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Symmetry tome 1 sur 1
EAN : 9781632156990
128 pages
Image Comics (31/05/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
Utopia is here. Hunger, sickness, work... all relics of a long forgotten past. All individuality, creativity, and negative emotions have been genetically bred out and medically suppressed. The population is limited to segregated areas, but when a natural disaster disrupts the status quo and Michael and Maricela from two different worlds meet and fall in love, their relationship sparks a revolution. Will their love cause the salvation or destruction of mankind?
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Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2015/2016, écrits par Matt Hawkins, dessinés, encrés et mis en couleurs par Raffaele Ienco.

Contre toute attente, l'humanité a réussi à instaurer une utopie sur Terre, avant de devenir une espèce disparue. Une intelligence artificielle appelée SOL (System Optimizer for Longevity) gère tous les aspects logistiques ; l'être humain n'a plus besoin de travailler. Chaque individu dispose d'un implant appelé RAINA (Responsive Artificial Intelligence Network Archetypes) qui l'aide dans chaque moment de sa vie. Les robots à forme humanoïde accomplissent les différentes tâches matérielles telles que l'agriculture ou l'industrie. La société repose sur la mise en oeuvre de 4 piliers : communauté, paix, harmonie, égalité. L'ambition, la diversité, la créativité, et le capitalisme ont été éradiqués.

SOL incite les concitoyens à passer 16 semaines par an, dans d'autres lieux que celui de leur résidence habituelle. C'est ainsi que Michael, accompagné de son frère Matthew, part pour quelques jours dans une résidence en montagne (appelée Wolf Creek), avec son pote Thomas, et des dizaines d'autres citoyens. Sur place ils découvrent la pureté de l'air, et Michael apprécie de pouvoir regarder les étoiles avec un télescope. Malheureusement il se produit une éruption solaire qui provoque la chute d'un satellite sur la résidence, rendant ainsi inopérant l'implant RAINA de chaque citoyen. Ils se retrouvent livrés à eux-mêmes pour la première fois de leur vie.

Dans les années 2010, le gérant de Top Cow (la branche de l'éditeur Image, consacrée aux productions des séries de Marc Silvestri) revient à l'écriture. le lecteur assiste à son développement avec intérêt. Matt Hawkins crée régulièrement de nouvelles séries, et intègre à chaque fois en fin de tome des remarques complémentaires, à commencer par les sources qu'il a utilisées. Par exemple, il expose sa fascination pour les technologies dans la série Think Tank (dessinée par Rahsan Ekedal), son intérêt pour les religions et leurs églises dans The tithe (également dessinée par Rahsan Ekedal), ou encore la progression de son point de vue sur les Organismes Génétiquement Modifiés dans Wildfire (illustré par Linda Sejic). le lecteur se lance donc avec confiance dans cette nouvelle série, reposant sur le concept d'utopie, également alléché par la qualité graphique de la couverture.

Dans l'industrie des comics, il est de coutume de placer en couverture une illustration de qualité pour attirer le chaland, pas forcément réalisée par l'artiste qui réalise les pages intérieures. Pour Symmetry, non seulement Raffaele Ienco a dessiné chaque épisode, mais en plus la couverture reflète le degré de qualité de l'intérieur. Ce dessinateur travaille à l'infographie (peut-être à partir d'esquisse papier, mais ce détail n'est pas perceptible). Il réalise des dessins descriptifs, avec une bonne densité d'informations visuelles. Son objectif est de donner à voir la réalité imaginée par le scénariste, par le biais d'éléments concrets et consistants. Il avait déjà réalisé une histoire dont il avait écrit le scénario : Epic Kill.

Effectivement, les yeux du lecteur voient un monde crédible, avec des détails attestant des 4 piliers (communauté, paix, harmonie, égalité) de cette société. Les individus présentent tous une morphologie normale, sans musculature surdéveloppée, sans obésité non plus. Chaque individu est en bonne forme physique. Au fil des épisodes, le lecteur apprécie de voir que ce dessinateur sait représenter des individus de tout âge, en particulier des enfants ayant une apparence d'enfants, ou des personnes de plus de 50 ans portant sur elles les marques du temps. En cohérence avec le postulat de départ du scénario, les tenues vestimentaires sont réduites à quelques modèles en noir ou blanc, se conformant ainsi au pilier exigeant l'égalité de chaque individu (et donc la proscription de la diversité).

Dans ce genre de récit de science-fiction le lecteur croise les doigts en espérant qu'il en aura pour son argent, et qu'en particulier les auteurs auront investi le temps nécessaire à imaginer un futur cohérent dans son ensemble, et en phase avec le thème qu'ils développent. La page d'ouverture n'est pas spécialement impressionnante sur ce plan-là, avec des constructions traditionnelles, un transport en commun flottant dans l'air, et des robots humanoïdes à la tête dépourvue de traits de visage (le scénariste explique dans les pages bonus ce qui l'a conduit à ce choix particulier). La deuxième séquence est plus parlante, avec une vue extérieure d'un immeuble, des aperçus d'un logement, d'une école, d'un réfectoire. Les dessins montrent des environnements très propres sur eux, fonctionnels, tout en restant chauds et accueillants. Ce monde est bien cohérent avec l'idée d'une utopie bénéfique à l'ensemble de la population, et rationalisée par la logistique des robots et d'une intelligence artificielle.

Le récit se déroulant dans un futur plus ou moins proche (quelques décennies tout au plus), Raffaele Ienco doit également concevoir l'apparence d'une technologie futuriste. C'est le cas des transports en communs, des tenues vestimentaires (à nouveau sobres et fonctionnelles), d'un satellite, d'une autre forme de robot et de SOL. Il donne des apparences simples à tous ces éléments, mais pas simplistes pour autant, ni passe-partout. Les pages de supplément en fin de volume indiquent que Matt Hawkins a participé pour partie à cette conception graphique. En effet, comme pour ses autres séries, il s'agit d'un auteur qui n'a pas peur de faire des recherches avant d'écrire, de se documenter. Il commence par expliquer que pour bâtir les règles de son utopie, il a été consulter des sites spécialisés afin de proposer un concept bien construit. Il a commencé par choisir les règles de son utopie (les 4 piliers), puis il en a déduit quelles devaient être les valeurs à sacrifier (à savoir l'ambition, la diversité, la créativité, le capitalisme).

L'originalité de ce récit réside dans le fait que l'auteur présente cette utopie appelée Symétrie, comme une utopie qui fonctionne : tous les citoyens sont satisfaits et vivent dans de bonnes conditions. Bien sûr la privation de la connexion à leur implant RAINA conduit les individus concernés (à commencer par Maricela et Michael) à acquérir un point de vue extérieur à ce système et à le remettre en cause. Ils deviennent des rebelles inadaptés, devant fuir l'autorité et essayer de la combattre. Avec cette dynamique, le lecteur pourrait penser que le récit revient dans des rails d'une aventure classique de gentils rebelles luttant contre un méchant oppresseur. En fait, le scénariste se montre beaucoup plus ambitieux et novateur en intégrant et gérant l'obligation pour toute société d'évoluer sous peine de régresser, ajoutant ainsi un niveau de réflexion supplémentaire.

Dans les notes en fin de volume, Matt Hawkins liste la majeure partie des sites qu'il a consultés pour nourrir sa réflexion et la construction de cette utopie, en particulier le site de Chaz Bufe & Libby Hubbard. Il apporte des explications sur les choix qui peuvent apparaître comme politiquement incorrects, à commencer par la ségrégation des races (sous une forme assez originale). Il indique que l'idée de la série lui est venue en partie en réaction au futur dystopique qu'il avait conçu dans Aphrodite IX: Rebirth avec Stjepan Sejic. Il remercie également Brian Hill, coscénariste de Postal, car c'est grâce à son aide qu'il a pu apprendre à développer des personnages plus étoffés. Pour faire passer la charge émotionnelle du récit, le scénariste joue avec la chronologie des événements afin de ménager un suspense, et il insère un commentaire écrit par Michael qui s'adresse à son futur enfant. Ce commentaire écrit à la première personne charrie l'affect de Michael, générant ainsi de l'empathie chez le lecteur.

Ce premier tome constitue une excellente surprise à la hauteur des promesses de sa couverture. La série bénéficie d'un dessinateur de bon niveau, maîtrisant l'outil infographique et s'en servant pour apporter une touche futuriste, dessinant des personnages différenciés et vivants dans des environnements consistants et pensés à l'aune d'une série d'anticipation. Matt Hawkins est parti d'un concept de base classique : une utopie. Il ménage des scènes d'action, il sait créer une charge émotionnelle impliquant le lecteur. Au-delà de ces outils narratifs de base, il a imaginé une utopie bien pensée, qui repose sur des préceptes qui font sens, sans oublier le prix à payer pour pouvoir établir et faire perdurer une telle utopie. Sa réflexion ne s'arrête pas à ce niveau, puisqu'il fait en sorte que ses personnages découvrent l'envers du décor, sans pour autant tomber dans l'opposition basique contre un dirigeant aux tendances totalitaires. Arrivé à la fin de ce premier tome, il tarde au lecteur de découvrir quelle direction prendra l'intrigue, ce qu'il adviendra de cette utopie, si elle saura s'adapter à la présence de citoyens sortis du système.
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