réduction de la multiplicité à l’unité. Elle s’efforce d’expliquer les phénomènes indéfiniment divers de la nature en négligeant de propos délibéré le caractère unique des événements particuliers, pour se consacrer sur ce qu’ils ont en commun et en abstraire finalement quelque « loi » qui permettent d’en rendre compte de façon logique et de travailler sur eux.
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Nos « maladies mentales toujours plus fréquentes » peuvent trouver leur expression dans les symptômes de névroses, très voyants et des plus pénibles. Mais, « gardons nous », écrit le docteur Fromm, « de définir l’hygiène mentale comme la prévention des symptômes. Ces derniers ne sont pas nos ennemis, mais nos amis là où ils sont, il y a un conflit et un conflit indique toujours que les forces de la vie qui luttent pour l’harmonie et le bonheur résistent encore. »
Les victimes vraiment sans espoir se trouvent parmi ceux qui semblent les plus normaux. « Pour beaucoup d’entre eux, c’est parce qu’ils sont si bien adaptés à notre mode d’existence, parce que la voix humaine a été réduite au silence si tôt dans leur vie, qu’ils ne se débattent même pas, ni ne souffrent et ne présentent pas de symptômes comme le font les névrosés ». Ils sont normaux non pas au sens que l’on pourrait appeler absolu du terme, mais seulement para rapport à une société profondément anormale et c’est la perfection de leur adaptation à celle-ci qui donne la mesure de leur déséquilibre mental. Ces millions d’anormalement normaux vivent sans histoires dans une société dont ils ne s’accommoderaient pas s’ils étaient pleinement humains et s’accrochent encore à « l’illusion de l’individualité », mais en fait, ils ont été dans une large mesure dépersonnalisés. Leur conformité évolue vers l’uniformité. Mais « l’uniformité est incompatible avec la liberté, de même qu’avec la santé mentale… L’homme n’est pas fait pour être un automate et si il en devient un, le fondement de son équilibre mental est détruit »
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A la lumière de ce que nous avons récemment appris sur le comportement animal en général et sur le comportement humain en particulier, il est devenu évident que le contrôle par répression des attitudes non conformes est moins efficace, au bout du compte, que le contrôle par renforcement des attitudes satisfaisantes au moyen de récompenses et que, dans l’ensemble, la terreur en tant que procédé de gouvernement rend bien moins que la manipulation non violente du milieu, des pensées et des sentiments de l’individu. Le châtiment fait provisoirement cesser le comportement incriminé, mais ne supprime pas de façon définitive la tendance de la victime à s’y complaire. De plus, les dérivés psychophysiques de la répression peuvent être tout aussi fâcheux que l’attitude pour laquelle un individu a été châtié. La psychothérapie est en grande partie consacrée au traitement des effets débilitant ou antisociaux de sanctions passées.
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Dans des conditions favorables, pratiquement n'importe qui peut être converti à n'importe quoi.
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La folie individuelle est immunisée contre les conséquences de la démence collective.
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L'homme n'est pas fait pour être un automate et s'il en devient un, le fondement de son équilibre mental est détruit.
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Notre société occidentale contemporaine, malgré ses progrès matériels, intellectuels et sociaux, devient rapidement moins propre à assurer la santé mentale et tend à saper, dans chaque individu, la sécurité intérieure, le bonheur, la raison, la faculté d’aimer ; elle tend à faire de lui un automate qui paie son échec sur le plan humain par des maladies mentales toujours plus fréquentes et un désespoir qui se dissimule sous une frénésie de travail et de prétendu plaisir.
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