AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,82

sur 72 notes
5
3 avis
4
9 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
Ca se passe dans la Russie profonde. Des scènes de la vie de tous les jours. Tragicomiques, grotesques, absurdes. Pas de sentimentalisme ni de jugement moral. C'est court et ça va droit au but. J'en ris, mais c'est souvent le rire du désespoir. Coup de coeur, malgré la qualité inégale des nouvelles. Par exemple La Tsigane, quel navet.

Extraits de la nouvelle La Ruelle Verte
Au cours des quinze années précédentes, les habitants du village de Riabovo s'étaient régulièrement cassé bras, jambes, cou et mâchoire. Cela se produisait la plupart du temps dans la Ruelle Verte et généralement la nuit. Sur l'un des côtés de la Ruelle Verte s'élevait la gigantesque clôture en plaques de béton de la scierie, de l'autre côté se trouvait un profond fossé qui gagnait du terrain d'année en année. Dans la journée, à condition de s'accrocher à la clôture, on pouvait encore traverser sans encombre la Ruelle Verte, mais la nuit on courait le risque de tomber dans le fossé. Personne n'y échappait : qu'on soit à jeun ou ivre, jeune ou vieux, du cru ou de passage. Seul Patapov le facteur n'y était jamais tombé, mais cela tenait à sa longue expérience professionnelle.

Durant quinze ans, les habitants de Riabovo avaient assailli l'administration du village – d'abord le premier secrétaire du Parti, puis le maire fraîchement élu - de leurs lettres furieuses et courroucées, les prient de faire abattre la clôture ou tout au moins d'installer un réverbère.
Ce qui fut fait […]

La lumière bleutée a fait naître une sorte de fierté tout en suscitant bien des rêves. « Qui sait, pensaient les habitants de Riabovo, dans vingt ou trente ans, notre village sera peut-être une ville, et il n'y aura pas seulement un réverbère dans la Ruelle Verte, mais des centaines dans toutes les rues anciennes et nouvelles de Riabovo… Mais Riabovo ne serait pas un nom très adapté à une pareille ville. Une ville ne peut pas s'appeler ainsi. Peut-être la nommerait-on alors Riabovsk… »

Mais en ce monde, rien n'est éternel. L'automne dernier, à la suite d'une violente averse, le bas-côté de la Ruelle Verte s'est effondré, entraînant dans la chute les bancs et les plaques de béton qui clôturaient la scierie.
Aujourd'hui, les habitants de Riabovo doivent faire un long détour par la Ruelle des Jardins. »p106
Commenter  J’apprécie          141
Ikonnikov nous livre ici un recueil de nouvelles. Souvent courtes, elles sont parfois marrantes, parfois caustiques ou tristes ; elles évoquent le quotidien des russes à travers des thèmes tels la vodka (assez récurrent !), les voisins. J'ai eu du mal à comprendre quelques nouvelles (que je trouvais trop courtes) mais j'ai bien apprécié d'autres qui nous dévoilent des pans de la vie étonnante et détonante des Russes.
Commenter  J’apprécie          50
« En fait, la prétendue âme russe se réduit à quatre composantes : la croix russe, la langue, la vodka et le bonheur dans la souffrance. »

Ce recueil de nouvelles se décline en thématiques – Russie, grande Russie; Voisins, voisins; Temps modernes, Village éternel; Histoires de vie; Dieu avec toi -, kaléidoscope de la Russie des années 90. Et c'est drôle.

Des récits très courts pour ce périple russe qui se mêle de tous les milieux et de tous les paysages; des scènes à la façon de chroniques, pas moins d'une quarantaine, du militaire à l'enfance, du rural à l'urbain, racontent cette Russie post-communiste. de la satire à la fable bien plus que du cynisme, le quotidien tragi-comique d'une société en pleine mutation entre produits de consommation occidentaux et kolkhozes.

Alexandre Ikonnikov nous invite en son pays, à rencontrer ses compatriotes en suivant son regard pénétrant, sans désenchantement, ni cri, ni ricanement. Sous le burlesque et l'absurde épique, la tendresse et le sourire. Et la vivacité de la plume sur ces portraits de l'après-soviet; le vif et le vivant.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
Commenter  J’apprécie          70
Ces nouvelles d'un jeune écrivain russe né en 1974 et qui n'a guère connu l'Union Soviétique d'avant 1989, laissent la curieuse impression qu'en Russie les gens sont tous plus ou moins alcooliques, voleurs et fraudeurs, fainéants ou tire au flanc. A travers de courts tableaux dont beaucoup n'excèdent pas trois pages, regroupés par thèmes (Russie, grande Russie, Voisins, voisins, Village éternel, etc.), sont évoqués avec une dérision désabusée le non sens et l'absurdité du fonctionnement d'un pays encore marqué par les pesanteurs du système soviétique, mais ou le « libéralisme » n'a fait naître que des profiteurs. Mais la tendresse pour ses concitoyens perce aussi sous la satire…
A lire pour mieux imaginer les transitions difficiles d'un système politique imparfait à un autre qui ne l'est pas moins, et pour l'ironie de la narration.
Commenter  J’apprécie          70
Ce livre est une suite de nouvelles courtes au sujet de la vie quotidienne en Russie. Loin de prendre un ton misérabiliste, l'auteur mélange le tragique, le comique et le fatalisme et évoque les péripéties quotidiennes dans un style tonique.
Commenter  J’apprécie          30
Les dernières nouvelles du bourbier, ce sont des nouvelles de la Russie d'aujourd'hui, la Russie profonde. Parues en 2002 sous le titre Taiga blues, ces nouvelles ont été écrites en russe et pour une dizaine d'entre elles en allemand.
A travers des anecdotes savoureuses: un paysan qui achète une machine à laver sans penser à l'évacuation d'eau, l'histoire d'un appelé oublié dans la steppe par son unité militaire.. c'est un regard critique et caustique qui est posé sur les travers de la société russe.
On rit beaucoup mais on plaint beaucoup ces citoyens russes qui se débattent dans des difficultés sans nom.
Commenter  J’apprécie          20
En une quarantaine de nouvelles nous embrassons l'âme russe dans tout ce qu'elle a de fatalisme, d'absurde, de tragique et de drôle à la fois.
Les personnages de l'auteur ont bien retenu la devise de feu leur grand pays, "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !". Certes "Vodka, corruption et système D" pourrait en être le corollaire indispensable pour s'assurer une vie supportable, et générer des grands éclats de rire là où n'importe qui se tirerait une balle dans la tête !

Quarante-trois clichés, parfois très courts et répartis en six grands chapitres, pour brosser des portraits réalistes du peuple de la Russie profonde, pas les nouveaux riches moscovites, mais celui des travailleurs ou des petits chefs qui tentent de s'adapter, tant bien que mal, à l'évolution de leur pays. Les stygmates de l'étatisme et du communisme aidant, c'est pas une mince affaire !

Taïga Blues, titre original déjà évocateur, n'a pas perdu au change dans l'édition française. Cela aurait pu être un récit noir et désespéré. Au contraire, c'est avec humour et tendresse que l'auteur nous présente son pays et ses compatriotes.
Une évidence s'impose, seule une pénurie de vodka empêchera le monde russe de tourner...


Lien : http://moustafette.canalblog..
Commenter  J’apprécie          50
C'est la folie, la cruauté, la violence d'une Russie décrite sans complaisance mais avec aussi une grande tendresse.
Commenter  J’apprécie          00



Autres livres de Aleksandr Ikonnikov (2) Voir plus

Lecteurs (172) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
439 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}