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Oublions la Russie de Pouchkine ou Tourgueniev pour découvrir les aventures entre absurde et glauque, jaillies de l'imagination débridée de Aleksandr Ikonnikov. On est dans la Russie des "sans-dents" arrosée, corrompue et bien barrée mais surtout bourrée d'humour d'une Russie contemporaine que Poutine voudrait bien ne pas voir exister. Derrière ces nouvelles imbibées, c'est aussi une Russie éternelle dont personne de parle mais que mon professeur de russe m'avait livré qq bribes. le livre me fait penser au film "La Noce" tout aussi en excès, de Pavel Lounguine
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« Plus il y a de souffrances, plus il y a d'humour » (entretien avec Alexandre Ikonnikov)


C'est un livre avec des histoires, plein de petites histoires qui finissent par donner une vue d'ensemble, sensible et drôle.
Édité en Allemagne sous le titre de « Taïga Blues » évoquant mélancolie et absurde.
En France, sous le titre « Dernières nouvelles du Bourbier » avec, donc, une couleur plus satirique.
Mais il ne faut pas toujours regarder ce que le doigt vous montre !
De l'ironie il y en a :
Sous la rubrique "Temps Modernes", des textes sarcastiques montrent les Russes face à la société de consommation et au post soviétisme. le médecin urgentiste abandonne l'hôpital pour devenir gardien de supermarché. Faute d'évacuation, le superbe lave-linge qu'achète le kolkhozien Valentin ne peut être mis en service et sa femme continue de faire la lessive à la rivière.
A ce thème moderniste s'oppose celui du "Village éternel" des paysans roublards. Ici, du moujik au directeur du kolkhoze, tous pensent prioritairement à la vodka. « La fête de la Moisson se prolongea ainsi jusqu'aux premières gelées…»
Un aperçu de la Russie profonde, dérisoire, drôle et touchante où « l'âme russe » est ivre mais souvent bienveillante.
Le régime soviétique n'est pas plus critiqué que la Russie libérale. Les hommes ne semblent pas plus heureux dans l'une ou l'autre société.
Lorsque le propos devient moins politique et plus humain, la tristesse prend le relais du rire.
Mais, malgré la difficulté à vivre, malgré le manque même de sens, le rire cède peu de terrain.
Les derniers textes invitent à relire les premiers et l'ensemble sous l'angle du rire, du tragique et de l'absurde, de la tendresse et la brutalité, la dureté et l'émotion.
Rire et larmes de Gogol et drôlerie incisive de Tchekhov : au XXI° siècle bien sûr.

Pour ceux qui s'intéressent à la littérature russe contemporaine : quelques remarques.
Ces textes ont été écrits dans les années 2002/2004.
Malgré mes recherches ( y compris sur 'Yandex ', le Google russe) : aucune nouvelle de cet écrivain
depuis 2008.
Il était alors employé d'une société de création et promotion de sites Internet : viatka.net.et déclarait :
« Ce que dit Putik( ?), tout le monde est immédiatement d'accord, et personne ne fait rien. Une sorte de retour à l'URSS : armes à feu et missiles, anciennes méthodes de consolidation du pouvoir par la création d'influences extérieures et ennemis internes... Drôle et amusant ! « . « Goethe l'a bien dit : il n'est pas nécessaire de parcourir le monde pour comprendre que le ciel est bleu partout »
A rapprocher d'un autre écrivain russe de la même génération : Vladimir Kaminer, (né en 1967), à la trajectoire différente : réfugié en Allemagne depuis 1990 et qui écrit en allemand : cf. son blog : https://www.wladimirkaminer.de/blog
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Le titre est très prometteur et laisse présager d'un très bon moment de lecture.
Mais pour tout vous dire j'ai été très vite déçu.
Il y a, certes, dans ce livre de nouvelles assez inegales, une intention, une atmosphère, une ambiance, un ton, des personnages haut en couleur, la critique sous-jacente du système, mais dans ce recueil, il manque tout simplement de vraies histoires avec de vraies chutes.
L'auteur a beau proposer un "tableau saisissant de la Russie contemporaine plein d'humour, de tendresse, de Vodka", cela ne suffit pas ! On a le sentiment de lire une succession de démarrages de récits sans réelles fins, un peu comme si Alexandre Ikonnikov se contentait pour chaque nouvelle de dresser le contexte d'une histoire qui finalement ne vient jamais.C'est très frustrant.
Par ailleurs, je n'ai pas été non plus convaincu plus que ça par son style. C'est bien écrit, bien sûr, mais rien ne vous emporte. Qu'il sagesse des histoires ou même de l'écriture, tout ça manque d'ambition et de souffle. Je le regrette d'autant plus que je me faisais une joie de lire ce recueil.
J'ai lu dans une (bonne) critique que c'est "un moment de lecture agréable que nous oublions très vite". Cela résume assez bien mon point de vue.
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En une quarantaine de nouvelles très courtes, l'auteur parvient à nous dresser un portrait drolatique de la vie en Russie. Et bien qu'un de ses personnages décrète qu'il n'y a pas d' " âme russe" ces nouvelles sont pourtant empreintes d'une auto -derision, d'un esprit de débrouillardise parfois à la limite de la morale,d'une inventivité réjouissante pour faire fi des interdits officiels et d'un fatalisme qui correspondent pourtant à ce type de " caractère" qu'on prête aux Russes. La société russe et le système politique sont de ci de là pointés du doigt, c'est une redoutable mais joyeuse pagaille qui met à l'honneur et les initiatives individuelles pour s'en sortir et les amitiés bien arrosées ( et plutôt masculines).
des la première nouvelle,qui s'appelle " la jambe" et tient sur moins de deux pages,on peut,je pense, savoir si on aimera l'humour acerbe qui donne le ton de ce recueil. Bien qu'à mon sens les nouvelles soient de qualité assez inégale , j'ai beaucoup apprécié l'ensemble et je loue la plume de cet écrivain, l'écriture de nouvelles aussi courtes demande de savoir où frapper vite et fort.
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Chroniques de la Russie ordinaire de l'ère Eltsine, lorsque le pays est livré au chaos, entre rigidités résiduelles de l'URSS juste défunte et prédation généralisée du néolibéralisme déferlant sur cette proie livrée sans défense. Comment survivre à ce mélange de règles contradictoires et à géométrie variable, de paupérisation galopante, de prédation par les privilégiés, de délitement de la société, lorsque l'on est un modeste citoyen? L'endurance, le sens de la débrouille, la vodka, et surtout un solide sens de l'humour! (sans verser dans le cliché essentialiste russe si répandu en occident).
Alexandre Ikonnikov réussit à faire fleurir quelques magnifiques fleurs d'humour grinçant sur ce terreau de fange. Un régal.
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J'ai adoré. Je le prêteà Victor le 15 octobre 2017.
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Un jeune appelé qu'on oublie pendant des manoeuvres, un inspecteur qui va enquêter sur le vol de tôle par un pope et revient avec des liasses de billets, un étudiant quitté par sa fiancée car il n'a pas de logement où ils puissent se rencontrer, un paysan qui achète une machine à laver sans penser au voltage et à l'évacuation d'eau, etc…

Ces nombreuses petites nouvelles nous donnent des instantanés de la vie en Russie actuellement, plutôt à la campagne, plutôt chez des gens modestes qui ont peu bénéficié de la modernisation de la société et qui en sont même souvent les victimes. Mais tous gardent une joie de vivre (la vodka aidant beaucoup beaucoup…) qui donne à ce recueil vraiment passionnant une tonalité mi-drôle, mi-tragique très attachante.
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Vous rêviez de vous promener le long des canaux de Saint-Pétersbourg, de vous perdre dans les rues tentaculaires de Moscou, de découvrir enfin cette Russie éternelle qui vous charme tant avec ces églises aux pommettes saillantes et ces filles aux dômes dorés… Mais vous vous êtes trompé de correspondance, vous avez suivi Ikonnikov, et vous voilà au coeur de la Russie profonde, ou plutôt au coeur de la Russie tout court, une espèce de Groland à la sauce slave. Ces nouvelles livrent un constat nihiliste d'une cruelle drôlerie. Les histoires sont à la fois sinistres et cocasses. Il est par exemple question d'un pope poursuivi pour le vol du toit en tôle d'un silo destiné à la réfection de son église. L'affaire se règle à l'amiable autour d'un déjeuner, en plein Carême, le directeur du sovkhoze se voit offrir des cérémonies, le milicien repart avec une liasse de roubles. Au fond de leurs trous à rats, de leurs villages perdus, de leurs appartements exigus, les Russes volent, flemmassent, se saoulent et montent toutes sortes de combines. C'est un bordel général auquel tous participent : hommes politiques, miliciens, soldats, paysans, ingénieurs, retraités, prostituées, etc. J'ai retrouvé dans ces textes la « folie ordinaire » évoquée par Bukowski. La limite qui sépare l'absurde de la démence est aussi fine que la cloison d'un kommunalka. le recueil n'est que le miroir ricanant, à peine déformant, d'un pays engoncé dans un bourbier géographique mais surtout moral. Alexandre Evguenievitch Ikonnikov nous livre l'âme russe, nue sur un plateau : « En fait, la prétendue âme russe se réduit à quatre composantes: la croix russe, la langue, la vodka et le bonheur dans la souffrance. » Ce recueil drolatique se lit rapidement. C'est un moment de lecture agréable que vous oublierez très vite.
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Super drôle ! La Russie contemporaine avec ses embrouilles,ses pôts de vin,sa criminalité,sa corruption mélangés à beaucoup beaucoup de VODKA!
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Il y a quelques années, j'ai eu ma période "littérature russe".
Cela a commencé par Guerre et Paix (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ! :) puis par la découverte de Dostoïevski et son Idiot ou les frères Karamazov.
De belle lecture, assurément mais j'avais aussi envie d'avoir une vision de la Russie plus contemporaine.

Après quelques recherches, me voilà en train de lire Dernières nouvelles du bourbier d'Alexandre Ikonnikov. Un livre qui regroupe plusieurs petites nouvelles.
J'en gardai un bon souvenir, me rappelant qu'il m'avait touché en me décrivant une société conservationniste, presque archaïque, prétextant tout et n'importe quoi pour se bourrer mais peut-être, avant tout, pour oublier dans quel bourbier ils ont les pieds.
Une société regroupant des êtres attachants, drôles, absurdes, créant des situations grotesques.

Dernières nouvelles du bourbier, c'est aussi des moments doux, émouvants presque poétiques avec peu de chose, ce qui rend le travail d'écriture de l'auteur encore plus savoureux.

Pour écrire cette critique, je me suis replongée dans sa lecture.
Le goût ne fût malheureusement pas le même car je fus moins sensible à cette absurdité ambiante au point parfois de me sentir un peu à côté, ratant le "sens" des chutes.

Néanmoins malgré cette re-lecture un peu moins enthousiasme que la première, je reste convaincue par ses qualités et lui laisse donc les 4 étoiles que j'avais mis de ma première lecture.
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