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Citations sur Retour au meilleur des mondes (93)

Dans leur propagande antirationnelle, les ennemis de la liberté pervertissent systématiquement les ressources du langage pour amener, par la persuasion insidieuse ou l'abrutissement, leurs victimes à penser, à sentir et à agir comme ils le veulent eux, les manipulateurs.
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Une vérité sans éclat peut être éclipsée par un mensonge passionnant. Un appel habile à la passion est souvent plus fort que la meilleure des résolutions.
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Dans une série d'expériences effectuées à l'université de New York sous les auspices de l'Institut national de la Santé, il a été établi que les sentiments d'un individu au sujet de quelque image vue consciemment pouvaient être modifiés en associant cette dernière, au niveau subconscient, à une autre représentation ou, mieux encore, à des vocables exprimant une notion de valeur.
Ainsi uni au mot « joyeux », un visage vide de toute expression paraissait souriant à l'observateur, aimable, avenant et bienveillant. Quand le même était associé, toujours dans le subconscient, au mot « furieux », il semblait aux sujets qu'il était devenu renfrogné, désagréable et hostile (pour un groupe de jeunes femmes, il en était aussi arrivé à paraître très masculin, alors qu'au moment où il était rapproché de « joyeux », elles le voyaient comme celui d'un membre de leur sexe. Pères et maris, prenez bonne note).
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Au cours de ses expériences qui ont fait époque sur les réflexes conditionnés, Ivan Pavlov a observé que si on les soumettait à une tension physique ou psychique prolongée, les animaux de laboratoire présentaient tous les symptômes d'une profonde dépression nerveuse. Refusant d'affronter plus longtemps une situation intolérable, leur cerveau se mettait en grève, pour ainsi dire, et s'arrêtait complètement de fonctionner (le chien perdait conscience) ou recourait à la marche au ralenti et au sabotage (le chien se comportait de façon incohérente ou présentait des symptômes de ce que nous eussions appelé hystérie chez des humains). [...]
même le plus stoïque ne pouvait tenir indéfiniment; s'il était soumis à une tension assez intense ou prolongée, il finissait par s'écrouler [...]
Les découvertes de Pavlov ont été confirmées de la façon la plus angoissante lors des deux guerres mondiales. À la suite d'une seule expérience catastrophique, ou d'une série de chocs moins effrayants mais maintes fois répétés, on voit apparaître un certain nombre de symptômes psychophysiques chez les soldats. Perte de conscience temporaire, agitation extrême, léthargie, cécité ou paralysie fonctionnelle, réactions totalement aberrantes aux stimuli des événements, renversements étranges des comportements de toute une vie (toutes les caractéristiques que Pavlov avait observées chez ses chiens reparurent parmi les victimes de ces traumatismes). [...] ironie assez amère, les seuls qui puissent soutenir indéfiniment la tension imposée par la guerre moderne sont les malades mentaux.
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Une propagande efficace et rationnelle n'est possible que s'il existe, de part et d'autre, une compréhension bien claire de la nature des symboles et de leurs rapports avec les objets et les événements qu'ils représentent. L'efficacité de la propagande irrationnelle dépend de leur méconnaissance généralisée. Les simples ont tendance à prendre le symbole pour l'équivalent exact de ce qu'il exprime, à attribuer aux objets et aux événements certaines des caractéristiques définies en des termes que le publiciste a choisis lui-même, pour servir ses desseins.
Prenons un exemple simple. La plupart des produits de beauté sont à base de lanoline, mélange de graisse tirée de la laine du mouton et d'eau, le tout fouetté en émulsion. Cette substance a beaucoup de propriétés salutaires : elle est légèrement antiseptique, pénètre dans la peau, ne rancit pas, etc... mais les publicistes se gardent bien de parler de ces vertus. Ils donnent un nom voluptueux et pittoresque à l'émulsion, parlent avec extase et inexactitude de la beauté féminine et présentent des blondes capiteuses en train de nourrir leurs tissus avec des crèmes de soin. L'un d'eux a écrit : « Les fabricants de produits de beauté ne vendent pas de la lanoline, ils vendent de l'espoir. » C'est pour lui, pour la promesse implicite et frauduleuse d'une transfiguration, que les femmes paieront 10 ou 20 fois la valeur de l'émulsion que les propagandistes ont si habilement associée, au moyen de symboles trompeurs, à un désir féminin profond et quasi universel : paraître plus attirante aux yeux du sexe opposé. Les principes à la base de ce genre de propagande sont extrêmement simples. Trouver quelque désir commun, quelque crainte ou anxiété inconsciente largement répandue (découvrir un moyen de relier ce désir ou cette crainte au produit à vendre), construire un pont de symboles verbaux ou picturaux sur lequel le consommateur pourra passer de la réalité au rêve compensateur et de celui-ci à l'illusion que le produit, une fois acheté, permettra au rêve de se réaliser. « Nous n'achetons plus des oranges, mais de la vitalité. Nous n'achetons plus une voiture, mais du prestige. » Il en est de même pour tout le reste. Avec un dentifrice, nous achetons non plus un simple détersif antiseptique, mais la libération d'une angoisse : celle d'être sexuellement repoussant. [...]
Avec nos laxatifs, nous achetons la santé d'un dieu de l'Olympe, l'éclat radieux d'une nymphe de Diane. Avec l'ouvrage à succès du mois, nous acquérons de la culture, l'envie de nos voisins moins intellectuels et le respect des raffinés. Dans tous les cas, l'analyste en « motivation » a trouvé une crainte ou un désir profond dont l'énergie peut être utilisée pour amener le consommateur à dépenser de l'argent et par là, indirectement, à faire tourner les rouages de l'industrie. Mise en réserve dans les esprits et les corps d'individus innombrables, cette force latente est libérée, puis transmise par une ligne de symboles soigneusement disposée de manière à éviter le rationnel et à obscurcir le vrai problème.
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Au point de vue génétique, chaque être humain est unique et différent de tous les autres par bien des aspects. L'éventail des variations individuelles en marge des normes statistiques est étonnamment ouvert et n'oublions pas que ces fameuses normes ne peuvent servir qu'aux calculs des actuaires, jamais dans la vie réelle où l'homme moyen n'existe pas. Il n'y a que des individus distincts, chacun avec ses caractères particuliers innés, physiques et mentaux, qui essaient tous (ou qui sont tous contraints) de comprimer leur diversité biologique dans le moule d'une culture uniforme.
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En un mot, l'information des masses n'est ni bonne, ni mauvaise ; c'est simplement une force et comme n'importe quelle autre, elle peut être bien ou mal employée. Dans le premier cas, la presse, la radio, le cinéma sont indispensables à la survie de la démocratie ; dans le second, elles sont parmi les armes les plus puissantes de l'arsenal des dictateurs.
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Il y a cinquante ans, dans mon enfance, il semblait absolument évident que le mauvais vieux temps était passé, que la torture, les massacres, l'esclavage et la persécution des hérétiques avaient disparu à jamais. Pour des gens qui portaient haut-de-forme, se déplaçaient en train et prenaient un bain quotidien, de pareilles horreurs étaient simplement inconcevables. Nous vivions au vingtième siècle, que diable ! Quelques années plus tard, ces mêmes hommes qui se baignaient chaque jour et allaient à l'église en huit-reflets commettaient des atrocités d'une ampleur dont les Asiatiques et les Africains enténébrés n'eussent jamais rêvé. À la lumière de l'histoire récente, il serait stupide de croire que ce genre de choses ne peut pas se reproduire. Il le peut et sans doute il le fera.
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Au point de vue biologique, l'homme est un animal modérément grégaire, non pas tout à fait social ; il ressemble plus au loup, par exemple, ou à l'éléphant, qu'à l'abeille ou à la fourmi. Dans leur forme originelle, ses sociétés n'ont rien de commun avec la ruche ou la fourmilière : ce sont de simples bandes. La civilisation est, entre autres choses, le processus par lequel les bandes primitives sont transformées en un équivalent, grossier et mécanique, des communautés organiques d'insectes sociaux. À l'heure présente, les pressions du surpeuplement et de l'évolution technique accélèrent ce mouvement. La termitière en est arrivée à représenter un idéal réalisable et même, aux yeux de certains, souhaitable. Inutile de dire qu'il ne deviendra jamais réalité. Un gouffre immense sépare l'insecte social du mammifère avec son gros cerveau, son instinct grégaire très mitigé et ce gouffre demeurerait, même si l'éléphant s'efforçait d'imiter la fourmi. Malgré tous leurs efforts, les hommes ne peuvent que créer une organisation et non pas un organisme social. En s'acharnant à réaliser ce dernier, ils parviendront tout juste à un despotisme totalitaire.
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Au cours de l'évolution, la nature s'est donné un mal extrême pour que chaque individu soit différent de tous les autres. Nous nous reproduisons en mettant les gènes du père en contact avec ceux de la mère et ces facteurs héréditaires peuvent donner des combinaisons en nombre pratiquement illimité. Physiquement et mentalement, chacun d'entre nous est un être unique. Toute civilisation qui, soit dans l'intérêt de l'efficacité, soit au nom de quelque dogme politique ou religieux, essaie de standardiser l'individu humain, commet un crime contre la nature biologique de l'homme.
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